Elle est régulièrement évoquée par les chefs d’État dans les moments de tension internationale. Apparue au XXe siècle, elle structure encore aujourd’hui les grandes stratégies militaires et géopolitiques.
Une stratégie née de l’arme nucléaire
La dissuasion militaire n’est pas nouvelle. Les armées ont toujours cherché à dissuader l’ennemi de les attaquer, par la peur de représailles. La dissuasion nucléaire, elle, naît au milieu du XXe siècle, après l’invention de l’arme atomique.
Elle repose sur un principe simple. Si un pays est attaqué, il peut en retour lui infliger des dommages majeurs. Cela signifie souvent la destruction de ses centres vitaux, villes, base militaires et gouvernements. La doctrine s’appuie donc sur le pouvoir d’annihilation de la bombe nucléaire.
Pendant la Guerre froide, cette logique d’équilibre de la terreur a dominé les relations entre les deux blocs. Les États-Unis et l’Union soviétique possédaient chacun assez d’armes nucléaires pour détruire l’autre. Le résultat ? Un dissuasion mutuelle, qui a contribué à éviter un affrontement direct entre les deux superpuissances.
Depuis, la dissuasion nucléaire est devenue un pilier de la stratégie militaire de plusieurs pays. Elle est conçue non pour gagner une guerre, mais plutôt pour éviter qu’elle ne commence.
Des moyens permanents
Pour qu’une dissuasion soit crédible, elle doit remplir deux conditions. Posséder l’arme et pouvoir l’utiliser à tout moment. Cela suppose des moyens de lancement rapides, efficaces et diversifiés. Il existe trois types de vecteurs nucléaires. À savoir, l’aviation (bombardiers ou chasseurs modifiés), les missiles balistiques et enfin les sous-marins.
À titre d’exemple, la France a fait le choix de se concentrer sur deux moyens. Les avions Rafale et les sous-marins nucléaires. Quatre sous-marins lanceurs d’engins (SNLE), en permanence opérationnels, forment le coeur de la force océanique stratégique. Les avions, eux, sont regroupés au sein des forces aériennes stratégiques, avec une capacité de frappe embarquée sur le porte-avions Charles-de-Gaulle.
La France a choisi, depuis les années 1990, une dissuasion complètement indépendante. Elle ne dépend pas de l’OTAN ni des États-Unis pour ses décisions. Seul le Président de la République peut ordonner une frappe nucléaire. La doctrine française repose donc sur une autonomie totale et un message clair. Toute menace contre ses intérêts vitaux pourrait justifier une riposte nucléaire.
Une dissuasion pour le moins théorique
La dissuasion nucléaire reste une stratégie théorique. En dehors des bombardements de Hiroshima et Nagasaki en 1945, aucune bombe nucléaire n’a été utilisé en temps de guerre depuis. C’est là tout l’objectif, la doctrine fonctionne justement parce que personne n’ose franchir la ligne rouge.
Aujourd’hui, neuf pays dans le monde possèdent l’arme nucléaire. La Russie et les États-unis en détiennent à eux deux plus de 10.000 ogives, sur environ 12.000 en circulation. La France, elle, en dispose de 290.
Les tensions actuelles ravivent l’intérêt de cette dissuasion. La guerre en Ukraine et les relations entre Washington et Moscou renforcent l’idée que la dissuasion reste une forme de garantie de sécurité, même imparfaite.
Côté américain, le président Donald Trump s’est montré peu enclin à sacrifier les intérêts des États-Unis pour défendre l’Europe, ce qui interroge sur la fiabilité du parapluie nucléaire de l’OTAN. Même si récemment, il s’est montré plus investi et menaçant, face à la Russie, en ordonnant le positionnement de deux sous-marins nucléaires « dans les régions appropriés« . Dans ce contexte, les États dotés de la bombe veulent rappeler leur capacité d’action autonome. La dissuasion nucléaire s’interprète comme un outil de paix, certes, mais qui reste fondé sur la peur de l’apocalypse.