Roadies, la première série signée Cameron Crowe qui parle de ces techniciens dans l’ombre des organisations de concerts donne-t-elle envie de prendre la route avec eux ?
Le réalisateur Cameron Crowe a été journaliste pour le magazine Rolling Stone avant de casser la baraque à Hollywood où son amour pour la musique a toujours transpiré d’une filmographie certes inégale mais sincère (Singles, Jerry Maguire, Rencontres à Elisabethtown…) dans laquelle la BO a toujours une place de choix. Mais c’est son film Presque Célèbre, récit semi-autobiographie d’où transparaissait le plus la personnalité d’un réalisateur foncièrement attachant, fou de musique et qui connait bien le milieu des concerts et des tournées pour les avoir suivies dans sa première vie de journaliste (il a également réalisé un documentaire sur Pearl Jam, Twenty). Avec Roadies, sa première série diffusée depuis le 26 juin sur Showtime, Cameron Crowe a l’occasion de rebattre les cartes après que son dernier film Aloha ne se soit crashé au box-office et ne soit même distribué dans certains territoires (dont la France) qu’en SVOD. En s’adjugeant les services entre autres de JJ Abrams à la production, Cameron Crowe a-t-il mis tous les atouts de son côté pour faire de Roadies une incontestable réussite ? [youtube id= »1WnLeNWBoMU »]
Les séries se déroulant dans un contexte musical n’ont pas vraiment le vent en poupe en ce moment (Nashville et Vinyl ont notamment connu des destins contrariés dernièrement), mais la particularité de Roadies est de s’attacher à l’envers du décor et, entre autres, à l’équipe technique qui permet de faire en sorte que la tournée du groupe (ici le groupe fictif The Staton-House Band) se déroule pour le mieux. C’est tout le staff, des producteurs aux techniciens de plus ou moins grande envergure dont nous allons suivre les pérégrinations non seulement dans leur univers professionnel mais aussi évidemment autour des liens qu’ils vont tisser. Roadies est avant tout une série de personnages. C’est du moins ce qu’induit ce pilote dénué d’une dramaturgie trop appuyée et qui nous séduit par son atmosphère délicieuse, son ton feel-good et sa bande-son renversante. La distribution forcément séduisante pour provoquer l’empathie nécessaire au ton employé est assurée par une ribambelle de comédiens au premier rang desquels émargent le trio central composé de Luke Wilson (Enlightened), Carla Gugino (Wayward Pines), Imogen Poots (Broadway Therapy). Avec eux, on se retrouve dans les alcôves des bureaux où se décident l’organisation et les set-lists mais également dans les loges des artistes et dans le sillage des preneurs de sons ou encore du montage de la scène, au milieu des flight case, des projecteurs et des micros. Certes tout cela ne permet pas de différencier les personnalités et le récit manque peut-être d’aspérités pour donner à l’ensemble une coloration moins proprette, mais Roadies est d’emblée extrêmement attachante et l’on se sent bien tout de suite dans cet univers qui transpire la passion et un mode de vie que tous ces personnages ont décidé d’adopter.
Sans doute un poil trop illustratif dans son exposition pourtant nécessaire à la mise en place de son univers, cet épisode pilote est néanmoins très réussi par cette manière qu’à Cameron Crowe de croquer des personnages en constant décalage et par ses dialogues enlevés. Il lui faudra peut-être par la suite donner plus de contraste aux personnages et aux situations pour que sa série ne finisse pas par être trop consensuelle et qu’elle ne devienne pas seulement la représentation à l’écran d’un monde policé. Car si le récit gagnerait à être moins lisse que ce qu’il montre, l’on pressent pourtant tout le potentiel que recèle cette série énergisante et pleine d’un charme suranné mais tellement agréable. La magnifique scène de fin de cet épisode dont on vous laissera vous délecter est à l’image de ce que Roadies pourrait très bien devenir : une friandise acidulée qui donne la pêche, enrobé d’un rythme qui fait taper du pied. En espérant que la lueur de la flamme du briquet dans l’immensité de la salle ne faiblisse pas.
Note de l’épisode 1: 7/10
Scénario: 6/10
Casting: 7/10
On y revient? 7/10
Crédit: Showtime