Enième remake d’un film en série tv, Animal Kingdom a fait ses débuts sur la chaine TNT ce 14 juin. Si le film australien s’est forgé une solide réputation méritée, la version télé dans laquelle Ellen Barkin tient le rôle pivot est t-elle à la hauteur ?
La vague de remakes et de reboots qui touche l’ensemble de l’industrie culturelle est désormais un fait établi qu’il convient d’analyser avec une certaine distance. Au-delà du scepticisme que cela peut engendrer, force est de constater qu’il faut faire avec et que la nostalgie se dissipera toujours derrière un business lucratif. La chaine TNT n’a pourtant pas choisi une marque mondialement connue en misant sur le thriller australien Animal Kingdom, réalisé par David Michôd et mettant en vedette Guy Pearce, Ben Mendelsohn et Joel Edgerton, mais la réputation flatteuse du film, amplement justifiée, peut expliquer ce choix. [youtube id= »7tuCQl1FHUM »]
L’action se déplace dans le sud de la Californie en lieu et place de Melbourne et suit l’arrivée chez sa grand-mère de Joshua J Cody (interprété par Finn Cole) après que sa mère meurt des suites d’une overdose. Seulement la famille baigne dans les crimes crapuleux et alors qu’il avait jusque là échappé à cet univers, le jeune homme doit désormais prouver sa loyauté à ses oncles, ces derniers obéissant au doigt et à l’œil à la matriarche du clan.
Si de prime abord Animal Kingdom ne semble pas réellement novatrice, que ce soit sur le plan narratif ou formel, la série fait suinter l’ambiguïté dans plusieurs séquences ce qui du coup lui confère un véritable ton et une identité, bien que l’univers nous semble familier. Cela permet de se trouver au cœur d’une ambiance à la fois oppressante et malsaine, avec des personnages qui sont tout sauf manichéens et avec lesquels on ne sait jamais trop sur quel pied danser. Le fait de laisser planer l’incertitude sur la véritable nature de certains d’entre eux, fait que l’on s’immerge dans cette famille avec la sensation d’avancer à tâtons sans réellement savoir ce qui va se passer ce qui permet à la série d’être d’entrée de jeu très addictive. Créée par Jonathan Lisco (Halt and catch fire, Southland) avec l’appui du vétéran John Wells (Urgences, Shameless US…) aux manettes et le concours de David Michôd, le réalisateur et scénariste du film à la production, Animal Kingdom, qui n’est pas sans rappeler tantôt Sons Of Anarchy, tantôt Ray Donovan se pare d’une violence palpable et d’une noirceur sous-jacente qui fait que l’on pressent l’embryon d’une tragédie grecque dont la série pourrait rapidement se parer.
Si tous les personnages ne semblent pas avoir encore la profondeur et la densité qui permettent aux grandes séries d’éclore, certains des comédiens tirent déjà parfaitement leur épingle du jeu dès ce pilote. C’est le cas d’Ellen Barkin (Sea Of Love, Another Happy Day) convaincante et troublante en mère de famille protectrice mais dont on se doute qu’elle cache son jeu ainsi que quelques secrets inavouables. Scott Speedman (Felicity) que l’on retrouve dans un rôle qui pourrait être d’envergure et le jeune Finn Cole sont également très bons. Si les autres personnages secondaires sont pour le moment réduits à des caricatures sans véritable profondeur, on se prend à croire en cet Animal Kingdom, en sa puissance féline, son instinct de prédateur, sa bestialité bouillonnante et l’on se dit que si tout cela est réuni, on tient peut-être une des grandes séries de cet été. On attendra malgré tout confirmation pour se prononcer définitivement mais ce premier épisode est une mise en bouche particulièrement alléchante.
Note de l’épisode 1: 7/10
Scénario: 6/10
Casting: 6/10
On y revient? 7/10
Crédit: TNT