A peine j’ouvre les yeux (2015) est le dernier film de Leyla Bouzid. Une plongée dans l’univers de la jeunesse tunisienne peu avant la révolution de jasmin. Un coup de cœur! En salle en France depuis le 23 décembre et tout juste sorti en Tunisie, ce film est une pépite à découvrir absolument… pour ceux qui aiment la Tunisie, la liberté, la musique…
Une histoire de jeunes musiciens contestataires…
Été 2010, quelques mois avant la Révolution de Jasmin, Farah vient de réussir brillamment son baccalauréat et n’a qu’une envie : rejoindre son groupe de rock où elle chante pour donner une série de concerts. Mais voilà, sa mère ne l’entend pas de cette oreille. Sur les conseils d’un ami de longue date, elle tente par tous les moyens d’empêcher Farah de se rendre à son premier concert. Mais celle-ci brave tous les interdits et s’enfuit de chez elle pour la soirée afin d’aller chanter des chansons contre le régime de ZABA (Zine el-Abidine Ben Ali, ancien président tunisien au pouvoir depuis le 7 novembre 1987 après un coup d’État et jusqu’au 14 janvier 2011), car son groupe dénonce les travers de la société tunisienne et du régime.
…et la Tunisie ante-révolution, un régime répressif face à une société étouffée
Ce film esquisse un portrait de la Tunisie ante-révolution, celle que l’on ne voyait pas toujours lors d’un court séjour dans ce pays. La Tunisie où l’on ne pouvait pas facilement manifester, pas critiquer le régime. Et ce superbe film nous plonge dans cet univers petit à petit. A travers cette toute jeune chanteuse, épiée par les services de renseignement, car elle se rend dans des « bars à hommes » pour y chanter des chansons subversives. Vers la fin, la répression du régime tombe : la trahison, les interrogatoires, les personnes poussées dans leurs retranchements. Mais il faut toujours renaître de ses cendres…
Leyla Bouzid, une réalisatrice prometteuse
Fille du cinéaste Nouri Bouzid, Leyla est une jeune réalisatrice de talent comme le prouve ce premier long-métrage. Avec A peine j’ouvre les yeux, elle signe un film touchant, prenant et toujours juste sur cette Tunisie des beaux quartiers qui elle aussi n’en peut plus de ce régime oppresseur, tout cela sur fond d’histoire d’amour et de sons rock. Un bon moyen pour mieux percevoir ce pays avant sa révolution de jasmin qui a déclenché le printemps arabe. Tout y est, la Tunisie de tous les jours, l’esprit tunisien avec ces jeunes femmes épanouies qui ont envie de vivre comme elles l’entendent. Bref une pépite!