Mercredi soir, les raids israéliens sur la Bande de Gaza reprenaient, tuant deux responsables de la sécurité Palestinienne dans une voiture, considérée par Israel comme deux «agents du terrorisme » . Cet évènement habituel à Gaza remet au centre des préoccupations l’inévitable violence qui règne dans ce territoire et la situation critique dont pâtissent les gazaouis.
Une action en lien avec la crainte que suscitent les tunnels entre Gaza et l’Egypte
Afin de contourner le blocus imposé par Israel depuis juin 2007, les Palestiniens utilisent les 1250 tunnels qui fleurissent le long des 14km de frontière. Ces tunnels qui posent problème aujourd’hui à Israël et à L’Egypte, permettent principalement aux civils gazouis de s’approvisionner en denrées alimentaires de première nécessité et en hydrocarbures. Les gouvernements égyptien et israélien, surveillent de très près ces tunnels craignant la contrebande, et l’arrivée de roquettes sur ce territoire palestinien . Le sujet est délicat, sachant que les gazaouis n’ont d’autres solutions que celle là, afin de survivre dans cette étroite bande de terre .
Depuis les mesures draconiennes prises par l’Egypte contre les tunnels de contrebande tout le long de sa frontière, les pénuries s’aggravent et poussent le Hamas à mettre en place des solutions immédiates. Or, le Hamas est loin d’avoir réglé ce problème, puisqu’il n’est pas seul maître à bord dans la région, il a besoin de l’aide et du soutien des membres du Fatah, et de l’Egypte. Le gouvernement égyptien avait commencé à fermer ces tunnels après l’attaque du 5 août, quand des hommes armés ont tué 16 soldats égyptiens.
En attendant une solution, la crise économique s’aggrave à Gaza, selon Maher el Tabbaa, économiste résidant dans ce territoire, 30% des marchandises entrent par les tunnels. D’après les ouvriers des tunnels, 80% de la nourriture vendue à Gaza vient par les tunnels. 180 tunnels ont déjà été fermés, et selon les propriétaires de ces tunnels, la répression a entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires, et les matériaux de construction comme le ciment et l’acier sont également devenus plus chers.
Dernièrement, les dirigeants du Hamas ont demandé à l’Egypte que le terminal de Rafah soit utilisé pour les marchandises, mais le Caire est réticent à modifier les accords internationaux avec Israël et avec certains pays occidentaux, qui stipulent que Rafah ne doit être utilisée que pour les voyageurs.
Des difficultés qui soulèvent le problème de l’eau à Gaza
Selon un nouveau rapport de l’ONU, la population qui compte aujourd’hui 1,64 millions d’habitants, pourrait bientôt perdre sa principale source d’eau douce d’ici 2016. Ce résultat rappelle que la situation sanitaire dans ce territoire est déplorable . En effet, d’après Mahmud Daher, responsable de l’Organisation Mondiale de la Santé à Gaza, la plupart des Gazaouis ne peuvent pas consommer plus de 70 à 90 litres d’eau par jour, soit une quantité inférieure aux 100 litres minimum recommandés par l’OMS . La pollution de l’eau dont l’un des facteurs est l’intrusion d’eau de mer dans l’aquifère est responsable de 26 % des maladies à Gaza .
Mohamed el Kaschef, directeur général du département de coopération internationale du ministère de la santé gazaoui, a dit : « nous sommes témoins, de maladies respiratoires, cutanées et oculaires et de gastroentérites, qui peuvent toutes être liées à la pollution de l’eau. »
Pour l’instant l’eau ne constitue pas un problème de santé publique majeur, mais dans quelques années ce sera le cas, malgré des efforts pour résoudre cette crise, car selon les Nations Unies, « il faudra attendre des décennies avant que l’aquifère ne se rétablisse complètement . »
Le printemps arabe a mené le Hamas à se questionner sur l’avenir des Territoires Palestiniens
Loin de pacifier les relations entre le Fatah et le Hamas, les soulèvements ont également approfondis les contradictions internes, mais le hamas garde dans l’esprit la réconciliation palestinienne .
Les objectifs poursuivis sont de mettre fin au conflit avec Israel, en garantissant la sécurité en Cisjordanie et à Gaza, en élaborant une stratégie nationale pour le Fatah et en poursuivant le contrôle de l’Autorité Palestinienne . Une autre difficulté réside dans la division territoriale entre Gaza et la Cisjordanie ajoutée à l’isolement économique de Gaza qui porte un coup dur à une amélioration de la situation. Autant dire que si les partis ne parviennent pas à une réconciliation nationale tout espoir d’aboutir à la paix est vain . Cependant, le Hamas pourrait pouvoir compter sur l’Occident et le monde pour débattre de l’avenir de ses territoires, et trouver une solution avec Israël.
En effet, un cessez-le-feu pourrait être obtenu entre Israël et Gaza, une amélioration de la situation économique dans ce petit territoire, et la garantie que les Etats-Unis et l’Union Européenne discuteraient avec un gouvernement palestinien d’union nationale. C’est un effort collectif qu’il faudrait mettre en marche pour trouver une solution au conflit israelo-palestinien, et ainsi alléger considérablement le blocus sur Gaza de sorte que les gazaouis puissent vivre plus dignement sur leurs terres.
Kodes Tajouri