L’Etat Islamique (ou Daech), l’ennemi numéro 1 de l’Occident et ses valeurs, est principalement connu comme une organisation armée terroriste islamiste d’une grande violence. Mais ce mouvement terroriste, qui a l’ambition de d’instaurer un véritable califat mondial allant de l’Espagne à l’Asie centrale, semble aussi promouvoir le business et les affaires sur les territoire syriens qu’il contrôle.
Ainsi, les djihadistes seraient donc devenus des bureaucrates pointilleux : ils mettent en place des taxes, payent des salaires fixes et imposent normes commerciales afin de créer une économie saine et prospère qui permettra au groupe Etat Islamique de continuer de se développer, d’étendre son territoire mais aussi de légitimer son autorité et de recruter de nouveaux partisans.
l’ETAT ISLAMIQUE, LA SEULE ALTERNATIVE VIABLE EN SYRIE
« Le Grand Califat », qui montre les zones que les terroristes ont prévu de contrôler
Malgré les brutalités et les exactions commises par l’Etat Islamique, ainsi que les châtiments terribles réservés à ceux qui ne respectent pas la loi mise en place par le calife autoproclamé, Abou Bakr al-Baghdadi, un grand nombre de commerçants et artisans syriens voit l’Etat Islamique comme le seul acteur de la région susceptible de leur permettre de continuer à commercer et donc à, plus ou moins, maintenir leur niveau de vie. Car il est vrai qu’en comparaison à l’anarchie qui prévaut sur les territoires contrôlés par les autres rebelles (Armée Syrienne Libre, Front al-Nosra…) mais aussi par les groupes soutenus par les occidentaux, l’Etat Islamique assure une certaine stabilité aux populations qui vivent sur les territoires sous leur contrôle.
Alors que l’Etat Islamique taxe le « zakat » (troisième des piliers de l’Islam qui consiste a donner un montant calculé en fonction des revenus aux plus pauvres dans son pays de résidence) de ceux qui peuvent se le permettre, la totalité des entreprises et des commerces sont protégés des vols et de la corruption par les membres de l’Etat Islamique. Sur le site Business Insider, le témoignage d’un syrien vivant sur les terres de l’Etat Islamique résume particulièrement bien la vie des commerçants sous l’égide de l’Etat Islamique : « Quand j’achète des poulets aux fermiers des zones rurales proche de ville de Raqqa, la première chose que je dois faire est de me rendre au bureau en charge du « zakat » et de payer les 2,5% standards. Ensuite, l’administration de Daech me remet un bon qui m’autorise à vendre mes produits dans la ville [de Raqqa] ». Ce mode de fonctionnement est appliqué à travers tout le territoire syrien sous le contrôle de l’Etat Islamique, ce qui pousse de plus en plus de commerçants à s’installer sur ces territoires.
UN SYSTÈME MOINS CORROMPU ET PLUS EFFICACE
Le succès du système mis en place par l’Etat Islamique peut s’expliquer par le fait que le gouvernement syrien a moins bombardé les régions contrôlées par les djihadistes que celles contrôlées par les autres groupes rebelles. Mais ce n’est pas la seule raison. En effet, tout les habitants sont d’accord pour dire que le système mis en place par l’Etat Islamique est plus efficace et moins corrompu que celui de Bashar al-Assad.
Alors que l’Etat Islamique tente de s’établir durablement en Syrie, les résidents locaux ont été autorisés par le groupe terroriste à conserver leur poste dans les administrations publiques. Les professeurs ont dpnc pu continuer à exercer leur métier, sous réserve qu’ils aient accepté d’appliquer les nouveaux programmes scolaire qui excluent notamment l’enseignement de l’anglais et insiste sur celui de la Charia. Et les docteurs ainsi que les ingénieurs qui travaillent dans les champs pétroliers contrôlés par l’Etat Islamique sont grassement payés (au moins le double du salaire habituel).
Hassan, un habitant de la ville de Raqqa et ingénieur spécialisé dans la construction de satellites, qui a du se rendre en Turquie le mois dernier après avoir été blessé par une frappe aérienne du régime de Bashar al-Assad, cité par Business Insider, évoque la vie dans les zones contrôlées par l’Etat Islamique : « Si tu as de l’argent, et que tu sais te taire, il est facile d’y vivre ». Pour la plupart des syriens, il semblerait que le prix à payer pour un minimum de stabilité soit la répression de certaines libertés.
En définitive, le dégoût intense d’une partie des syriens envers le régime de Bashar al-Assad semble pousser ces derniers à s’accommoder de l’Etat Islamique. En effet, il semblerait que certains syriens pourraient se tourner vers n’importe quelle alternative afin d’échapper à un gouvernement qui a bombardé son propre peuple. Et sous l’égide de l’Etat Islamique, le peuple syrien peut vivre et exister même s’il vit toujours dans la peur.