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Interview – Un des plus jeunes professeurs de France « J’ai fait de mon âge une force »

Actuellement âgé de 24 ans, Sébastien Gourhand est l’un des plus jeunes professeurs de France. Ayant commencé à enseigner à l’âge de 22 ans, il est aujourd’hui professeur au sein de l’Ensemble Scolaire Les Cordeliers à Dinan, et notamment au Pôle Supérieur de l’établissement. À la fois professeur de Commerce, Droit, Économie, Gestion de Projet, Management et Relation Clients, il assure également un poste de professeur principal en BTS NDRC. 

Prof à 24 ans, un défi ? 

Je ne le vois pas comme un défi, plutôt comme une force ! On me demande souvent si j’arrive à me faire respecter, je l’affirme sans aucune prétention. J’ai fais de mon âge une force. J’ai commencé à enseigner à 22 ans, mais j’ai toujours su en faire un avantage : Je suis passé sur les bancs de l’école il y a peu de temps, je sais comment fonctionne les étudiants, je me rappelle de ce que j’aimais, de ce que j’aimais moins dans les techniques de mes enseignants. Alors je fais comme si j’étais à leur place : J’enseigne de la même manière que le cours qui m’a le plus marqué, le plus intéressé. Et je joue la carte de la proximité : Je sais ce que l’on ressent à 20 ans, on a parfois seulement quelques petites années de différence, alors je collabore avec eux davantage dans une logique de co-construction du cours et dans un but commun, leur diplôme, plutôt que témoigner d’une relation d’autorité dans laquelle je ne viendrais que dans le but d’assurer un cours en limitant drastiquement les interactions. Je reste persuadé que c’est dans la collaboration sans égo ni condescendance que nous arriverons à les emmener jusqu’à la leur réussite et à les faire aimer nos matières. Je leur dis souvent que je repasse chaque année leur diplôme, avec la même pression qu’eux, je le vis aussi intensément pour les mener à la réussite. Bien évidemment, chacun reste à sa place, je reste l’enseignant face à des élèves, et quand une sanction ou une remarque s’impose, je le fais sans aucune restriction, mais toujours de façon argumentée, ce qui explique que cela se passe toujours très bien. 

Quel est votre cursus professionnel ?

J’ai tout d’abord obtenu un bac ES mention Très bien en 2014, que j’avais préparé au Lycée l’Institution à Saint-Malo. C’est au sein de ce lycée que j’ai développé mon goût pour les études, je suis extrêmement reconnaissant envers la qualité de l’enseignement que j’y ai reçu. J’ai ensuite pris le chemin de la Faculté de Droit à Rennes, un projet professionnel que j’avais mûrement réfléchi depuis mon arrivée au lycée. Je voulais être avocat. J’ai donc réalisé ma Licence en Droit parcours Économie Gestion, passionné également par l’économie et ne voulant pas délaissé ma passion pour cette discipline, entre la Faculté de Droit et la Faculté d’Économie à Rennes. Puis, j’ai intégré un Master 1 en Droit des Affaires, toujours à la Faculté de Droit à Rennes ,avant d’avoir l’opportunité d’accéder à un Master 2 renommé à Rennes en Droit des Affaires, le Diplôme de Juriste Conseil en Entreprise. Ce Master 2, renommé et exigeant, m’a donné l’opportunité de me perfectionner dans l’ensemble des branches du droit, avec toujours un oeil tourné vers le monde de l’entreprise : Le droit fiscal, le droit du travail, le droit économique, le droit des sociétés, la comptabilité… Cette formation pluridisciplinaire, complètement tournée vers l’entreprise, m’a apporté un réel esprit d’analyse du monde de l’entreprise. Parallèlement, j’ai toujours eu à coeur de travailler à côté de mes études, convaincu que l’on apprend beaucoup sur le terrain : D’abord équipier dans la restauration rapide, puis responsable opérationnel, cette expérience, de mon année de Première à ma Licence 3, m’a apporté beaucoup humainement. Arrivé en Master, j’ai commencé à endosser le rôle d’enseignant : Étudiant la journée, professeur particulier le soir et les week-ends, en droit, en économie, en comptabilité, j’ai découvert une réelle vocation. 

Quelles sont les raisons qui vous ont dirigés vers le métier d’enseignant ?

La passion de transmettre, l’échange, l’impression d’être utile au quotidien. Lorsque j’ai commencé à enseigner, à côté de mes études, j’ai découvert un plaisir, une satisfaction inexplicable à aider, à transmettre aux autres des notions qui me passionnaient déjà. Transmettre ma passion, c’était le plus bel accomplissement que j’ai trouvé. Alors, plutôt que d’embrasser une carrière dans le droit, j’ai choisi de faire ce que j’aimais davantage encore : Transmettre des connaissances, ma passion pour l’économie, le droit ou encore la gestion, à d’autres. Plutôt que de travailler au service de ces disciplines, j’ai préféré les transmettre à d’autres. 

D’après-vous, faut-il une qualité ou un talent particulier pour exercer ce métier ?

