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[INTERVIEW] Cap sur la saison 2022 de Formule 1 avec Julien Fébreau !

Le Championnat du Monde 2022 de Formule 1 s’est ouvert la semaine dernière à Bahreïn. A l’occasion, la voix de la F1 sur Canal+, Julien Fébreau, s’est entretenu avec VL Media afin de revenir sur ce premier Grand Prix, mais également sur les nouvelles monoplaces et la couverture de la F1 sur Canal+.

L’INTERVIEW

Julien nous a fait le plaisir de répondre à nos questions en direct de Jeddah (Arabie Saoudite), où se déroule actuellement le deuxième week-end de la saison 2022 de Formule 1.

Quel plaisir de vous revoir Julien ! Tout d’abord, revenons sur ce Grand Prix de Bahreïn qui a été marqué par le retour en force de Ferrari, et la première victoire de la saison pour Charles Leclerc. Qu’avez vous pensé de cette course ?

J’ai trouvé qu’on avait une course de lancement de saison formidable ! On pouvait avoir des craintes sur le fait que le nouveau règlement créerait à nouveau de grands écarts entre les écuries, mais on s’est rendu compte que dès le premier Grand Prix, on avait déjà deux équipes capables de jouer au même niveau et de se battre avec des monoplaces très proches l’une de l’autre. On attend évidemment le retour de Mercedes une fois qu’elle aura réglé ses problèmes, elle pourrait être une troisième équipe dans le match.

C’était une course très plaisante à observer, avec beaucoup de combats entre Charles Leclerc et Max Verstappen, donc on a été gâtés dès le premier Grand Prix !

Parlons du double abandon des Red Bull, le premier coup de théâtre de la saison, dû à un problème de pompe à essence. Doit-on s’inquiéter de ce problème qui peut être commun aux écuries, puisqu’elles ont la même pompe ?

C’est difficile de répondre à cette question, parce qu’on ne sait pas exactement ce qui s’est passé. Ca semble tourner autour des pompes à essence mais elles ne sont pas toutes fournies par le même manufacturier, et entre les pompes il y’a des raccords qui sont propres à chaque écurie et chaque team utilise un carburant différent : y’a beaucoup d’éléments même si les pompes sont identiques. Donc ça peut être réducteur de penser que cela peut être un problème commun. Il faut attendre un peu de voir quelles sont les analyses plus poussées, pour savoir ce qui a vraiment été à l’origine de ce problème chez Red Bull.

Revenons sur la contre performance des Mclaren, qui ont été en difficulté pendant tout le week-end. Comment expliquer une telle baisse de performance de la part d’une écurie qui était en haut du classement ces dernières années, quand on a vu le retour en force de Haas par exemple ?

Je pense qu’il ne faut pas essayer de comparer une écurie à une autre : chacune a son parcours. Maintenant ce qui faut comprendre, c’est les problèmes qui ont touché Mclaren notamment pendant les essais hivernaux. Ils ont quand même perdu trois jours d’essais à Bahreïn, ce qui les ont empêchés d’avancer sur le réglage de la voiture. Le circuit de Sakhir a mis en lumière leurs points faibles, et en plus, Bahreïn a été comme une séance d’essais un peu géante pour essayer d’amortir et rattraper ce qu’ils n’avaient pas pu faire pendant l’hiver, lorsqu’ils avaient leurs problèmes de freins. Il y’a une accumulation de soucis et une perte de temps quasiment irrattrapable liées aux essais, et qu’ils ont payé cher au moment de la course.

Mclaren, un retard conséquent. (source : MakFormula1)

Passons désormais au règlement 2022 et à cette toute nouvelle voiture que les pilotes ont pu enfin essayer après deux ans d’attente. Que pensez-vous de la nouvelle monoplace ?

Visuellement, je les trouve assez spectaculaires. Malheureusement elles sont un peu lourdes, mais elles sont très belles et très épurées. Ce qui est intéressant aussi, c’est de voir le nombre de philosophies différentes que les écuries ont été capable de mettre sur la table avec un seul et même règlement : Y’a dix écuries, et quasiment dix concepts différents, donc c’est passionnant d’observer ça. Puis on voit qu’on est déjà proches, voire très proches, des chronos l’an dernier.

