Tandis que, chaque jour, plusieurs centaines de milliers de français se sentent ravis de ne plus être pris pour des pigeons et de ne plus se faire plumer, le marché de la téléphonie mobile français est durablement chamboulé par l’arrivée d’un 4ème opérateur national ayant son propre réseau.
Free, d’Internet à la téléphonie mobile
Après sa percée dans l’Internet français avec la première offre triple-play (télévision, internet et téléphone fixe) à 29.90€ il y a presque 10 ans, Free avait déjà fait très fort. Xavier Niel, fondateur de la marque, était celui qui, déjà, avait permis un accroissement de la concurrence entre des fournisseurs d’accès à internet qui se contentait de tarifs maintenus artificiellement élevés par une entente implicite sur les prix. Aujourd’hui troisième fournisseur d’accès à Internet en nombre d’abonnés, Free marche de plus en plus sur les plates bandes de l’opérateur historique Orange et de Bouygues.
Bien décidé à continuer dans sa lancée, Free évoque une intrusion dans le marché de la téléphonie mobile dès 2009. Le buzz n’aura jamais cessé depuis, et aura surtout permis à Free de ne pas dépenser un centime en publicité pour le lancement de ses nouveaux forfaits.
Le 10 janvier, lors d’un show savamment orchestré à la manière de Steve Jobs lors des « keynotes » d’Apple, Xavier Niel dévoile sa petite révolution : deux nouveaux forfaits qui s’affichent clairement sous les prix du marché. Pour moins de 20 €, sans pour autant être engagé, on peut désormais bénéficier d’un forfait « tout-illimité ».
Free, instigateur du « sans engagement »
L’annonce de Free avait été anticipée par les opérateurs en réseau propre, ainsi que par les MVNO qui louent aux grands opérateurs leur utilisation du réseau. On assiste à un florilège d’offres sans engagement depuis quelques mois qui permettent de bénéficier d’un forfait sans acquérir de téléphone portable ou en l’achetant « à côté », en plusieurs petites mensualités.
Si certains clament qu’il s’agit d’un véritable changement, à savoir plus de liberté et de clarté sur les tarifs pour le consommateur, les habitudes des clients ne seront pas vraiment bousculées. En effet, lorsqu’un forfait avec engagement est vendu avec un téléphone subventionné, l’opérateur ne fait que reporter le prix du mobile sur les 12 ou 24 mensualités à payer. Le consommateur profite alors d’un équivalent de crédit à la consommation lié à son forfait. Désormais, on constate que les opérateurs proposant des forfaits sans engagement vendent également des téléphones en étalant le prix sur un, deux ou trois ans.
Sans être clairement mentionnée, cette pratique commerciale correspond à du crédit à la consommation qui à un cout pour l’acheteur et permet de rémunérer le vendeur. De nouveaux marchés s’ouvrent aux banques qui proposent ce type de services financiers. La Poste Mobile, par exemple, profitera sans doute de cette occasion pour s’associer avec la Banque Postale qui développe actuellement son offre de crédit à la consommation.
L’émergence d’un marché de l’occasion
Tandis que jusqu’alors, les opérateurs rechignaient à ne pas vendre de téléphones avec leurs forfaits, la tendance s’inverse depuis quelques mois.
Certains utilisateurs ne voudront pas renouveler leur équipement mobile aussi souvent qu’auparavant compte tenu du prix d’achat d’un téléphone qui peut dépasser les 600€, c’est-à-dire autant qu’un ordinateur portable de milieu de gamme. Les professionnels s’attendent à une explosion du marché de l’occasion. Des sites web de ventes entre particuliers comme Le Bon Coin ou Price Minister s’attendent à une forte croissance des ventes de téléphones d’occasion dans les prochaines années.
Mais cette émergence d’un marché de l’occasion pourrait aussi susciter des convoitises. Tandis que les politiques sont à l’heure du bilan sur la sécurité en France, les vols de téléphone mobiles pourraient très bien augmenter. Les voleurs profiteraient alors de la démocratisation de l’achat d’occasion sur ce type de produit. La vigilance est donc de rigueur !