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Quelle stratégie économique pour l’Europe ?

A l’occasion de la conférence sur la gouvernance économique internationale organisée par Sciences Po Paris et Columbia University les 5 et 6 octobre 2014, plus de 35 experts internationaux sont intervenus sur une thématique forte, celle du rôle de l’Etat face à la crise économique européenne et la quête de croissance au sein du territoire européen. Parmi eux, le ministre de l’économie et des finances, Michel Sapin, et le lauréat du prix Nobel d’Economie en 2001 et professeur à Columbia University, Joseph Stiglitz.

Deux personnalités, deux visions différentes de l’économie. Michel Sapin et Joseph Stiglitz étaient les deux grands invités de la conférence internationale « Europe : rôle de l’Etat face à la crise économique et à la quête de croissance », co-organisée par Columbia University et Sciences Po les 5 et 6 octobre 2014. Une conférence placée sous le signe de l’échange et de la collaboration pour relever les différents défis mondiaux. Retour sur deux perceptions différentes de la relance de l’économie européenne.

« Le pouvoir est dans les mains de l’économie. » dit Joseph Stiglitz, invité d’Olivier Galzi sur iTélé. Il rappelle dès le début de son interview une réalité bien tangible. « L’Europe a créé une série de règles qui font que c’est difficile pour les politiques de faire ce qu’ils aimeraient faire et de faire ce pourquoi les citoyens les ont élus. C’est un des défis les plus difficiles que l’Europe doit relever aujourd’hui. »

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Joseph Stiglitz et Olivier Galzi dans les locaux de Sciences Po Paris (image: iTélé)

Face à des perspectives « moroses », l’Europe, en pleine récession économique, s’en sort relativement mal, selon le prix Nobel de l’Economie. Les règles de la zone Euro sont en grande partie responsables de cette débandade européenne. Il pointe notamment les politiques d’austérité prônées par l’Allemagne. Politiques auxquelles n’a pas répondu la France qui vient de présenter un budget avec 4,3% de déficit public.

De fait, Stiglitz voit la structure de l’Euro comme un difficulté fondamentale. « Le problème est que les citoyens continuent à voter pour des changements de politiques, mais une fois que les politiques sont élus, ils ont les mains liés. » C’est en tout cas ce que lui a révélé Michel Sapin lors de son allocution d’ouverture de la conférence au Columbia Global Center. Sur la question de l’entente sur les deux hommes, et si l’économiste avait réussi à convaincre le ministre, l’Américain répond sans détour : « Autant vous dire que l’on n’était pas tout à fait d’accord. (…) Quelque soit les résultats des élections, quoique veuillent les citoyens, la marge de manœuvre reste limitée. »

Une solution du côté de la relance ?

Fondateur du nouveau keynésianisme, en plus d’en être son plus fidèle représentant, Stiglitz voit dans une politique de relance de l’économie européenne la solution qui pourrait sauver la zone euro. « Dès que l’économie ralentit, on a besoin d’augmenter le déficit. (…) On augmente les impôts, on augmente les dépenses. Cela peut relancer beaucoup si on arrive à concevoir cet équilibre entre dépenses et économies. »

On est ici bien loin de la politique développée par Michel Sapin lors de son discours, dimanche soir. Voulant minimiser les risques liés à une activité économique « durablement faible », le ministre veut baisser la dépense publique en vue de résorber le déséquilibre structurel, et s’appuie notamment sur le pacte de responsabilité.

Pourtant, sur la question du pacte de responsabilité, le lauréat du Prix Nobel ne manque pas de noter la carence de demandes, nécessaires pour de nouvelles embauches. « A ce moment-là, les entreprises ne vont pas pouvoir embaucher. Sur le long terme, c’est une politique qui pourrait avoir du sens, mais ça n’est pas une politique qui va régler les problèmes de la France. (…) Toute dépense gouvernementale, d’Etat, permet de relancer l’économie, avec un impact beaucoup plus important que le montant investi initialement. »

Quel avenir pour le Budget français 2015 ?

Avec plus de 4% de déficit et de 2000 milliards de dettes, la France pourrait voir son Budget 2015 rejeté par la commission européenne. Celui-ci ne répondant pas à la règle des 3%, les 21 milliards d’économies prévus ne suffiront pas à convaincre les dirigeants européens. Sur ce point, l’économiste reste sceptique, il voit dans cette intervention européenne « une contraction de l’économie qui renforce les faiblesses de l’économie. »

Pourtant, dans son allocution, Michel Sapin a tenu à maintenir le cap en insistant sur la réduction des déficits et le soutien de la croissance. Les réformes qu’il veut amorcer, notamment celle de la restauration de la compétitivité des entreprises, passeront par une modernisation du modèle social et économique français.

« La vraie contrainte, c’est Maastricht. »

Critique de la politique d’austérité menée en Europe, Stiglitz voit le traité de Maastricht de 1992 comme un cadre oppressif, responsable de nombreux maux sur le territoire européen. La contrainte des règles imposées dans la zone euro, l’incapacité d’avoir des euro-bonds et un système bancaire d’ensemble sont « autant d’éléments qui étranglent la France, l’Italie et d’autres. » Michel Sapin, lui-même, reconnaît une « nécessité de réécrire les règles ».

Le manque de réformes entreprises au sein de la zone Euro pourrait ainsi avoir des conséquences néfastes selon le néo-keynésien. « Ce qui m’inquiète néanmoins, c’est le fait que l’Europe va essayer de surnager, sans faire de réformes. Et si c’est le cas, c’est de revivre ce que l’on vient de vivre au cours de ces 6 dernières années, avec une baisse du PIB par habitant ou une stagnation. » Ce manque de performance économique pourrait « amener à une décennie, voir un quart de siècles de perdus. » Il y a donc urgence à agir…

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