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Mannequinat : bouleversement des canons de beauté?

La mannequin idéale a entre quatorze et vingt-deux ans, elle mesure au moins un mètre soixante-douze, est photogénique : ce sont les dires de l’ancien top model Lou Carrion, désormais recruteuse chez la célèbre agence Elite. Elle ajoute qu’un mannequin doit avoir « quelque chose en plus », un signe qui le/la différencierait des autres.

Ainsi, on a pu constater l’apparition de nouveaux modèles comme Madeline Stuart, une jeune australienne atteinte de trisomie. Elle a décroché deux contrats avec les marques de prêt-à-porter EverMaya et Manifesta grâce à des photos postées sur Internet. Après avoir subi des critiques pendant toute son enfance, Maddy s’est mis en tête de défendre la cause de toutes les personnes victimes de discrimination.
De même, les mannequins Shaun Ross et Chantelle Winnie, respectivement atteints d’albinisme et de vitiligo (dépigmentation partielle de la peau) désirent montrer que leur différence n’est pas un handicap pour réaliser leur rêve, bien au contraire ; ils en ont fait leur principal atout, leur signature. Ces personnes, si souvent pointées du doigt, sont en passe de devenir des icônes, représentants de jeunes qui auraient perdu toute confiance en eux.

De gauche à droite, Chantelle Winnie, Madeline Stuart et Shaun Ross.

De gauche à droite, Chantelle Winnie, Madeline Stuart et Shaun Ross.

Ces changements ne sont pas les seuls à intervenir ; Carine Cailleret, directrice d’International Model Managment, précise qu’un modèle femme ne doit pas faire plus d’une taille trente-six. Car le mannequinat est également connu pour ses exigences en matière de mensurations, des règles très strictes sont clairement établies. Ainsi, des hanches ou des cuisses trop larges, ou même une trop forte poitrine sont des critères rédhibitoires, qui poussent de nombreuses femmes à suivre des régimes draconiens. Nombre d’entre elles sont tombées dans l’anorexie, comme Kate Moss.

C’est contre ce piège que la législation française tente de lutter. Pour endiguer ce phénomène, un amendement a été ajouté à l’article L.7123-2 du code de travail. Il dispose que «l’exercice d’une activité de mannequin est interdit à toute personne dont l’indice de masse corporelle, établi en divisant son poids par sa taille élevée au carré, est inférieur à des niveaux définis ». L’article L.7123-27 ajoute que toute personne exploitant une agence de mannequin qui ne veillerait pas au respect de ces conditions s’expose à un emprisonnement de six mois et à une amende de 75 000 euros.

La France n’est cependant pas le seul pays à prendre des mesures ; en juin dernier, l’autorité de régulation de la publicité (ASA) a censuré l’image d’une campagne publicitaire pour Yves Saint-Laurent, parue dans Elle UK, à cause de l’apparence maladive du mannequin photographié. L’ASA dénonce notamment le fait que « la pose de la mannequin, avec la disposition particulière des effets de lumière, attire l’attention vers le buste du modèle, où la cage thoracique est visible et proéminente ». La maison de couture a refusé de commenter cette décision de censure.

Copyright: Yves Saint-Laurent

Copyright: Yves Saint-Laurent

A savoir que l’ASA avait déjà sévi sur ce point en 2011, en censurant les photos de la jeune Amanda Hendrick, également jugée trop maigre (photo de couverture).

Le monde de la mode est donc indéniablement en train de changer, de l’intérieur comme de l’extérieur. Reste à voir si ces évolutions se poursuivront sur le long terme.

Elisa Kamami

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