A partir d’une approche chronologique des faits, le documentaire historique « Résistances – Héros de la première heure » (2015) de Laurent Jaoui permet d’appréhender la résistance française en moins de deux heures. Un documentaire d’une grande qualité.
Un documentaire éclairant sur un pan de l’histoire française mythifiée
Certes, vous savez que durant la Seconde guerre mondiale, une partie des Français se sont soulevés contre l’occupant et certains en savent bien plus comme ils sont inscrits en histoire. Cependant grâce aux documentaires diffusés ce soir sur France 3 dans le cadre des Lundi en histoires (ou ensuite en replay sur pluzz.fr), vous en saurez beaucoup plus ! Le documentaire Résistances – Héros de la première heure vous permettra de mieux comprendre et de cerner ce phénomène qu’a été la Résistance. En effet, à la fin de la Seconde guerre mondiale, celle-ci a été mythifiée et fortement mise en valeur, même si à partir des années 1970, les premiers travaux tentent de faire le point sur cette question, comme ceux de l’historien étasunien Robert Paxton, qui a beaucoup décrit le régime de Vichy et analysé également le rôle des résistants. Au-delà des nombreux ouvrages sur la question et des querelles d’historiens, ce documentaire fait le tour de la question en une heure cinquante et permet de faire le point sur cette épineuse question de l’histoire française récente.
Pour nous plonger dans cette histoire, le réalisateur Laurent Jaoui suit le parcours de quatre personnes : Marie-Madelaine Fourcade, Henri Fresnay, Christian Pineau et Roger Pannequin. Il utilise des images d’archives, classiques pour ce type de documentaire, mais pas seulement car des dessins reconstituent les scènes et anecdotes que lui ont raconté les résistants avec qui il a travaillé pour réaliser ce documentaire.
Un documentaire simple et bien construit
Loin des productions spectaculaires, ce documentaire plus simple nous livre l’histoire de la résistance française de façon chronologique. De ces balbutiements (avec la constitution de journaux) à son apogée, on suit le parcours de ces résistant(e)s de la première heure de divers endroits en France, qui vont constituer pour certains des réseaux d’une grande ampleur. Bien sûr, on passe par Lyon, capitale de la résistance, par Londres et d’autres contrées. On suit le parcours d’une femme et de plusieurs hommes, de personnes de droite et de gauche (comme Roger Pannequin, ce jeune communiste du nord de la France). On appréhende les errances de ces résistants, de cette résistance qui se cherche et qui se constitue, les errances du parti communiste français (suite à la signature du pacte germano-soviétique du 23 août 1939 signé par l’Allemand Ribbentrop et le soviétique Molotov). On peut mieux comprendre le rôle de De Gaulle. Et le documentaire nous montre la difficile constitution du Conseil National de la Résistance, car même si la fédération de tous réseaux s’avère nécessaire, celle-ci ne fut pas aisée. De plus, on voit tout ce qui peut faire partie de la vie des résistants : la rupture avec la famille, la clandestinité, la torture, les camps, les victoires, le maquis pour les jeunes qui fuient le Service de Travail Obligatoire (STO)… A travers le parcours de ces hommes de la résistance, on entraperçoit également celui de Jean Moulin, de Marseille au Fort Montluc.
Vous ne vous ennuierez donc pas durant presque deux heures, et à la fin du documentaire vous aurez l’impression d’en savoir beaucoup plus sur ces femmes et ces hommes de l’ombre qui se battaient contre l’occupation de la France…
Résistances – Héros de la première heure sera suivi d’un documentaire de Pierre Hurel dédié au rôle des femmes dans la Résistance : Résistantes (2015).