7 janvier 2015. Jean Cabu alias Cabu perd la vie et sa plume dans l’attentat qui a visé les locaux du journal satirique Charlie Hebdo. Il allait fêter son 77ème anniversaire la semaine prochaine. Il laisse un vide béant dans le petit monde des dessinateurs de presse mais aussi une flopée de caricatures et de dessins qui nous ont tous accompagnés durant ses 60 ans de carrière. Retour sur la carrière d’un dessinateur libre à l’humour grinçant.
Lunettes rondes posées sur le nez, un sourire d’enfant creusé par des pommettes, les cheveux grisonnants tombants sur son front… Cabu avait cet air d’éternel adolescent. Né le 13 janvier 1938 à Châlons-sur-Marne, il commence a dessiner pour l’Union de Reims en 1954 alors qu’il n’a que 15 ans. Il entame ensuite des études artistiques à Paris à l’école Estienne. Service militaire oblige, il part en Algérie pour 27 mois. Il intègre Ici Paris et Le Hérisson avant de rejoindre François Cavanna pour le lancement du mensuel Hara-Kiri en 1960 aux côtés des plus grands dessinateurs de l’époque : Reiser, Topor, Fred et Wolinski. Déjà le canard est sujet à la controverse et est régulièrement menacé d’interdiction.
Deux après Hara-Kiri, il intègre Pilote dans lequel il crée Le Grand Duduche , incontestablement à son image, en souvenir de ses années lycée. « C’est le seul personnage positif que j’ai jamais dessiné, les autres sont des monstres ». Plus tard il rejoint Charlie Hebdo puis Charlie Mensuel. C’est là qu’il donne naissance son »Beauf« , archétype du français moyen, chauvin et misogyne, joueur de pétanque et buveur de pastis. Un anti-héros alcoolique et raciste. Son personnage connaîtra un tel succès que le mot Beauf (Beau-Frère) entrera dans Le Robert.
Fan de jazz et écologiste convaincu, il portait un regard nostalgique de la France où l’on pouvait se baigner dans la Marne. Ses caricatures de Mahomet étaient sans doute celles qui ont le plus crée la polémique. L’équipe de Charlie avait alors reçu un grand nombre des menaces de mort. Mais cela n’a pas pour autant desséchée sa plume acérée. Dans son viseur ? La religion, la politique, l’armée, la société de consommation et le monde moderne. Ses dessins étaient comme un étendard contre ceux qui veulent anéantir la liberté d’expression. Un indispensable coup de crayon pour la démocratie et pour la liberté. Son but était de faire rire, tout simplement.