La ligue des droits de l’Homme (LDH) tenait ce mardi une conférence de presse sur l’évacuation des populations Roms. Le vice-président de la ligue parle de pratiques « intolérables, injustifiables, inutiles et coûteuses »
En 2013, les évacuations forcées de Roms sur le territoire français atteignent le chiffre de 21 537 contre 10 469 en 2012. « Ceci représente plus de la totalité de la population habitant en bidonvilles en France » affirme Dominique Guibert vice président de la LDH. D’après l’étude de l’European Roma Rights Center (ERRC), les autorités ont démantelé 165 campements sur les 400 recensés en France expulsant 19 380 personnes de leurs lieux de vie contre 9 404 en 2012 (97 camps) et 8 455 en 2011. De plus, il y a eu 22 évacuations à la suite d’un incendie, affectant 2 157 personnes.: « C’est une politique de misère et de rejet » se désole le vice président de la LDH…
La ligue exige par l’intermédiaire de son recensement, l’arrêt immédiat de cette politique. Selon elle, les évacuations forcées sont « formellement contraires aux traités internationaux et européens ». Le vice-président accuse vivement François Hollande : « Avant son élection, l’actuel Président avait dénoncé la politique d’évacuations forcées menée sous Nicolas Sarkozy. Il est extrêmement regrettable de voir que la situation a empiré… ». Selon lui c’est un mélange de mépris et d’intérêts purement politiques. C’est en effet regrettable car les roms sont la plus grande minorité ethnique d’Europe (Environ 15 millions de personnes).
« J’ai vécu 11 expulsions »
Autour de la table, sont présents des représentants de la LDH mais aussi un témoin rom : Maria Radu. Elle raconte son parcours en France, elle confie avoir été expulsée 11 fois depuis son arrivée. Elle avoue la voix tremblante qu’elle a vécu dans sa voiture pendant un hiver entier avec son nourrisson. Au bout d’un certain nombre d’expulsions, « reconstruire devient impossible ». Elle témoigne également de la violence de la police, de leur manque d’humanité etc… Du côté de la LDH, on signale les graves répercussions d’une expulsion sur les enfants et la famille. Les enfants qui avaient appris à lire, à écrire « perdent leurs acquis »; « Comment demander à des gens de s’intégrer quand on les déloge tous les 15 jours ? » s’indigne Dominique Guibert.
En 2014, la période de transit de 7ans s’achève pour le roms laissant place à une nouvelle situation à laquelle ces populations devront faire face : Désormais les roms auront trois mois pour trouver un travail faute de quoi il pourront être renvoyés dans leur pays d’origine.
En guise de conclusion, Dominique Guibert dénonce l’hypocrisie de l’Etat et des entreprises privées qui ont fait venir en masse ces populations afin des les insérer dans les catégories socio-professionnelles désertées par les français.
Alexandre Legrix-Elisa Gorins