Confrontée à une crise des déchets depuis plusieurs semaines, la ville de Beyrouth cherche toujours une solution au problème de la collecte des ordures. Cet obstacle vient de la fermeture d’une des principales décharges du Liban, dont le contrat avec l’Etat vient de se terminer. Elle était dirigée par un proche de la famille dont l’ex-Premier ministre. En position de monopole, elle était l’une des plus rentables au monde.
Ainsi, les rues de plusieurs quartiers sont jonchées de détritus, et tandis que la classe politique se déchire concernant les solutions à adopter, les habitants manifestent leur mécontentement dans les rues. Durement réprimés par les forces de l’ordre samedi 22 août, les manifestants ont reçu coups de matraque, canons à eau et gaz lacrymogènes. Au moins seize personnes ont été blessées.
Le directeur adjoint de la division Moyen-orient et Afrique du Nord de l’ONG Human Rights Watch, Nadim Houry, se dit choqué de la sévérité avec laquelle les manifestations,apparemment « bon enfant » ont été endiguées. Mais un des organisateurs assure pourtant que le mouvement pacifique ne s’arrêtera pas, car « les gens ne veulent plus se taire ». Selon lui, près de 20 000 personnes se seraient réunies samedi dernier.
En effet, les Beyrouthins s’avouent séduits par ce mouvement « purement civil, sans coloration professionnelle, ni politique, ni sociale ». Car la manifestation ne concerne plus seulement l’absence de ramassage des ordures, mais aussi « les coupures d’électricité et d’eau, l’insécurité grandissante », dans laquelle les citoyens ne veulent plus vivre.
Dimanche encore, de nouvelles émeutes ont eu lieu dans la capitale. Les protestataires réclamaient des mesures de ramassage des ordures. Au cœur de cette mobilisation, le mouvement « Vous puez » s’adresse à la classe politique et dénonce l’inertie du gouvernement. Leur page Facebook rassemble plus de 100 000 abonnements, pour près de 4 millions de libanais.
Les habitants appellent à la chute du régime et au soulèvement. « Vous puez » exige la démission du Premier ministre Tammam Salam et de ses députés. C’est donc une nouvelle crise qui survient pour le Liban, sans Président depuis 2014.