Quantico, sorte d’association entre Grey’s Anatomy et Homeland arrive dès ce 12 juillet sur M6. Nouvelle bombe ou pétard mouillé ?
La force de Shonda Rhimes commence à se faire sentir en dehors même de ses séries. Le succès toujours plus grand de ses productions de Grey’s Anatomy à Scandal en passant par How to get away with murder, l’efficacité de ses scripts associée à des distributions jamais avares d’acteurs aux plastiques avantageuses commence à faire des émules qui espèrent sans doute réitérer le triomphe qu’est devenu au fil des ans cet univers appelé désormais tout simplement Shondaland. C’est clairement en tout cas ce que l’on ressent en découvrant le premier épisode de Quantico qui débarque en France cet été après avoir été l’une des curiosités de la saison sur ABC. Curiosité est d’ailleurs un bien grand mot, car la série aussi efficace et sympathique soit-elle ne révolutionne rien, mais elle réussit sa première mission qui est d’accrocher le téléspectateur et de le faire revenir pour la suite. En cela, cet épisode pilote est un modèle du genre. [youtube id= »ZWfsKGrfGxs »]
La série de Joshua Safran (Gossip Girl) a d’emblée tout pour plaire. Une dizaine de jeunes agents en formation pour intégrer le FBI sont réunis à l’académie de Quantico en Virginie avant que la série ne bascule neuf mois plus tard et que vient d’avoir lieu la plus grosse attaque terroriste sur le sol américain depuis le 11 septembre 2001. Et comme si tout cela ne suffisait pas, l’un de nos jeunes agents en serait responsable, tout l’enjeu de la série étant de découvrir lequel. En utilisant les ingrédients des séries de Shonda Rhimes (casting multi racial, enjeux dramatiques et romantiques qui s’entrecoisent, rebondissements incessants, montage cut, deux timelines parallèles…) et en saupoudrant tout cela d’un peu de Homeland et de 24, pour faire monter la tension crescendo, Quantico fait du neuf avec si ce n’est du vieux, à tout le moins avec du déjà vu. Fort heureusement, c’est suffisamment bien emballé pour que l’on devienne accro en 45 minutes extrêmement bien troussées. Les personnages présentent des caractéristiques diverses et variées bien que répondant à des archétypes, ce qui empêche d’avoir une profondeur significative à explorer pour chacun d’entre eux. Les deux timelines parallèles ainsi que la menace implicite que l’un des personnages auquel on est en train de s’attacher est peut-être l’instigateur de l’attentat, fait grimper le suspense et accentue du même coup l’implication du téléspectateur dans le processus narratif.
Qui est coupable ? Qui joue double jeu ? Comment les choses ont-t-elles pu conduire à cette situation dramatique ? Dès ce premier épisode, des twists à foison nous mettent en condition et les retournements de situation sont déjà l’apanage de la série. « Qui trop embrasse mal étreint », a-t-on coutume de dire, mais en l’espèce ce n’est pas vraiment gênant et ça participe au plaisir que l’on prend à suivre ce récit fort bien mené. On pressent évidemment le complot ourdi dans l’ombre à un haut niveau et ce sont ces éléments attendus qui desservent l’ambition de Quantico. Le plaisir a le mérite de ne pas en souffrir, mais il est difficile de prévoir comment tous ces rebondissements mis bout à bout pourront tenir sur la durée sans nuire à la crédibilité d’une intrigue déjà bien tarabiscotée. Sur un rythme tonitruant qui ne laisse que peu de place à la réflexion, ce premier épisode est une promesse qui demande confirmation, même si la recette éprouvée du mélange de thriller et de soap fonctionne toujours sans mal. Le gros problème de Quantico c’est son flagrant manque de personnalité. Formellement, la série ne se distingue jamais du tout venant des networks hollywoodiens. Mise en scène efficace, photographie clinquante sans être trop tape à l’œil, montage ultra soutenu, du bel ouvrage mais rien d’original.
Sa singularité, Quantico va la chercher dans son casting et notamment avec Priyanka Chopra, sublime comédienne (ancienne Miss Monde) dont la beauté n’est pas le seul atout car elle est également très talentueuse. Elle incarne Alex Parrish, personnage central du récit, initialement accusée de l’attentat (à tort ou pas) puis devant aider les autorités à comprendre ce qui s’est passé et à identifier le coupable. Si elle est le personnage pivot, les points de vue sont multiples, mais elle tire son épingle du jeu bien mieux que certains de ses partenaires manquant cruellement de charisme mais dont on attend d’en voir plus pour se faire un avis définitif. Au final, ce pilote fait le job même s’il ne cache pas ses filiations et utilise les mêmes ficelles que ses inspirations principales. On attendra de voir où la série va aller sur la durée et si elle parviendra à trouver son propre souffle pour sortir du lot. En attendant, on ne va pas se le cacher, c’est si bien fait qu’on devient très vite addict.
Note de l’épisode 1: 6/10
Scénario: 5/10
Casting: 6/10
On y revient? 7/10