La série suit les aventures de jeunesse de Mary et John Winchester, les parents des deux frères héros de Supernatural.
C’est quoi, The Winchesters ? 1972. De retour de la guerre du Vietnam, John Winchester (Drake Rodger) regagne la ville de Lawrence au Kansas. Son père, qui a abandonné la famille des années plus tôt, lui a laissé un message comportant une adresse. Sur place, John rencontre Mary Campbell (Meg Donnelly), une chasseuse de démons dont le père a disparu alors qu’il cherchait un artefact magique. Aidés par la bibliothécaire et documentaliste Latika (Nida Khurshid) et le chasseur de démon Carlos (Jojo Fleites), les deux jeunes gens vont mener l’enquête pour tenter de comprendre ce qui est arrivé à leurs pères respectifs. Alors qu’ils se confrontent à des démons, des vampires, des anges et des fantômes, John et Mary vont peu à peu tomber amoureux…
L’essentiel
De 2005 à 2020, Supernatural a suivi les aventures de Sam (Jared Padalecki) et Dean Winchester (Jensen Ackles), deux frères traquant des créatures surnaturelles à travers les États-Unis. Série phare de la CW, Supernatural s’est achevée au terme de sa quinzième saison, et tandis que Jared Padalecki reprenait le rôle-titre dans le reboot de Walker Texas Ranger, Jensen Ackles rejoignait le casting de The Boys... et devenait producteur exécutif de la série The Winchesters.
La CW avait déjà tenté d’exploiter le succès de Supernatural dans plusieurs projets de spin off, sans qu’aucun n’aboutisse. Et la série se décline finalement sous forme de préquel, centré sur John et Mary, les parents de Sam et Dean, à partir de leur rencontre en 1972. Les personnages sont du reste apparus dans la série d’origine, respectivement sous les traits de Jeffrey Dean Morgan et de Samantha Smith.
Sur le papier, ramener ces deux personnages à l’écran paraît un choix judicieux pour susciter l’intérêt des fans et ressusciter la mythologie de la série. Mais c’est aussi un défi de taille, Supernatural bénéficiant d’un public fidèle et passionné, qui avait beaucoup d’attente.
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On aime
The Winchesters attirera en premier lieu les fans de Supernatural. Et comme on peut s’y attendre, ils y retrouveront de nombreux éléments de la série d’origine. A commencer par la voix off de Dean, narrateur qui introduit chaque épisode, mais aussi la même construction (des épisodes avec des intrigues indépendantes et un fil rouge), les mêmes monstres, les mêmes ressorts, la même ambiance surnaturelle ponctuée de légers moments d’humour, la même identité musicale, des clins d’œil (dont la célèbre Impala de Dean), et plusieurs personnages familiers (comme Bobby ou Rowena). Et il y a surtout une idée absolument géniale à la fin de la saison, qui crée un pont inattendu et inspiré avec Supernatural.
C’est aussi et surtout l’occasion de découvrir comment se sont rencontrés les parents des deux frères, les débuts de leurs relations, la manière dont John est devenu un chasseur de démons dans les années 1970. Et la série exploite d’ailleurs souvent ce cadre temporel dans la musique, les costumes ou les décors, et également dans certains thèmes sous-jacents comme la guerre du Vietnam.
Toutefois, qui n’a jamais suivi Supernatural ne sera pas perdu car si la série reprend la mythologie et certains personnages, elle le fait de telle sorte qu’on comprend très bien l’histoire ; celle-ci fonctionne indépendamment même si l’on passe inévitablement à côté de certaines références – qui sont plus du fan service qu’une vraie connexion. La structure simple des épisodes y contribue aussi : un épisode et une menace surnaturelle, une enquête, des sorts et des talismans, des bagarres et une résolution dans les dernières minutes. Bref, une série qui se regarde facilement si l’on se prend au jeu – et avec une fin satisfaisante, compte tenu qu’il n’y aura pas de deuxième saison.
On aime moins
The Winchesters fait du Supernatural. Pas plus… et plutôt moins. Et même du Supernatural des premières saisons – ce qui est particulièrement maladroit, en 2023. Les effets spéciaux et la réalisation, par exemple, sont nettement en-deçà des séries fantastiques de ces dernières années ; tout est propre, lisse et on a du mal à y croire.
Dieu (ou Chuck – les fans comprendront) merci, il y a le personnage de Carlos, à la fois original et bien construit, grâce auquel Jojo Fleites tire son épingle du jeu. Car pour le reste, le principal intérêt consistait quand même à retrouver John et Mary Winchester et à découvrir leur histoire ; or ces deux personnages manquent cruellement de présence. En particulier John Winchester, Drake Roger étant loin d’avoir le charisme nécessaire pour succéder à (ou précéder ? On ne sait plus) Jeffrey Dean Morgan.
Mais c’est surtout dans l’écriture que The Winchesters déçoit : les épisodes sont sympathiques, sans plus. Ils reprennent des thèmes et une construction déjà vus maintes fois (dans Supernatural ou ailleurs), ne font qu’effleurer la romance entre John et Mary, ne parviennent que rarement à étoffer les personnages secondaires. Et l’arc narratif final (évoqué plus haut) arrive trop tard –alors que c’était sans conteste l’idée la plus intéressante et stimulante de la série. The Winchesters manque d’audace, comme si les scénaristes avaient écrit en pilote automatique au lieu de s’amuser avec les codes, les personnages et toutes les possibilités offertes par l’idée même d’un prequel de Supernatural.
On regarde si… on est fan de Supernatural parce que même si la série est loin d’être la réussite qu’on espérait, on va adorer les clins d’œil (et l’idée des derniers épisodes) ; on a envie d’une petite série légère qui se regarde sans se prendre la tête ; on cherche une série fantastique sans pour autant se faire peur.
On ne regarde pas si… on s’attend à un prequel qui exploite avec audace l’univers de Supernatural ; on a envie d’une histoire complexe et riche, avec des personnages charismatiques qu’on n’arrive pas à lâcher ; on est allergique aux effets spéciaux qui piquent les yeux… ou à Supernatural.
The Winchesters
13 épisodes de 42′ environ.
Le 9 Octobre sur Warner TV (Prime video avec le pass Warner).