La passion et l’altruisme. On ne fait pas ce métier pour soi, on le fait pour les élèves que l’on croise au quotidien. Je ne fais jamais cours pour ma satisfaction personnelle, je suis déjà passionné par ce que j’enseigne. Alors ma satisfaction repose sur ma réussite à faire comprendre, à faire aimer les concepts et notions que j’enseigne. Selon moi, on ne peut pas faire ce métier par défaut, il faut une véritable vocation à l’enseignement. Etre enseignant, ce n’est pas un choix de carrière, c’est un choix de vie disait déjà Francois Mittérand. Mon entourage en témoignerait : Je vis pour mon métier, je le vis 24h/24h et 7j / 7j ! Il ne faut pas compter les heures, je travaille tous les jours, parfois tard, mais les élèves me le rendent bien.Ils n’adhèrent aux valeurs de persévérance et de mérite que lorsqu’on leur montre l’exemple, je n’aurais jamais adhéré au travail si mes enseignants ne m’avaient pas montrer l’exemple. 

Pouvez-vous décrire les principales tâches que vous effectuez au cours d’une semaine type ?

Chaque jour est différent du précédent, aucun cours ne ressemble à un autre. Les journées sont en tout cas bien remplies ! Le matin, au réveil, on regarde l’actualité en déjeunant afin d’être aussi bien, voir mieux, informé que les élèves et agrémenter mon cours de l’actualité. Je suis convaincu de l’intérêt de toujours mettre en parallèle les cours et le quotidien qui entoure les élèves, ils donnent davantage sens à ce que je dis. Le matin, avant de partir, on se concentre déjà sur les cours de la journée, on réfléchit à comment marquer les esprits à chaque cours, comment le rendre à chaque fois marquant pour tous, mais on ne prévoit pas un programme trop rigide pour le cours : Chaque cours est unique, rempli d’interactions et de questions que l’on ne peut pas anticiper, c’est d’ailleurs ce que j’aime dans ce métier. Chaque élève est unique, chaque cours est différent, on ne peut anticiper la compréhension ou l’incompréhension des élèves, et le cours se fait en fonction des échanges, des interactions. À coté des cours, il y a les coulisses : Des heures et des heures de préparation des cours afin que chaque ‘’montée en scène’’ soit réussie, la préparation des travaux dirigés, des ateliers professionnels en BTS, des diaporamas qui appuient mes séances. Puis il y a les correction de copies, ce qui n’est pas ma tache favorite… Selon moi, au delà des notes, c’est la progression de l’élève qui m’importe davantage. La note est le moyen, pas une fin selon moi. Enfin, il y a les rendez vous avec les élèves, le suivi personnalisé, ce que j’aime le plus : Répondre aux interrogations des élèves, à leurs sollicitations sur des incompréhensions, des incertitudes sur leur orientation, leur organisation… Sans jamais être instrusif dans la vie de l’élève, l’enseignant se doit selon moi de se montrer présent, rassurant et à l’écoute des élèves dès qu’ils en expriment le besoin. Addition faite, on dépasse largement les 35 heures, mais quand on aime, on ne compte pas, alors je n’ai pas idée du nombre d’heures de travail dans une semaine, je ne sais pas m’arrêter personnellement !

Qu’est-ce que vous aimez dans votre métier ?

C’est un métier passionnant et exigeant, mais ce métier reste le plus beau métier du monde. C’est une grande fierté quand une séance plaît aux élèves ou leur permet de progresser. C’est cette sensation d’être utile que j’aime tant dans mon métier. Beaucoup de métiers sont utiles, j’admire chaque métier, mais c’est dans celui-ci que j’ai trouvé personnellement la plus grande fierté à aider l’autre : Fierté d’avoir un impact positif sur la vie des élèves et fierté quand on reverra d’anciens élèves qui nous diront qu’on les a marqués ou qu’on verra le chemin qu’ils ont parcouru (Je suis encore trop jeune pour profiter de ce ressenti, bien que ceux de l’année dernière, ma première année à temps plein, me contactent toujours et me remercie pour l’aide modeste que j’ai pu leur donner sur leur orientation post bac ou post BTS !). C’est un plaisir de voir que l’on peux faire une différence dans la vie des élèves .Enfin, ce que j’aime aussi dans ce métier, c’est que j’apprend chaque jour. Ce métier nous permet de développer notre créativité et développe notre culture, que l’on enrichit sans cesse pour la réussite de nos cours : La meilleure façon d’apprendre, c’est d’enseigner !.

Pour finir, avez-vous quelques conseils à donner pour ceux qui aimeraient suivre un parcours similaire au votre ?

Se faire confiance, ne pas écouter les autres, les préjugés, les avis de ceux qui ne connaissent le métier que par des ‘’on dit’’ ou ‘’j’ai entendu que’’. Mon parcours ne me prédestinait pas à ce métier, j’ai côtoyé dans mes études une majorité de futurs avocats, de futurs juristes, passionnés par ce qu’ils faisaient, ce que je respecte et admire. Mais moi, j’ai décidé de ne pas suivre cette voie et de sortir des sentiers battus pour me retourner vers ce que j’avais envie de faire, professeur. Il est parfois difficile de sortir des sentiers, de faire différemment des autres, mais si c’est ce métier qui vous plait, faite le, peu importe votre parcours. Avec de la persévérance et de la passion, vous arriverez à faire de l’enseignement votre métier. Il n’y a pas de formation parfaite pour enseigner, la passion et l’envie d’enseigner sont bien plus importantes. 

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