Le vainqueur du dernier tour de France est entré dans la légende , comme si gagner la grande boucle ne suffisait pas. Il s’est inscrit dans le cercle très fermé des coureurs ayant gagné les trois grands tours. À ses cotés on retrouve les plus grands : Merckx , Hinault , Anquetil , Gimondi et Contador. Que du beau monde. Vincenzo Nibali n’a peut-être pas (encore) le palmarès de ses prédécesseurs mais, à seulement 29 ans , il possède un talent fou et encore une certaine marge de progression.
Vincenzo a écrasé le tour de sa classe et de son panache , certaines mauvaises langues diront que la victoire est étriquée, due aux abandons prématurés des deux grand favoris. En regardant la performance de plus près , Froome et Contador ne peuvent qu’acquiescer le sentiment général : l’italien était beaucoup trop fort.
Preuve à l’appui, la première semaine est entièrement nibalienne, ni l’anglais ni l’espagnol ne peuvent suivre le requin de messine dans les monts du yorkshire, et que dire de sa démonstration sur les pavés. Dans des conditions dantesques, le squale croque ses adversaires. Le vainqueur sortant ne daigne pas se présenter au festin , il met pied à terre avant même le premier secteur. Que dire d’Alberto qui a l’air aussi à l’aise sur les routes de Paris-Roubaix qu’un cheval de course sur la patinoire du Vésinet.
Le Sarde, tel un mafioso, élimine ses opposants un par un. Point d’effusion de sang ou de coup de feu inutile , l’assassin silencieux a la classe des géants. Il s’impose de la manière la plus noble qui soit : à la seule force de ses jambes. Lorsque la geinte française tente de le déstabiliser il ne panique pas et use de ruse ancestrale pour retourner la situation. Quand Romain Bardet l’attaque, il vient rappeler à Thibault Pinot que c’est sa place sur le podium qui est en jeu. Résultat, le leader de la FDJ fait rouler son dernier équipier et se retrouve esseulé dans la dernière ascension. La jeunesse française vient de se faire mater par le patron.
Comme tout champion , Nibali ne se nourrit que de victoires et ne s’arrête que lorsqu’il est rassasié. Dans la montée vers Hautacam le maillot jaune n’a que rester dans les roues jusqu’au sommet et le tour est joué. Hors de question , s’il peut écraser la course il le fera. Il attaque dès le pied , creuse l’écart et s’envole vers un très large quatrième succès d’étape. L’artiste vient d’apporter la dernière petite touche à son chef d’œuvre.
L’Italie a trouvé son nouveau champion. Il aura fallu attendre 16 ans avant de trouver un successeur à Pantani. Comme un symbole , 10 ans après sa mort , le peuple italien peut enfin faire le deuil de son « Pirate ».
Auteur : Matthew MacNamara