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5 éléments pour comprendre … l’affaire Sid Ahmed Rezala

Surnommé le tueur des trains, Sid Ahmed Rezala a terrorisé les usagers de la SNCF entre 1999 et 2000. Il est accusé de 3 féminicides sauvages. Ce dernier est resté de marbre face aux autorités, mais se livre à la presse, avant de se suicider dans sa cellule.

La fin de l’année 1999 en France est marquée par de tristes événements. Trois féminicides se sont enchaînés, tous plus violents les uns que les autres. Derrière ces horreur, le nom de Sid Ahmed Rezala est vite mit en avant. Sa silhouette hante les quais et les trains de la SNCF, terrorisant les passagers. La police se confronte alors à trois meurtres aux modes opératoires différents et trois profils qui n’ont rien en commun. Sid Ahmed Rezala, alors âgé de 20 ans au moment des faits, était un jeune récidiviste loin d’être inconnu de la justice. C’était un habitué des voyages en train sans billet. En janvier 2000, après une traque européenne, la cavale de Sid Ahmed Rezala prend fin au Portugal. 

L’histoire de cette affaire sera a retrouvé le samedi 14 septembre sur France 2 et France TV dans l’émission Au bout de l’enquête.

1 – Quand le train accueille la mort

En 1999, la France entière était en état d’alerte après la découverte de trois corps, tous appartenant à des femmes. Parmi elles, Corinne Cailloux, une mère de famille de 36 ans, a subi 14 coups de couteau, le 14 décembre, à bord du train Calais-Vintimille. L’assassin l’a également égorgée. Au moment des faits, elle voyageait avec son bébé de 18 mois et son petit Yorkshire. L’attaque a eu lieu lorsqu’elle se rendait aux toilettes, en pleine nuit.

Son corps a été découvert alors que le train se trouvait près de Dijon (Côte-d’Or). Le contrôleur, qui a donné l’alerte, se souvenait d’avoir verbalisé un jeune homme sans billet, portant une casquette. Cette même casquette, ensanglantée, a été retrouvée à côté des toilettes. Le suspect avait donné son véritable nom. Sid Ahmed Rezala.

Les gendarmes établissent un lien avec une affaire antérieure : celle d’Isabel Peake, une étudiante anglaise, défenestrée d’un train le 13 octobre dernier à Châteauroux. Sid Ahmed Rezala était présent lors de cet incident. Il voyage sans billet, comme à son habitude. Les contrôleurs n’avaient pas manqué de le repérer. Le 17 décembre, il est définitivement considéré comme un tueur en série lorsque le corps d’Émilie Bazin, 20 ans, disparue depuis deux mois, est découvert sous un tas de charbon dans la cave de sa maison à Calais (Pas-de-Calais), où réside également l’ex-compagne de Rezala.

Le visage du suspect se dessine et les enquêteurs n’ont qu’un nom en bouche : Sid Ahmed Rezala.

2 – La cavale

Après la découverte de ces trois meurtres, le GIPN met tout en oeuvre pour retrouver le suspect. Très vite, tout les amène à Marseille, là où résident les parents du suspect. Ces derniers, sous le choc, implorent leur fils de se rendre. Béatrice Fontaine, chargée de la traque à Marseille, racontera plus tard qu’un matin ses hommes « ont défoncé une quinzaine de portes dans le même immeuble en une seule matinée ». Elle n’avait « jamais vu ça dans une affaire ». Mais Rezala est déjà en cavale. Il migre vers l’Espagne où il se fait arrêter pour une affaire de vol. Malgré la notice émise par Interpol à son encontre, il est relâché par la police espagnole qui n’en avait pas pris connaissance. Une notice tout de même envoyée au 178 polices liées à Interpol.

C’est finalement au Portugal que Rezala se trouve. Plus précisément dans la banlieue de Lisbonne, hébergé par un l’ami d’une connaissance. En janvier 2000, après une traque européenne, Sid Ahmed Rezala est finalement interpelé là-bas. C’est coup de fil passé à la mère de sa fille qui le trahi. La police capte la conversation et lance un mandat d’arrêt international vers le Portugal. Un policier français se joint aux forces portugaises. Ils repèrent les immeubles où Rezale pourrait se cacher et finissent par lui tomber dessus.

Le suspect refuse d’être extradé vers la France et se mure dans le silence lors des interrogatoires officiels. Il préférait se livrer à la presse plutôt qu’aux policiers.

3 – Des aveux controversés

Dans une longue interview accordée au Figaro MagazineSid Ahmed Rezala se confie sur les meurtres des trois femmes et confirme qu’il en est bien l’auteur au journaliste Aziz Zemouri.

