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Blacklist : comment la série s’est adaptée à la crise du coronavirus ?

Blacklist a eu recours à l’animation pour conclure sa saison avec un épisode dont certaines scènes n’avaient pas pu être tournées en raison de la crise sanitaire.

D’une manière ou d’une autre, la crise du COVID-19 a impacté la majorité des séries que nous avons l’habitude de suivre. Les équipes de production et les chaînes ont tenté de pallier aux difficultés au cas par cas : The walking dead : world beyond ou Fargo, ont repoussé leur lancement : France 3 a opté pour des rediffusions de Plus belle la vie ; Un si grand soleil a interrompu sa diffusion ; Billions a scindé sa saison en deux parties ; All Rise a proposé un épisode spécial incluant le confinement dans le scénario et dans lequel chaque acteur a enregistré ses scènes à son domicile ; Grey’s Anatomy, The Good Fight, Riverdale ont choisi de conclure prématurément avec le dernier épisode achevé… 

Blacklist,  la série avec James Spader et Megan Boone (aux États-Unis sur NBC et en France sur TF1) a choisi une option différente : le recours à l’animation pour créer les scènes qui n’avaient pas pu être filmées à temps, avant le confinement. La septième saison s’achève avec le dix-neuvième épisode (au lieu des 22 prévus) ; intitulé The Kazanjian Brothers, il était en cours de tournage lorsque la production a été interrompue. Et il a été décidé de le compléter avec un mélange de scènes réelles et d’animation de style bande dessinée.

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Ce n’était pas la première idée de Jon Bokenkamp et John Eisendrath, les showrunners de la série. Ils ont d’abord envisagé des options plus basiques, comme notamment l’enregistrement des voix des personnages en off avec à l’écran l’image d’une vieille radio. Mais finalement, inspirés par les bandes dessinées Blacklist publiées à la fin de la première saison, ils ont décidé de se tourner vers l’animation.

The Blacklist en roman graphique – 2015

Les trois premières minutes de ce fameux épisode ne se distinguent en rien de celles ouvrant en général The Blacklist. Et soudain, les acteurs de la série apparaissent successivement sur notre écran, face caméra depuis chez eux. Ils s’adressent directement au spectateur pour expliquer comment la crise sanitaire a impacté le tournage et la production, avant que l’on bascule dans un épisode hybride, entre prises de vue réelles et images animées. « Une solution insolite pour un moment difficile », comme le raconte un des acteurs.

Il a fallu cinq semaines de travail ininterrompu et de communication par appels vidéo pour produire les vingt minutes concernées.  Le script a d’abord été remanié afin de tenir lieu de fin de saison. Ensuite, le projet a fait une multitude d’allers-retours entre les différentes équipes : le studio Animation at Proof Inc. à Londres, Bokenkamp dans le Nebraska, Eisendrath à Los Angeles,  l’équipe chargée de mélanger images déjà tournées et animation aussi à Los Angeles, les acteurs confinés à leur domicile pour l’enregistrement des dialogues, Atlanta pour le mixage sonore. 

Un défi logistique qui a en outre permis de montrer des scènes avec des plans et des lieux qui, pour des raisons techniques ou budgétaires, n’auraient pas été possibles en temps normal. L’une de ces séquences, avec la présence à l’écran d’un hélicoptère, avait été rejetée en raison de la difficulté de la mise en œuvre : elle a pu être créée de manière plus ambitieuse qu’elle n’avait été imaginée à l’origine. Une autre, dans laquelle Red et Elizabeth discutent dans une pièce en intérieur, a été transposée en extérieur sur une esplanade à Washington, avec le Capitole en arrière-plan.

Même technique, autre ambiance avec One day at a time version animée

The Blacklist n’est d’ailleurs pas la seule série à avoir choisi cette option. One day at a time a également interrompu sa production avant la fin du tournage de la quatrième saison, de sorte que le 16 juin prochain, Pop TV diffusera un final sous forme d’épisode animé. Intitulé The Politics Episode, il racontera la visite de la cousine de Penelope, Estrellita (Melissa Fumero), de sa tante Mirtha (Gloria Estefan) et de son oncle Juanito  (Lin-Manuel Miranda) ; tous seront donc présents sous la forme de personnages de dessins animés.

The Blacklist achève sa septième saison plus tôt que prévu, en raison de la crise du Covid-19. En optant pour l’animation, la série parvient à contourner les difficultés inhérentes à l’arrêt des tournages.   Indépendamment du contenu de l’épisode et d’un récit au dénouement un peu précipité ou même de la qualité de l’animation (assez irrégulière), The Blacklist a su faire preuve d’esprit d’adaptation et d’ingéniosité, montrant  que les contraintes imposées par une situation extérieure pouvaient aussi offrir des opportunités créatives. Un peu d’imagination et de talent, et le résultat en vaut la peine.

The Blacklist (NBC)
Saison 7 – épisode 19 
Prochainement sur TF1. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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