Les cheveux emmitouflés dans un foulard islamique et les crampons aux pieds, la jeune Fatwa Nurjannah fait quelques dribbles sur le terrain de football. Elle espère, avec d’autres joueuses, pouvoir relancer le football féminin en Indonésie.
Des joueuses qui ont le vent en poupe
Le défi est particulièrement risqué dans un pays qui comprend une majorité (90%) de personnes de confession musulmane et où ce sport est considéré comme exclusivement masculin. Mais les Indonésiennes veulent y croire. Et leur récente participation au récent Championnat d’Asie du sud-est leur donne raison. Cette participation était une première pour l’Indonésie depuis 2011. Les joueuses entendent bien continuer sur cette lancée, quitte à défier les valeurs traditionnelles de leur pays. Tugiati Jawa raconte à l’AFP que son frère, au début réticent, s’est peu à peu fait à l’idée que sa sœur joue au foot : « Il disait que ce n’était pas convenable et que je devais rester à la cuisine pour préparer les repas. Mais maintenant que je gagne ma vie avec quelque chose que j’aime, il me soutient ».
Des footballeuses en herbe qui rêvent plus grand
De quoi donner de l’espoir aux autres filles du pays. D’autant plus que les talents féminins ne manquent pas dans l’archipel. Un tournoi de football avait été organisé par PLAN en 2012 entre 15 lycées professionnels. Les jeunes filles avaient été entraîné par deux anciennes joueuses hollandaises et membres de l’Association Hollandaise de Football, Hesterine De Reus et Gilanne Louwaars. Parmi elles, se profilaient de futures grandes joueuses, qui rêvaient de pouvoir un jour, participer à la Coupe du monde de football féminin. L’ambition est là, pourvu qu’elle y reste. Les conservateurs mettent leur veto sur le football féminin et ce n’est pas prêt de changer. C’est ce dont témoigne Tommy Welly, responsable de la Fédération indonésienne : « Il y a du potentiel et de l’intérêt, mais le handicap pour le football féminin en Indonésie, c’est la culture et les valeurs. ».
Clarisse Duppré