«J’ai fait la connaissance d’Emilie Bazin à l’université d’Amiens. Je vendais du shit [« ] Des potes d’Emilie me l’ont présentée, elle fumait aussi. On a sympathisé. Elle sortait avec deux mecs. Il y en avait un, c’était un gros. Une fois je l’ai vu pleurer, ça m’a fait pitié [« ] Il pleurait parce qu’il souffrait avec Emilie. Je l’aimais bien. Je l’ai tuée pour venger son mec.», explique t-il au journaliste. Il ajoute aussitôt : «Trente secondes avant, je ne savais pas que j’allais la tuer. C’est un flash, tu la vois morte, c’est comme un ordre qu’on te donne en image et après tu l’exécutes.» Même scénario pour Isabel Peake: «Elle était très douce. On a sympathisé en gare de Limoges, il était 3 heures du mat [« ] Elle a téléphoné à son mec, elle a tiré sur mon joint. J’ai encore vu ce flash.»

Pour Corinne Caillaux, il explique que ce serait de «la folie pure» : «Je ne comprends pas. Je l’ai suivie dans les toilettes du train pour l’endormir en lui parlant pour lui faire son sac. Je voulais juste la voler. Elle était avec son petit chien. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je n’ai pas vu qu’elle avait un gamin parce que je n’aurais rien fait, c’est sûr.» Mercantile. Rezala semble joueur, il se vante de ne les avoir faits à personne auparavant. Ses avocats, Jean-Claude Richard et Joël Bataillé, expliquent qu’ils ont été mis devant le fait accompli et ont tenté d’interdire la publication du magazine. Le tribunal s’est déclaré «incompétent» face à la situation.

Ces révélations ont surpris puisqu’elles ne rentrent pas dans les procédures habituelles.« On n’a aucun élément qui prouve que c’est bien de lui », révèle Béatrice Fontaine dans l’émission de L’Heure du Crime. 

La rencontre du journaliste avec Sid Ahmed Rezala est très controversée. Le ministère portugais de la Justice précise qu’à la prison-hôpital de Caxias, dans la banlieue de Lisbonne, les détenus disposent de cabines téléphoniques dans les couloirs. Du côté policier, on expliquait qu’il ne pouvait y avoir eu de contacts visuels entre le détenu et son interviewer. Aziz Zemouri dément cette information. «Je l’ai rencontré une douzaine d’heures au total, à la cafétéria de la prison-hôpital. Je me suis présenté à l’entrée avec mes propres papiers d’identité, et on m’a donné un badge visiteur. Rezala a accepté de me voir parce qu’il avait entendu parler de moi.», relate Aziz Zemouri.

Des rumeurs quant à un paiement terni les aveux. En effet, certains pensent que Rezala aurait payé Rezala et sa famille ou son codétenu. Une information que le journaliste dément.

4 – Une déception amoureuse

Après ses aveux dévoilés, les enquêteurs marseillais ont cherché à comprendre ce qui avait poussé l’homme à de tels actes. Pour Béatrice Fontaine, sa haine est le fruit d’une déception amoureuse. « A posteriori, on comprend qu’il ait disjoncté quand la mère de sa fille l’a quitté. Il y a une haine des femmes qui ressort. Il est en prison et elle se met avec quelqu’un d’autre, ça l’a bouleversé. », confie-t-elle.

Rezala était un charmeur et séducteur. Dans ses aveux, il raconte la haine qu’il a ressenti pour Emilie Bouzin. Alors qu’il tente de séduire la jeune femme, elle lui apprend qu’elle a « un mec », Rezala dit qu’il a brusquement « trop de haine vers elle et beaucoup de pène (sic) pour son mec ». Quant à Corinne, elle lui a « fait un sourire et voilà que j’ai eu un flash ». Il confie aussi qu’il a été victime d’un viol à l’âge de 9 ans et n’a jamais pu en parler dans sa famille qui, selon lui, le savait.

5 – Pas de procès

Le 29 juin 2000, la France affronte le Portugal pour la demi finale de l’Euro. Tous les yeux, dont ceux des gardiens, sont rivés sur la télévision. Sid Ahmed Rezala décide de passer à l’action. Il met le feu à son matelas et meurt asphyxié dans sa cellule. Aucun procès ne jugera donc le probable meurtrier des trois jeunes femmes.

Seulement, grâce à ses aveux et des analyses ADN incontestables, il est difficile d’innocenter Sid Ahmed Rezala. On connaît son itinéraire, grâce à son parcours judiciaire, mais aussi grâce au témoignage de son frère aîné dans le journal Têtu. Arrivé à 15 ans en France, Sid Ahmed échappe à la tutelle d’une famille rangée et eu affaire à la justice des mineurs. Il a d’abord violé, dans un parking, un garçon de son âge – ce que, selon Me Andrac, son avocat de l’époque, il ne « reconnaît qu’à regret ». Un vol à l’arme blanche le renvoie en prison. Un lourd passé qui ne rend pas service à l’accusé.

Aujourd’hui, les familles n’ont toujours pas pu faire leur deuil et le mystère autour des aveux de Sid Ahmed Rezala reste entier.

À lire aussi : 5 éléments pour comprendre … l’affaire du tueur en série Hadden Clark

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