Lors de l’émission de radio vie lycéenne : ça dérape, Rémy Carillon représentant départemental du parti frontiste a plusieurs fois cité la suisse comme argument au service de son idéologie. Alors la Suisse est-elle vraiment ce que Rémy Carillon nous décrit ? Nous avons donné la parole à Jean Galve qui a suivi l’émission et nous voyons alors sa vision de la Suisse .
1er non sens :
« Les français sont perdus vous avez tout à fait raison, il y a un manque de repères (…) et si les français ont si peur de revenir au franc, c’est parce qu’ils n’ont plus confiance en la France et ils ont l’impression qu’en faisant partie d’un agglomérat de nations qu’on appelle l’Europe leur salut est assuré… c’est complètement faux. Si la nation fonctionnait mieux ils auraient entièrement confiance en leur nation comme les Suisses »
« Et l’Angleterre n’est rien sans l’Europe, et la suisse.. Non Non détrompez vous. De toute façon l’euro est voué à l’échec . »
De fait on nous explique gentiment que les Suisses qui ont confiance en leur nation, ont le Francs suisse et s’en sortent mieux que les Français qui si eux avaient confiance feraient comme leur voisin.
Alors posons la question autrement, la Suisse qui a confiance en elle aurait-elle intérêt à rejoindre l’euro ?
Tout d’abord selon le département fédéral des affaires étrangères helvétiques :
« La Suisse n’est pas membre de l’Union. [Cependant] Les nouvelles règles de l’UE [ont] toujours un impact chez elle, l’Europe y figure constamment à l’ordre du jour politique.Il y a en tout une centaine de traités et d’accords entre l’UE et la Suisse, dont une vingtaine d’une très grande portéeLa Suisse est l’un des pays les mieux intégrés. Non pas simplement qu’elle s’adapte, mais parce que les deux parties ont un besoin vital de contacts étroits. En Suisse, tout projet politique présente un volet européen précisant la compatibilité de la législation nationale avec celle de l’UE. Sur les questions économiques, les deux parties cherchent à abolir les barrières dans toute la mesure possible. Car l’UE est le premier partenaire commercial de la Suisse. »
Ensuite je vous invite à vous intéresser à la situation du francs suisse à l’heure actuelle : Face à la dévaluation du dollars, la baisse de l’euro et la sous évaluation de la monnaie chinoise, le francs suisse fait office de monnaie refuge. Un avantage ? Oui pour les particuliers suisses qui se rendent à l’étranger, et les importations. Non pour les secteurs du tourisme, et tous les secteurs d’exportations helvétiques. Or un pays à l’économie saine est celui qui a une balance commerciale positive (cf : celui qui exporte plus qu’il n’importe.)
Le fort taux de change du francs suisse handicape fortement les entreprises suisses, à tel point que le très sérieux quotidien économique Suisse, Le temps titre :«Nous devons lier le franc suisse à l’euro», et explique que : « La chute de l’euro face au franc, qui a passé en deux semaines de 1,31 franc à 1,25, échauffe les esprits en Suisse.Selon Der Sonntag, la BNS a subi une perte de 32 milliards de francs en 2010 en raison des changes, la plus importante de son histoire.[…]L’idée d’un taux fixe paraît crédible au directeur du KOF Jan-Egbert Sturm: «Il serait assurément possible à un petit pays comme la Suisse de coupler sa monnaie à l’euro de manière crédible»
Du coup contrairement à que nous explique le FN, la suisse a intérêt à rejoindre ou du moins se calquer sur l’Euro… J’en déduis dès lors que la France n’a pas d’intérêt à le quitter…
2ème non sens:
« Comme la tour de Babel, elle est vouée à l’échec (=l’euro, europe ). […] Tous les empires se sont écroulés car ils ne sont pas à taille humaine, la taille humaine c’est la nation […] Les nations se définissent par les points communs des individus qui la composent. En particulier la langue, la culture, éventuellement la religion et une adhésion à des valeurs. En Europe nous n’avons pas ces points communs… »
Hé bien Monsieur Carillon ça tombe bien en Suisse non plus ! Contrairement à une idée répandue en Suisse on ne parle pas le suisse, mais le Français, l’Allemand, l’Italien et le Romanche. Comment on se comprend ? Chacun fait l’effort d’apprendre la langue de l’autre (en plus de l’anglais bien entendu.)
Vous nous direz, il reste la religion ? Et bien non plus la guerre civile du Sonderbund a opposé en 1847 les cantons catholiques aux cantons protestants majoritaires.
Alors que reste-il ? Des valeurs communes ? Une histoire commune ?
Oui, effectivement, mais L’Europe en possède aussi. Comme quoi il est possible de bâtir une nation sur des valeurs ou une histoire partagée même avec des langues et des religions différentes. Quant à l’histoire Suisse elle est étrangement mêlée à celle des autres nations européennes, comme chaque pays européen d’ailleurs…
Alors si vous méconnaissez la Suisse, je vous en supplie cessez immédiatement de la citer systématiquement comme argument confirmant vos théories pudibondes.Et puis si vous pouviez aussi cessez votre ton bonimenteur et vos arguments réducteurs (le bien contre le mal), et puis aussi pendant que j’y suis votre ton paternaliste…
Réécouter l’émission : http://www.radiovl.fr/programmes/ca-derape
Directeur de rédaction : Baptiste Berard