Malheureusement le petit point faible, c’est qu’elles sont beaucoup plus lourdes, elles donnent donc une impression de lenteur importante dans les parties lentes des circuits. Globalement, elles m’ont bien plu.

Parlons de Stefano Domenicali (l’actuel président de la Formule 1, ndlr) qui a déclaré cette semaine :  »Je pense qu’il est possible d’aller à vingt-quatre courses, et même jusqu’à trente vu l’intérêt que nous voyons partout dans le monde ». C’est quand même incroyable de se dire qu’on pourrait avoir un calendrier plus lourd !

Il a parlé d’un nombre qui porterait à trente, celui d’endroits intéressés par la F1, mais pas un calendrier de trente courses ! Maintenant, il faut savoir aujourd’hui qu’il y’a un règlement qui impose qu’il y’ait vingt-cinq courses maximum dans un calendrier, donc dans l’état actuel du règlement, on ne peut pas en avoir plus. Il a aussi évoqué le fait qu’il y’aurait un intérêt à alterner avec d’autres Grands Prix. C’est sur que l’intérêt de la F1 est grandissant mondialement, qu’il y’a plus de pays et d’endroits qui sont intéressés par ce sport donc c’est une bonne chose, et qu’il faut trouver un rythme qui permet que ce soit vivable pour les pilotes, les écuries, les mécaniciens et toutes les personnes qui composent la grande caravane de la F1.

Si on doit monter à vingt-cinq courses, je pense que c’est déjà un joli chiffre et peut être que si il y’a trente endroits différents sur la planète qui sont susceptibles de pouvoir accueillir un Grand Prix, l’alternante sera peut être une bonne solution : certains Grands Prix s’y retrouveraient sans doute mieux financièrement si ils organisaient une course une année sur deux. Je pense que Liberty Media y travaille.

Vous avez assisté à plusieurs changements technique depuis que vous êtes sur les circuits : La révolution de Brawn GP et de son double diffuseur en 2009, les sept vainqueurs différents sur les sept premiers GP en 2012, l’arrivée du V6 Turbo en 2014, et puis désormais la nouvelle F1 de 2022. Quel est le changement qui vous a le plus marqué dans votre carrière ?

Je pense que c’est le dernier en date, celui qu’on est en train de vivre : C’est une révolution technique qui n’avait pas été vue depuis quarante ans. Bien sur, il y’a eu des évolutions que j’ai connu dernièrement mais jamais une révolution, à part peut-être l’arrivée du moteur hybride en 2014. Mais celle qu’on vit cette année est vraiment importante, certainement la plus importante que j’ai connu en Formule 1 jusqu’à maintenant.

Quels sont vos favoris pour cette saison 2022 qui est déjà excitante ?

Je ne suis pas voyant, je ne joue jamais au jeu des pronostiques et je ne donne jamais mon avis personnel, donc ça fait beaucoup d’éléments ! Mais clairement les favoris de début de saison se dessinent : on a la confirmation que Ferrari va bien, que si Red Bull est fiable ça ira aussi, donc ce sont eux les favoris. Maintenant on est dans une année de révolution comme on le disait, le retour d’autres forces comme Mercedes, est attendu. La vitesse d’évolution et de développement des uns et des autres va conditionner le bon niveau de performance des voitures, donc les gagnants d’un jour n’ont aucune certitude de l’être le lendemain, et c’est ça qui est passionnant !

Et  »ne pas pouvoir répondre à la question », c’est un très bon signe : y’a quelques années, je vous aurais dit Lewis Hamilton et Mercedes, boom et terminé. Aujourd’hui ce n’est plus possible de le dire (ce n’était déjà plus le cas l’année dernière), et personne peut prédire avec certitude que ce sera Ferrari ou Red Bull… et tant mieux !

Pour la première fois depuis la crise sanitaire, vous commencez le début de saison depuis la cabine du circuit, et non à Paris. A quel point êtes-vous heureux de revenir sur place ?

Je suis évidemment très très heureux de revenir sur le terrain. Mon métier est avant tout de parler aux gens, de les rencontrer, d’échanger avec eux et de sentir un peu l’atmosphère de chaque endroit, mon métier est un métier de terrain avant tout donc évidemment, le contexte ne nous permettait pas d’être de retour sur place auparavant et c’était logique. Maintenant que la situation sanitaire s’améliore, on a la possibilité d’être de retour, donc pour moi c’est un point très important et j’en suis très heureux parce que je suis en mesure à nouveau de refaire mon métier pleinement et tel que je l’aime.

