Ce mardi 27 janvier 2015, on commémore les 70 ans de la fin d’Auschwitz. En Allemagne, le président fédéral Joachim Gauck a tenu ce matin un discours au Bundestag, le Parlement. La chancelière allemande Angela Merkel quant à elle, a donné hier une conférence à Berlin lors d’une cérémonie.
Commémorer la libération d’Auschwitz au Parlement allemand, le Bundestag, est une tradition qui date de presque vingt ans. Cela a commencé en 1996, sous le président fédéral Roman Herzog. Aujourd’hui, l’actuel président Joachim Gauck, qui a fêté son 75e anniversaire récemment, s’est à son tour exprimé le 27 janvier au Bundestag.
Un discours personnifié de la part du président fédéral.
Très ému, Joachim Gauck a prononcé son long discours, avec une voix par moment un peu tremblante. Il a développé plusieurs aspects : remis en perspective historique le 27 janvier 1945, évoqué la vie de certaines victimes juives, témoigné de sa propre souffrance en tant qu’Allemand.
« Les camps d’extermination à l’Ouest ont été libérés par les soldats soviétiques. En signe de respect et de reconnaissance, nous nous inclinons devant eux, qui ont perdu 231 camarades lors de la seule libération d’Auschwitz. » Ses paroles ont été suivies d’un tonnerre d’applaudissements de la part des députés présents.
Il en est venu également à parler de lui-même, quand il a abordé la question du poids de la culpabilité : « Tant que je serai en vie, je souffrirai du fait que la nation allemande, dont la culture est si remarquable, ait été capable des crimes contre l’humanité les plus atroces. »
Tirer des leçons du passé
70 ans après la fin d’Auschwitz, la question du souvenir, de la commémoration des victimes du nazisme reste primordiale en Allemagne. C’est un des points sur lesquels le président fédéral Joachim Gauck a mis l’accent aujourd’hui : « La commémoration de l’holocauste reste un devoir de tous les citoyens en Allemagne », et a ajouté à cela qu’ « il n’y a pas d’identité allemande, si on ne se rappelle pas d’Auschwitz ». Citant l’ancien président allemand Johannes Rau, M. Gauck évoque la chose suivante: « […] il disait : sans le souvenir, on ne vainc pas le mal, et on ne tire pas non plus de leçon pour l’avenir. » Perpétuer les commémorations, transmettre les souvenirs des crimes nazis est donc fondamental pour éviter à tout prix que ne se reproduise de tels actes barbares. Il a bien mis l’accent sur ce point : même si dans quelques années, les victimes d’Auschwitz ne seront plus là pour témoigner, il faudra que leurs familles témoignent à leur place, que les autres générations, qui ont entendu leurs récits, prennent la relève.
70 ans après la 2nde Guerre mondiale: une communauté juive vit en Allemagne.
Ne pas oublier le passé pour aller de l’avant : c’est aussi ce que la chancelière allemande a souligné lundi 26 janvier 2015 à Berlin lors d’une cérémonie commémorative. Elle a affirmé que « le fait que les Juifs soient actuellement menacés en Allemagne est une honte » et que l’État doit garantir leur protection. Elle a, par ailleurs, salué qu’aujourd’hui, plus de 100 000 Juifs vivent en Allemagne. S’appuyant sur les attentats récents à Paris, elle a également exhorté à ce qu’en Allemagne, on affronte d’emblée l’antisémitisme et toute forme de racisme.
Le 27 janvier, qui représente la libération du camp de la mort à Auschwitz, représente donc une date-clé en Allemagne – mais pas seulement dans ce pays : le 27 janvier est aussi devenu aux Nations Unies la journée internationale de la commémoration des victimes de l’Holocauste.
Sources: Die Welt ; Tagesschau ; vidéo de Reuters. Images: 1 :Joachim Gauck au Bundestag (capture d’écran de son discours filmé par Reuters) / 2: Source: Dreamtimes.com