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Les réfugiés climatiques du Bangladesh ou le grand désastre humanitaire de demain

D’ici 2050,  le monde pourrait compter 200 millions de réfugiés climatiques[i], voire 250 millions[ii] pour la même période, chiffres sur lesquelles l’Organisation Mondiale de l’Immigration et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés s’accordent. Le Bangladesh, un des pays les plus vulnérables aux changements climatiques, fera face à une situation de migration massive, qui pourrait rapidement s’étendre à ses pays voisins.

En effet, le Bangladesh souffre d’une situation géologique très fragile. Bordée par 230 cours d’eau, en provenance des fleuves Gange et Brahmapoutre ainsi que de la rivière de Teesta, tous originaires  des montagnes du Tibet, le Bangladesh ainsi hérite de 92% des écoulées d’eau de l’Himalaya. Ces cours d’eau s’écoulant dans l’océan Indien par ses littoraux, le pays fait face à une érosion dévastatrice, causée à la fois par l’affaissement de sols et par la montée des eaux qui, selon le GIEC[iii], pourrait atteindre 45 cm en 2050[iv]. L’érosion contribuant à chauffer les cours d’eau, les moussons seront plus violentes et les inondations plus fréquentes. Ainsi 80% du pays est menacé par cette érosion. De plus, plusieurs barrages indiens sont déjà installés le long de la rivière de Teesta, et d’autres barrages le long des dits fleuves posent aussi problème, dont celui Farakka situé sur le Gange. D’autres barrages dont le Tipaimukh situé sur le Brahmapoutre sont en cours de construction. Ces barrages se situent en Inde près de la frontière avec le Bangladesh, et réduiront considérablement le débit des fleuves. Ainsi, 50% des bangladais vivants de l’agriculture, la population du pays souffrira de ces projets en plus des problèmes géologiques auxquels elle fait et fera face.

Doté d’une population de 156 millions, selon le recensement de 2013, pour une superficie d’à peine plus de 140 000 km², la densité de population de plus de 1000 habitants/km² accroît quantitativement les conséquences liés auxdits problèmes environnementaux du pays. L’Inde estime qu’en 2012, entre 10 et 20 millions de bangladais avaient déjà migrés en Inde. Ainsi afin d’empêcher cette migration massive, l’Inde a décidé de construire une barrière de séparation faite de barbelés de 3286km, pour une frontière entre les deux pays de 4085km.

Sachant aussi qu’il n’existe pas en droit international de statut « réfugié climatique », et au vu du désintérêt géopolitique du reste de la communauté internationale sur ce pays, il semble complexe qu’une aide extérieur vienne atténuer les conséquences des problèmes auxquels le pays se retrouve confronté. Les négociations de l’ONU sur les changements climatiques, à savoir la CCNUCC, peinent de leur côté à déboucher sur des solutions financières permettant au Bangladesh de s’adapter à ces conditions environnementales et d’en atténuer les conséquences, la place de l’Inde sur la scène internationale amoindrissant les efforts du reste de la communauté internationale sur cette question.

Enclavé par l’Inde, le Bangladesh dépend, à la manière du Liban avec la Syrie, de ses  décisions politiques. L’Inde est donc ici en position de force, et est peut-être en train de favoriser un désastre humanitaire de grande ampleur.

I-                    Nicholas Stern, Stern Review, 2006

II-                 Christian Aid, Human tide : the real migration crisis, 2007

III-               GIEC (Groupe Intergouvernementale d’Experts pour l’évolution du Climat – IPCC en anglais)

IV-               4ème rapport du GIEC, 2007

 

 

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