Victime d’une agression sexuelle en plein concert dans l’Ain, Rebecca Baby, renverse le choc de l’acte en acte politique. Se dénudant sur scène, elle a dénoncé un geste sexiste et réaffirmé le droit des femmes à disposer de leur corps. Geste fort et fédérateur.
Une agression en plein concert
Le samedi 26 juillet, au festival Le Cri de la Goutte, la chanteuse du groupe « Lulu Van Trapp« a été victime d’une agression sexuelle pendant sa prestation. Descendue dans la fosse, au plus près du public, elle a été prise au piège. Elle raconte avoir été immobilisée par un homme pendant qu’un autre en a profité pour lui attraper les seins. Geste qui s’est déroulé alors qu’elle tenait son micro, concentrée sur sa performance.
Sous le choc, elle remonte sur scène, hésite à interrompre le concert et demande à l’homme en question de se « casser du show« . Finalement, elle décide de répondre à l’agression non pas par la fuite mais par la rébellion.
Rebecca Baby, enlève son haut et termine le concert seins nus, soutenue par de nombreuses femmes dans le public. Un acte fort et délibéré pour que la honte change de camp. Elle déclare devant la foule rester comme ça « jusqu’à ce que ce soit normal, jusqu’à ce que vos cerveaux se soient habitués à ce que ce ne soit pas sexuel« .
Un geste d’une grande liberté
Sur les réseaux sociaux, deux jours plus tard, la chanteuse revient sur cet événement. Elle prend la parole sur Instagram pour évoquer le dégoût, la sidération mais aussi le besoin de reprendre le contrôle de la narration. « Ce n’est pas notre habit le souci. C’est eux, et leur frénésie de possession, de destruction de ce qu’ils ne peuvent posséder. »
Elle précise que ce geste n’est pas une mise en scène artistique, qu’il n’était pas pour les « besoins d’une performance, mais en tant que femme féministe« . Pour Rebecca Baby, ce moment de vulnérabilité et devenu un moment de revendication. « Je transforme mon agression en sa honte, en notre force« .
Le public présent ce soir-là, a, pour une grande partie, soutenu l’artiste. Des femmes au premier rang l’ont accompagnée dans sa révolte. Et même des hommes, confie-t-elle, sont venus la voir, se demandant s’ils avaient encore leur place dans la foule ou même le droit de la filmer. « Merci d’avoir pour une fois pris le fardeau de se demander si on a le droit d’être là. Nous, c’est tout le temps« , leurs répond-elle.
La honte a changé de camps
La réaction de la chanteuse a trouvé un écho au-delà du festival. Les organisateurs de Cri de la Goutte ont condamné l’agression et salué « la force, le courge et l’énergie » de l’artiste. Les Vielles Charrues, ont exprimé leur soutien à cette prise de position et à ce courage.
Dans un contexte où les actes sexistes dans le milieu musical et artistique sont de plus en plus dénoncés, Rebecca Baby agit et montre qu’il faut continuer à les dénoncer avec fierté. Il faut assurer aux femmes une place sur scène comme dans la foule. « Reprenons l’espace, autant sur scène que dans la fosse. Je vous promets que ce sera la priorité de nos concerts », assure la chanteuse. Elle donne rendez-vous à ses fans « au prochain pogo ».
Rebecca Baby n’a pas seulement fini son concert seins nus. Elle a rappelé que le corps des femmes n’appartient à personne d’autre qu’à elles-mêmes et q’une paire de seins n’est seulement qu’une paire de seins.