Dans son dernier livre « Qui est Dieu ? » paru il y a quelques mois, Jean Soler, philosophe méconnu à tort, arme son cheval de bataille contre les trois grandes religions monothéistes. Cet essai à la fois historique et philosophique n’a pas manqué de faire parler de lui.
Homme de livre, d’analyse et de langue, Jean Soler ne cesse de décortiquer les textes fondateurs du monothéisme actuel. Fort de ses nombreuses recherches et autres livres traitant du sujet, le philosophe conclut son travail par un court essai d’à peine plus de cent pages : « Qui est Dieu ? ». Cet ouvrage vise à torpiller les nombreuses légendes ayant édifié pour la plupart les religions Juive, Chrétienne, et Musulmane. La précision de ses analyses est consternante, il apporte ses preuves tout en renvoyant aux textes saints.
Cet écrit est construit de façon claire et précise. Après un avant-propos expliquant les raisons de cet opuscule, quatre chapitres se suivent.
Le premier évoque six contresens sur le dieu de la Bible. Ces contresens sont évidemment principalement des idées reçues que nous allons aborder ici. Première idée reçue, La Bible dépasse en ancienneté les autres textes fondateurs. Evidemment faux, car comme le conclut Jean Soler dans son paragraphe, « La Bible est ainsi contemporaine, pour l’essentiel, de l’enseignement de Socrate et des oeuvres de Platon. Remaniée et complétée plus tard, elle est même, en grande partie, une oeuvre de l’époque hellénistique ».
La deuxième idée reçue est à mon sens l’une des plus intéressantes : La Bible aurait fait connaître à l’humanité le Dieu unique. Ce qui n’est bien sûr pas exact si l’on tient compte de l’ancien Testament. Il explique en effet la religion juive comme n’étant certainement pas un monothéisme, mais une monolâtrie. Mais qu’est une monolâtrie me direz-vous ? C’est tout simplement une doctrine religieuse reconnaissant l’existence de plusieurs dieux, mais ne vouant un culte à seulement l’un d’entre eux. Comme l’explique Jean Soler, « Moïse ne nie pas l’existence des autres dieux, il dit seulement que Iahvé exige d’être vénéré à l’exclusion des autres dieux, car c’est un dieu « jaloux » ».
La troisième idée reçue combattue par le philosophe est que la Bible donne le premier exemple de morale universelle. Tenant compte du fait que cette morale n’est adressée qu’aux Juifs, l’amour du prochain est exprimé envers le prochain de sa tribu. Un tout autre sort est réservé à celui n’en faisant pas partie.
A la quatrième position, les prophètes auraient promu la forme spiritualisée du culte hébraïque. En sachant que l’idée de la résurrection est empruntée aux Perses elle apparaît au IIè siècle avant JC. Quant à l’immortalité de l’âme elle est entièrement absente dans la Bible hébraïque et est puisée aux Grecs. Donc il n’y a donc pas de vie après la mort pour les hommes de la Bible hébraïque.
Selon la cinquième idée reçue, le Cantique des cantiques célébrerait l’amour réciproque de Dieu et du peuple juif. Or Jean Soler explique ce passage comme un simple poème d’amour, ne pouvant pas être le seul livre crypté de la Bible.
La sixième idée reçue voudrait que Dieu ait confié aux juifs une mission au service de l’humanité. Remémorons nous que Dieu à interdit aux juifs le mélange des sangs, tout en imposant même certains interdits alimentaires. C’est donc un dieu identitaire et ethnique étant décrit.
© Photo D. D.
Après ces six contresens présent dans la Bible, Jean Soler pose une question en guise de second chapitre : Pourquoi le monothéisme ? C’est alors une archéologie détaillée et minutieuse du monothéisme que nous propose l’écrivain, il y explique notamment les raisons pour lesquelles Moïse n’a pas pu écrire les dix commandements, tout en émettant un doute déjà bien ancré sur l’existence de ce dernier. Le philosophe y évoque notamment son discernement de la naissance d’un dieu unique. Concernant le reste du livre, je vous laisse le soin d’en découvrir les pages vous même.
Cet ouvrage nous aura également permis de constater que les religions sont encore des prismes auxquels il est dure de s’attaquer. Taxé de raciste, antisémite, islamophobe, Jean Soler ne compte pas soustraire ses recherches datant de plusieurs décennies au profit de quelques bien-pensants n’ayant jamais osé ouvrir ni même toucher la couverture de son livre.
Charles des Portes