Une nouvelle conférence de paix de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur la Syrie a débuté, ce mercredi 22 Janvier à Montreux en Suisse. L’objectif de celle-ci est de trouver, après trois ans de conflit, une solution pour mettre fin à la guerre en Syrie. Une tentative qui a de faibles chances d’aboutir à un résultat concret, mais Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU pense que l’espoir tout en demeurant fragile reste réel.
La conférence de paix s’est ouverte sur cette déclaration de Ban Ki-moon « Les trois dernières années ont été horribles […] trop c’est trop il est venu le temps de négocier. » Afin de donner de la crédibilité à cette conférence, l’ONU a rassemblé pas moins de quarante délégations pour trouver une solution politique au conflit qui ne cesse pour le moment de mettre la Syrie à feu et à sang. Parmi ces délégations, deux représentent la Syrie, d’un côté l’opposition, de l’autre le pouvoir de Bachar Al-assad toujours à la tête du pays.
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L’application du « communiqué de Genève » pour instaurer la paix
L’objectif de « Genève II » est d’amener les délégations syriennes à se mettre d’accord et à accepter le « communiqué de Genève » signé le 30 Juin 2012 qui préconise l’établissement d’un gouvernement de transition afin de sortir la Syrie de la guerre. Ceci explique l’absence de l’Iran au sein de cette conférence de paix, puisque le pays, fidèle soutien de Bachar Al-assad avait souligné son désaccord avec cette proposition.
Jean-Pierre Filiu, professeur des universités à Sciences Po, interrogé par L’Express explique clairement pourquoi Genève II n’a que de très faibles chance d’aboutir à quelque chose de concret « Genève 2 est avant tout une tentative pour l’ONU et les grandes puissances de masquer leur incapacité à enrayer la descente aux enfers de la Syrie depuis près de trois ans. Mais l’approche suivie est fondamentalement biaisée, car elle considère la crise syrienne comme une question internationale […]Cette incapacité à comprendre les véritables ressorts de la révolution toujours en cours en Syrie fait évidemment le jeu de Bachar Al-assad, qui martèle depuis le premier jour sa thèse d’un « complot » extérieur à l’encontre de son régime. »
Alors que Bachar Al-assad parvient à se maintenir à la tête du pays depuis trois ans, il semble en effet peu probable que celui-ci décide de son propre chef d’accepter sa destitution clairement induite par le « communiqué de Genève ».
Le terrible bilan de trois ans de conflit
Il y a pourtant urgence à trouver une issue à cette guerre qui décime la population syrienne. Les derniers chiffres font état de plus de 130 000 morts ainsi que des millions de réfugiés et déplacés. Le conflit est d’une telle ampleur qu’il déstabilise également certains pays voisins au niveau de leurs frontières communes, avec la multiplication des tensions et violences ainsi que l’arrivée massive de réfugiés.
Pour Jean-Pierre Filiu, si Genève II se soldera certainement par un échec, la seule issue possible pour le peuple syrien semble de trouver sur place une solution politique. Un dénouement que M.Filiu juge tout à fait possible : « Je suis convaincu qu’Alep pourrait devenir le laboratoire d’une transition politique, réaliste, car réalisée à l’échelon local. Dans cette capitale économique du pays, deux millions de personnes sont divisées depuis un an et demi par des lignes de front artificielles entre une moitié « révolutionnaire » et une moitié « gouvernementale ». Les patriotes des deux secteurs coopèrent déjà discrètement pour assurer les services de base à la population. Une supervision internationale permettrait de formaliser ces arrangements empiriques et de rouvrir la voie de l’espoir pour la Syrie de demain. Cet espoir, il ne peut émerger qu’en Syrie même, et non sur les bords du lac Léman. »