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Vu à la télé : Vice Principals, une comédie acide

Nouveauté estivale de HBO déjà diffusée en France sur OCS City, Vice Principals nous est présentée comme une comédie. Oui, mais alors une comédie grinçante, plus acide que drôle…

C’est quoi, Vice Principals ? Afin de s’occuper de sa femme atteinte d’un cancer, le principal du lycée d’une petite ville américaine (Bill Murray) prend sa retraire. Pour désigner son successeur il doit choisir entre les deux vice-directeurs, Neal Gamby (Danny McBride) et Lee Russell (Walton Goggins), deux sales types prêts à tous les coups bas pour obtenir le poste. Mais lorsqu’ils se voient préférer quelqu’un d’autre – en l’occurrence, Belinda Brown (Kimberly Herbert Gregory), une femme noire recrutée en externe –  leur sang ne fait qu’un tour : mettant leurs différends de côté, ils décident de s’allier pour écarter l’intruse, ruiner sa carrière, briser sa vie. La guerre est déclarée


En lisant le script de Vice Principals, on s’attend évidemment à une comédie – ce qu’elle est, dans un certain sens… Mais si l’on espère un humour léger et primesautier, on risque d’être déçu. Disons-le d’emblée : on ne rit pas franchement devant Vice Principals ; on rit jaune. Certes, il y a plusieurs scènes amusantes et quelques répliques bien envoyées, mais rien de vraiment hilarant. Et pourtant, la série est drôle, dès lors qu’on adhère à l’humour grinçant et à la critique sarcastique.

A cet égard, la scène d’ouverture donne le ton, avec les deux prétendants au poste de principal qui s’invectivent dans un langage fleuri ponctué de gestes obscènes, dans le dos d’un Bill Murray qui vient juste d’évoquer sa femme mourante, le tout sur fond de serment d’allégeance au drapeau américain flottant au vent. C’est politiquement incorrect mais plutôt drôle, et le reste de l’épisode est à l’avenant.

Prenez les deux anti-héros, Gamby et Russell. Le premier (excellent Danny McBride – vu notamment au cinéma dans Tonnerre sous les tropiques) est un acharné de la discipline, un loser divorcé sévère et intolérant, qui distribue allègrement les heures de colle et les suspensions. Le second (interprété par un Walton Goggins – The Shield, Justified – magistral, qui joue à la perfection l’hypocrite cauteleux) est son exact opposé : aussi apprécié de ses collègues et des étudiants que son adversaire est impopulaire, son air sympathique et chaleureux cache un tempérament vicieux et impitoyable. Inutile de dire que ces deux-là se fichent complètement des élèves et que le mot pédagogie est étranger à leur vocabulaire. Ce sont deux losers, déplaisants et pathétiques, dont la seule ambition dans la vie semble être de régner en petits despotes sur leur milieu professionnel. Impossible de s’attacher à eux, mais ils sont pourtant réjouissants dans leur totale négativité, et le côté caricatural des personnages est ici un réel atout. Reste à voir s’ils seront davantage approfondis dans les prochains épisodes – il y a largement matière, que la série verse dans la caricature (comme on s’y attend) ou qu’elle se révèle plus subtile que ce que l’on pensait. Fondamentalement, le scénario du pilote n’a rien d’original : on comprend dès le début où la série veut en venir, et de quelle manière les deux rivaux vont faire équipe pour abattre leur ennemie commune. Mais quelques gags sont inattendus, et les réparties cinglantes provoquent le ricanement à défaut de grands éclats de rire. Ce n’est pas un problème, car Vice Principals repose vraiment sur son ton acide et grinçant. Voire même dérangeant, vu la thématique qu’elle développe…

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Car enfin, de quoi s’agit-il ? De deux types blancs de la classe moyenne, racistes et sexistes, qui tentent de compenser l’échec et la frustration de leur vie privée en assouvissant leur ambition et qui jouissent de leur petit pouvoir – même s’il se limite à l’enceinte d’un lycée de province – en dégommant professionnellement une femme noire.  Et on y va fort, avec des héros qui s’en prennent pêle-mêle à la discrimination positive, aux femmes, aux noirs, et qui plaisantent sur les fusillades dans les lycées… Bref, ça appuie là où ça fait mal, et dans le contexte actuel – candidature de Donald Trump, question des armes à feu, mouvement Black lives matter – la résonance est troublante. C’est donc l’Amérique actuelle ou, du moins, une certaine Amérique que brocarde Vice Principals ; c’est ce qui fait son intérêt, mais c’est aussi sa limite. Un tel discours est peut-être nécessaire et salutaire, mais l’angle choisi n’est pas forcément le plus pertinent. La dénonciation reste équivoque – pas sûr qu’elle soit comprise par ceux qui sont visés – et le ton outrancier allié à l’absence de recul engendre par moment une impression de malaise. On devine déjà que la violence des deux héros ne fera que s’accroître et, à ce stade, on se demande jusqu’où la série pourra aller et on espère qu’elle tiendra la distance puisqu’a priori, une éventuelle saison 2 en 2017 conclurait l’histoire.

Il n’empêche que Vice Principals reste drôle – mais d’une drôlerie cruelle et offensive, redoutablement efficace dès lors que l’on adhère à ce type d’humour. La série a en tous cas le mérite de l’audace, et la célèbre citation de Michel Audiard colle parfaitement à ses deux protagonistes : « Les cons, ça ose tout ; c’est même à ça qu’on les reconnaît. »…

Vice Principalssur OCS City en US+24 le Lundi à 22H10

8 épisodes de 22’environ.

Crédit photos : HBO

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