Cette année, Canal+ fête déjà sa dixième saison et c’est énorme ! Sur ces dix saisons, quelle est la plus mémorable pour vous, et auriez vous une (ou plusieurs) anecdotes à nous raconter ?

La saison la plus forte c’est celle de l’an dernier évidemment ! Elle a été la plus suivie par nos abonnés, dont 2 millions qui étaient présents pour le dernier Grand Prix, et il s’est passé beaucoup de choses ! C’est la saison 2021 qui est la plus marquante à ce jour.

Pour les anecdotes, je me souviendrais longtemps du dimanche avant le Grand Prix à Abu Dhabi où j’ai pu me balader un peu dans le paddock sur une demie heure/trois quart d’heures, j’ai pu échanger avec des responsables de chez Red Bull et de chez Mercedes et on sentait toute la pression qu’il y’avait et toute la mise en place de la stratégie. D’avoir pu partager ça avec eux, c’était incroyable !

Canal+ est toujours équipé de son dispositif exceptionnel, avec un suivi complet du week-end, ce qu’on apprécie beaucoup. Avez-vous de nouveaux concepts pour cette année, ou de nouveaux consultants ? Et le retour de Romain Grosjean malgré son programme entier en Indycar ?

Romain sera avec nous sur quatre Grand Prix aux commentaires cette année, notamment Miami et le Canada pour les premières courses qu’il commentera. Puis nous avons un  »Club des Experts » cette année dans lequel on retrouve notamment Eric Boullier (le patron du Grand Prix de France, ex directeur Lotus & Mclaren, ndlr), Julien Simon-Chautemps qui était l’ingénieur de Kimi Raikkönen l’année dernière, Jean-Louis Moncet qui est évidemment une bible et légende de la F1, et puis Jenny Gow qui est journaliste britannique et qui viendra nous apporter son éclairage notamment sur Lewis Hamilton et George Russell depuis la Grande-Bretagne, donc ce sera intéressant d’avoir son point de vue.

Romain Grosjean aux commentaires de la course et des qualifications avec Julien Fébreau, un duo que l’on retrouvera à quatre reprises cette année. (Crédit : CANAL+)

Parlons du prochain Grand Prix, celui de Jeddah ce week-end. Un tracé atypique qui n’a pas fait l’unanimité auprès du public, et qui revient seulement trois mois après l’édition 2021. A quoi peut-on s’attendre ce week-end ?

C’est un tracé hors norme, assez urbain, le plus rapide du calendrier ! C’est vrai que c’est intéressant d’imaginer les F1 de cette année ici alors qu’elles sont plus grandes, avec des visibilités moins bonnes pour les pilotes par rapport à l’an dernier : on sait que les murs ici ont été un peu repoussés pour aider à la visibilité, mais avec des vitesses de passage encore plus élevées en courbe rapide. Ce n’est que la deuxième édition de ce Grand Prix et c’est déjà l’un des rendez-vous majeurs du calendrier.

Pour terminer, j’ai envie de vous proposer un petit jeu : celui de nous lâcher des conclusions hâtives, tel un supporter sur les réseaux sociaux.

Oulah, je ne suis pas certain de vouloir jouer à ce jeu là (rires) ! Mon métier justement, est de ne pas en lâcher ! La seule conclusion hâtive qu’on pourrait lâcher aujourd’hui, c’est que Charles Leclerc va être Champion du Monde et je crois que ce serait une erreur de penser ça dès maintenant. C’est une excellente entame pour lui, je pense qu’il est prêt à endosser ce rôle dans son parcours de pilote mais ce serait un petit peu prématuré, donc voilà. Il le sera peut-être et je lui souhaite, mais ce serait très prématuré d’être certain qu’il va l’être !

Julien Fébreau nous donne rendez-vous pour le Grand Prix d’Arabie Saoudite, deuxième manche du Championnat du Monde 2022 de Formule 1, à suivre ce dimanche dès 18h55 sur Canal+.

Vincent Chardac

crédit de couverture : CANAL+

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24 ans, amateur de catch américain, basket-ball, de musique et de course automobile.
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