On savait déjà qu’il fallait être grand, beau et musclé pour travailler chez Abercrombie. On apprend aujourd’hui qu’un « guide des looks » a été créé pour les vendeurs et les modèles : coupes de cheveux « inacceptables », taille des ongles, barbe et tatouages interdits : tout le physique de leurs employés y est dicté et doit être naturel.
Déjà en 2005, aux États Unis, plusieurs plaignants affirmaient ne pas avoir été engagés à cause de leurs origines. Un accord de 50 millions de dollars a été conclu pour mettre fin à la procédure. En Angleterre Riam Dean, née sans avant-bras gauche, a été licenciée pour avoir refusé de porter un t-shirt.
« On n’engage que des gens beaux en magasins. Les gens beaux attirent les gens beaux et nous ne voulons vendre qu’aux gens beaux et cool. Les autres, on n’en veut pas ».
Un PDG controversé
Les propos de Mike Jeffries, ont défrayé la chronique en 2006. Contrairement aux autres marques, Abercrombie préfère brûler les vêtements retournés par des clients, de ne pas les offrir à des associations caritatives. Qu’importe le défaut, qu’il s’agisse d’un raccommodage ou d’un accroc.
« Abercrombie & Fitch ne veut pas laisser penser que n’importe qui, une personne pauvre, peut porter ses vêtements. Seules les personnes d’une certaine stature peuvent acheter et porter le nom de la compagnie », justifie Mike Jeffries.
Le magasin parisien visé par une enquête
Mi-juillet, le Défenseur des droits, Dominique Baudis a enquêté sur le recrutement d’Abercrombie and Fitch qui « semble fonder ses pratiques de recrutement sur des critères discriminatoires et notamment l’apparence physique ». Des propos confirmé par C., étudiante de 20 ans qui y travaille depuis un an : « on te fait croire que bosser à A&F c’est dingue. On te dit que tu fais partie de l’élite, recrutement sur le physique oblige. Et surtout, on te rappelle sans cesse que notre magasin à un certain standard que beaucoup de marques n’ont pas. »
Pourtant, le magasin parisien semble être moins regardant sur le physique de ses employés : « On avait des personnes vraiment enrobées avant et elles étaient en boutique. On ne cache personne à Paris. Ça été le cas à Londres et je pense qu’ils ont compris la leçon ».
La firme new-yorkaise a également retiré les tailles XL et XXL de ses rayons, quand 34% des américains sont obèses. « S’il n’y a pas la taille pour une femme, on l’envoie dans la collection homme au niveau des sweats. Après, on s’excuse poliment », nous confie C. qui affronte des clients mécontents : « Comment ça vous ne faites pas XL ? Vous pensez qu’on est tous anorexique comme vous ? »
Malgré ça, C. est satisfaite de son emploi : « l’équipe est géniale, c’est une grande famille. C’est agréable, tant que tu n’es pas en contact avec les clients où là, on doit être irréprochable. »
Crédit photo : Abercrombie&Fitch, via www.progressillinois.com