Noël approche ! La rentrée littéraire a suivi son cours et certains prix ont d’ores et déjà été décernés ( avec plus ou moins de raison…), je me permets donc de vous faire quelques petites suggestions. Parfois l’inspiration pour garnir les sapins peut être mise à mal, et alors le Père Noël ou autres croyances populaires, ne sont franchement pas d’une grande aide !
Laissons mon cynisme de côté et pour la tradition, voici mes 3 coups de cœur de l’année :
Pour ceux qui sont plutôt musiciens, et qui apprécieraient de se perdre le temps d’une lecture, dans les steppes de Sibérie : les Editions Albin Michel vous ont gâté cette année, avec Concerto pour la main morte d’Olivier Bleys. Cet opus est riche en poésie, courage, musique, ésotérisme et parvient à former, malgré toute cette diversité, une osmose folklorique parfois touchante parfois hilarante ! Colin Cherbaux un pianiste français dont on ne sait jusqu’à la fin si il est génial ou raté, se retrouve un peu par hasard en Sibérie centrale. Une sorte de fuite et de ressourcement, par lequel il cherche à « dompter ses mains » qui font un blocage à une mesure spécifique du « Concerto n°2 » de Rachmaninov. Le personnage se retrouve en contact avec les habitants de Mourava, petit village isolé du monde et du temps.
Olivier Bleys arrive à allier avec grande poésie, aussi bien des paysages quasi mystiques que des métaphores crues de la vie quotidienne.
Le + : Se lit comme un tableau, assez facilement tout en étant extrêmement poétique. Aborde des problématiques de musiciens qui sont compréhensibles pour de non-initiés. L’allure de petit conte initiatique qui fait voyager et rêver de paysages somptueux.
Le – : On reste un peu sur sa faim, l’épilogue est très mystérieux quant au destin de Colin. On aimerait en savoir davantage sur le passé du personnage.
Olivier Bleys est lui-même un globe-trotter et se confie sur ses voyages, ses inspirations,dans son entretien sur le plateau des« As du Placard »: http://www.radiovl.fr/les-as-du-placard-24-un-voyage-une-histoire-une-musique-un-auteur-2/
Ma seconde suggestion s’adresse aux fans inconditionnels de Emma Bovary et du célèbre roman de Gustave Flaubert. Vous vous êtes toujours demandé comment évoluerait l’héroïne à notre époque, n’est-ce pas ? Vous allez être heureux, un professeur du CELSA, également mythologue : Georges Lewi l’a imaginé et écrit pour vous !
Cette réécriture s’intitule Bovary21, publiée aux Editions François Bourin, elle jette un peu de fraîcheur et de gaité sur l’œuvre originale. J’ai beaucoup ri ! Par contre amis puristes attention! Préparez vous à concevoir une Emma: bloggeuse, en concubinage, avec des tendances homosexuelles.
Retrouvez l’entretien avec l’auteur avec les « As du Placard » pour son étude sur les nouveaux Bovary ici à http://www.radiovl.fr/les-as-du-placard-22-quid-de-mme-bovary-aujourdhui/
Le + : On a aimé l’originalité de l’auteur, qui a adapté l’œuvre de Flaubert à notre époque jusqu’à travers certains détails très précis.
Le – : Se lit facilement, peut être un peu trop facilement et même si la démarche est très amusante ne peut rivaliser avec l’écriture de Flaubert !
Le troisième livre que je vous recommande chaleureusement, s’apparente aux Nouvelles Orientales de Marguerite Yourcenar. Ce roman récemment né s’intitule Le Bouddha de Bronze et autres récits de Romel, paru chez Arconce Editions. Pour vous donner des envies de voyage en Asie, voici la quatrième de couverture :
« Une envie frénétique de partir ? De « se faire la belle de l’Occident » ? Ce livre est pour vous. Après, ne vous étonnez pas de vous retrouver à bord d’un vieux rafiot qui vous fait remonter le Mékong à la recherche d’un bouddha de bronze. Ou d’accompagner un académicien français plus heureux dans les bas-fonds de l’Asie que dans son fauteuil quai Conti. Ne soyez pas surpris, dans la région des hautes terres des Jaraïs, des Stiengs et des Braos, d’entendre un Français né dans la jungle et qui ne l’a jamais quittée, déclarer que la nature peut se passer de l’homme mais pas l’inverse. Aventures oniriques ? Balades initiatiques ? Récits historiques ? À chacun ses rêves d’évasion. Avec une écriture fluide, vive comme l’eau d’une rivière des Boloven, Romel nous immerge dans la luxuriance de l’Indochine. Héroïques ou humbles, ses personnages révèlent que l’on trouve toujours plus grand que soi. »
Le + : Le mélange des genres, et l’impression de partir avec les personnages à l’aventure… Et l’habileté de la plume !
Le – : On voudrait encore plus de récits !
Victoire Chevreul.