Après la victoire de son parti de gauche radicale Syriza aux législatives grecques, Alexis Tsipras a décidé de former sa coalition avec le parti eurosceptique d’extrême-droite, les Grecs Indépendants (ANEL), représenté par Panos Kamménos. Ces deux partis revendiquent vouloir mettre fin à la politique d’austérité prônée par la Troïka et effacer une partie de la dette grecque. Le nouveau gouvernement grec doit d’abord convaincre ses homologues européens, tâche qui se montre particulièrement difficile avec le gouvernement allemand.
Le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, a commencé ce week-end sa « tournée européenne« . Le but de ses visites est surtout de trouver des alliés au sein de l’Union européenne, d’abord parmi les pays les plus concernés par l’endettement. Sa première destination a été Paris, où il a rencontré ce week-end le ministre des Finances français, Michel Sapin. Aujourd’hui il se rend à Londres, tandis qu’il rejoindra demain à Rome Alexis Tsipras, le premier ministre grec, en discussion avec son homologue l’Italien Matteo Renzi. Néanmoins, aucune visite n’est prévue à Berlin, où la chancelière Angela Merkel campe sur ses positions: pour elle, pas question d’effacer la dette grecque.
Point de vue français sur la Grèce: s’émanciper de la politique d’austérité mais poursuivre les efforts.
La semaine dernière, le premier ministre français Manuel Valls a exprimé son soutien à la Grèce, invitant les militants socialistes réunis à la Mutualité de Paris à « saluer, respecter et comprendre le choix du peuple grec« . Il a par ailleurs qualifié les politiques d’austérité de « punitives ». Comprendre la détresse des Grecs, certes, mais y répondre se révèle être un réel défi pour les Européens et la Troïka.
Michel Sapin a exclu l’effacement d’une partie de la dette grecque. En outre, il a évoqué la possibilité d’un « nouveau contrat » avec l’Europe qui « permette à la Grèce d’exprimer sa volonté de réformes, les outils de cette réforme, ses modalités » et alléger le fardeau de la dette. Parmi ces réformes, il souhaite avant tout qu’on mette fin à l’évasion fiscale en Grèce.
Point de vue allemand: la Grèce doit respecter la solidarité qu’ont manifestée les Européens à son égard.
Le dialogue entre les gouvernements allemand et grec apparaît plus tendu.
La chancelière allemande Angela Merkel tient toujours à la politique d’austérité en Europe. Dans une interview qu’elle a accordée au Hamburger Abendblatt, elle s’est dite résolument opposée à l’effacement de la dette grecque, soulignant que les créanciers ont déjà volontairement renoncé à des milliards de créances de la part de la Grèce. Elle a également réitéré la chose suivante: « Le but de notre politique [d’austérité] a été et est que la Grèce reste durablement membre de la zone euro. » Elle a affirmé que l’Allemagne et l’Europe continueront à se montrer solidaires envers la Grèce et les autres pays endettés de la zone euro, « si ces pays entreprennent leurs efforts budgétaires. » Enfin, le ministère des Finances allemand a signalé que la Grèce devait se montrer encline à se réformer afin de prolonger le programme d’aides européen.
Le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, voudrait faire peser un argument de taille auprès de ses homologues européens: le poids de la dette grecque coûte beaucoup, non seulement à la Grèce, mais aussi aux États européens. Tandis qu’Alexis Tsipras a prévu de rencontrer le président français François Hollande à Paris mercredi prochain, pour l’instant, aucune rencontre n’a été planifiée entre les gouvernements allemand et grec. Toutefois, le ministre des Finances grec a déclaré vouloir rencontrer rapidement son homologue allemand Wolfgang Schäuble, et aussi de se rendre à Francfort où siège la Banque Centrale Européenne (BCE). En attendant, le vice-chancelier et ministre de l’Économie allemand, Sigmar Gabriel, a appelé les Grecs à être « justes » envers les Européens « qui se sont montrés solidaires » ces dernières années.
Images: AFP.