Il y a un an, le club de football de Luzenac Ariège Pyrénées faisait parler de lui dans toute la France. Ce petit club ariégeois de national avait acquis sportivement sa montée en Ligue 2, avant de se la voir refusée par la LFP et la FFF. Ces instances avaient invoqué le manque de solidité financière du club et la non-conformité de son stade. Henri Lacaze, vice-président du LAP, revient pour nous sur cet épisode et fait le point la situation actuelle du club.
Henri, rappelez-nous pourquoi Luzenac n’a pas pu accéder à la Ligue 2 la saison dernière alors que le club avait acquis sportivement sa montée ?
La vraie raison, c’est qu’on était trop petit, trop faible pour la Ligue 2. Les instances ne voulaient pas de nous. Les raisons officielles, manque de moyens financiers ou stade non conforme, n’étaient que des prétextes. Le Stade Ernest-Wallon, qu’on voulait utiliser pour la Ligue 2, était tout à fait conforme (celui du club, le stade Paul Fédou, ne l’était pas).
Les dirigeants de ces instances avaient aussi une certaine inimité avec notre président, Pierre Ducros. Donc on peut dire qu’un complot de la LFP, de la FFF et de la CNOSF réunies nous ont empêché de monter en Ligue 2. « Monsieur le moustachu » (Frédéric Thiriez, président de la LFP) avait même dit une fois à ses proches collaborateurs : « mettez-les assez bas pour qu’ils ne puissent plus remonter. »
Sachant que la montée en Ligue 2 était désormais impossible, pourquoi le club n’a pas réintégré le Championnat de France national (3ème échelon) ?
Notre montée en Ligue 2 ayant été définitivement invalidée, nous avons demandé notre réintégration en National. Mais réintégrer un championnat alors que 5 journées avaient déjà été jouées posait des problèmes de logistique. La LFP nous a alors demandé d’intégrer pendant une saison la CFA2 (5ème échelon, alors que Luzenac devait intégrer la Ligue 2), avant de revenir en National. Jérôme Ducros a refusé.
L’équipe 1 a donc été dissoute, l’équipe 2 a remplacé l’équipe 1 et les joueurs ont été libérés de leurs contrats. L’équipe a ensuite intégré la DHR (Division d’Honneur Régionale, 7ème échelon). Ce fut une véritable catharsis pour nous, le moyen de repartir à zéro, dans le monde associatif et le bénévolat.
« Le monde du football est impitoyable »
Quelle est la situation sportive et financière actuelle du club ?
Cette saison, l’équipe a terminé 1ère de sa poule de DHR et est montée à l’échelon supérieur, en division d’honneur. Le club est redevenu une association. Et par conséquent, notre budget est passé de 2 millions d’euros à 100 000 euros, provenant uniquement de subventions publiques.
Pour respirer financièrement, nous avons lancé un appel aux dons sur internet et récolté 14 000 euros. Nous avons aussi lancé un appel à la générosité des clubs de Ligue 1, Ligue 2 et National. Sur la soixantaine de courriers qu’on a envoyés, seuls 3 clubs ont répondu à notre appel : Monaco, Nancy et Metz. Une petite preuve de solidarité dans un monde du football impitoyable.
Que sont devenus les joueurs qui ont participé à ce qui devait être un conte de fées, la montée en Ligue 2 ?
Les joueurs ont réussi à rebondir. Certains jouent actuellement en Ligue 1 (dont l’ancien capitaine Guy N’Guesso, qui évolue à Angers), d’autres en Ligue 2 et d’autres en National. L’ancien entraîneur, Christophe Pélissier, coache l’équipe d’Amiens en National.
Nicolas Dieuze, notre attaquant, a pris sa retraite sportive après le dénouement de l’affaire. Je voudrais d’ailleurs le féliciter. Il a fortement contribué à notre beau parcours en National et s’est toujours battu pour le club « gratis pro deo » quand on était dans la tourmente.
Maintenant quels sont les objectifs du Luzenac Ariège Pyrénées ?
Dernièrement, l’équipe a terminé 1ère de sa poule de division d’honneur régionale (7ème échelon) et est montée en division d’honneur. Mais à terme, nous aimerions retrouver un championnat national.