Le 15 avril 2015, un proche de la présidente de la République du Brésil a été arrêté dans l’affaire corruption autour du géant pétrolier Petrobras qui secoue le pays depuis plusieurs semaines.
L’étau se resserre autour d’une présidente réélue, il y a seulement cinq mois, et déjà au fond du fond dans les sondages d’opinion. Les raisons: une croissance faible, une inflation à 7,7% et le retour du chômage après une période de quasi plein-emploi. Avec les arrestations, la semaine dernière, du président du Sénat, Renan Calheiros ainsi que celui de la Chambre des députés, Henrique Edouardo Alves, c’est au tour de Joao Vaccari Neto d’être mis en détention. C’est ainsi le troisième proche de Dilma Rousseff qui fait l’objet d’une telle décision du parquet. En effet, les présidents, tous deux membres du Parti du mouvement démocratique brésilien font partie de la coalition autour du Parti des Travailleurs (PT) dont Joao Viccari Neto est le trésorier. Dilma Rousseff a donc perdu une grande partie de son électorat et une chose est sûre, cette affaire de corruption n’arrangera rien.
Le trésorier du PT en détention.
Joao Vaccari Neto n’exerce pas une fonction anodine, il est le trésorier d’un parti au pouvoir et qui a dépensé des sommes astronomiques durant la campagne présidentielle d’octobre dernier. S’il a été placé en détention et accusé de blanchiment d’argent, d’avoir reçu des pots-de-vin entre 2004 et 2014, il nie tout en bloc. Une négation qui ne lui a pas permis d’éviter un séjour à la prison de Curitiba (Parana).
Fin mars, la justice brésilienne avait établi une liste de 27 personnalités renvoyées devant les juges dans le cadre de l’enquête sur ce scandale de corruption, dont Joao Vaccari Neto. Cependant, il n’avait pas été transféré dans un centre pénitentiaire, ni présenté devant une juge de première instance mais laissé en liberté. Depuis le 15 avril, c’est chose faite mais à titre préventif. Dès l’annonce de son arrestation, il a demandé à être écarté de ses fonctions de trésorier.
« Faire cesser une série de délits ».
La justice brésilienne a pris cette décision afin « de faire cesser une série de délits, ainsi que par la gravité es faits auxquels il a activement participé » a indiqué le parquet dans un communiqué. Si la détention à titre provisoire n’est pas surprenante en soit puisque ce peut être le cas lors d’une garde à vue prolongée ou par une décision du juge de la détention et des libertés en France. La présomption d’innocence n’est clairement pas respectée dans cette affaire.
Si sa participation est effectivement prouvée par l’enquête, rien ne permet d’assurer que le financement de la campagne présidentielle de Dilma Rousseff n’a pas été entaché par l’utilisation de fonds issus de ce scandale de corruption. Mais, selon le ministère fédéral, cinq inculpés , qui collaborent avec la justice dans l’espoir d’obtenir une rédaction de peine ont affirmé que Mr Vaccari opérait, pour le compte du Parti des Travailleurs, dans ce réseau de corruption. L’entrepreneur Augusto Mendonça, l’un d’eux aurait même accusé le trésorier d’avoir versé 307 000 euros, soit plus d’un millions de reais sur le compte d’une société spécialisée dans l’édition graphique liée à la Centrale syndicale des travailleurs unis (CUT).
Le PT soutien son trésorier mais n’est pas surpris de son arrestation.
Dans un communiqué de presse, le PT de Dilma Rousseff a déclaré que la détention de Joao Vaccari était « injustifiée puisque, depuis le début de l’enquête, il s’est toujours mis à la disposition des autorités » et affirmé « sa solidarité et sa confiance en l’innocence de Joao Vaccari jusqu’à preuve du contraire ».
Cette arrestation n’est pourtant pas une surprise. Bien qu’elle aie pris de cours les dirigeants du parti, il faut souligner qu’André Vargas, un ex-député PT, a été mis en détention pour la même affaire vendredi dernier.