L’Etat islamique a revendiqué l’attentat meurtrier qui s’est déroulé ce samedi à Kaboul et qui a fait 80 morts dans la communauté chiite, spécialement visée. « 80 personnes ont été tuées et 231 blessées », selon le bilan communiqué en début de soirée par le ministère de l’Intérieur. Via son agence de presse AMAQ, l’EI a signifié que « deux combattants de l’État islamique ont fait exploser leurs ceintures explosives lors d’un rassemblement chiite dans le quartier Dehmazang à Kaboul en Afghanistan ».
Selon les services de renseignement afghans, le NDS, « trois assaillants ont participé à l’attaque dont un seul a réussi », ce qui laisse entendre que le bilan aurait pu être pire. « Le premier a déclenché ses explosifs, le deuxième n’a que partiellement réussi mais l’explosion l’a tué et le troisième a été abattu par les agents du NDS », a détaillé cette source.
« Des dizaines de corps (…), certains totalement démembrés »
Cet attentat est le premier de cette ampleur en Afghanistan revendiqué par l’EI à Kaboul depuis son implantation dans le pays, principalement à l’est, début 2015. Un photographe de l’AFP a voulu témoigné du carnage auquel il a assisté : « Quand je suis arrivé sur place il y avait des dizaines de corps, plus de vingt que j’ai pu compter, certains totalement démembrés. « J’ai vu d’autres corps mutilés, embarqués à l’arrière d’un véhicule de la police. Il y a des mares de sang partout ».
Des images insoutenables postées sur les réseaux sociaux montraient des corps martyrisés, à demi-dénudés, gisant au sol au milieu des débris. « J’ai entendu un bruit sourd tout près de mon oreille », a raconté un organisateur du défilé témoin de la scène, Jawad Naji. « Il y a beaucoup de morts et de blessés autour de moi, je ne sais plus où je suis ».
Les hazaras : une minorité persécutée depuis longtemps
L’attentat s’est produit en fin de cortège, alors que les manifestants protestaient dans le calme depuis le matin contre un projet de ligne à haute tension qui délaisse leur territoire, dans la province de Bamiyan (centre). Pour les dirigeants hazaras, ce projet de tracé constituait une discrimination de plus envers leur communauté et leur province, la moins développée d’Afghanistan.
Peuplée de 3 millions de personnes, cette communauté est persécutée depuis des décennies. A la fin des années 1990, des milliers de hazaras ont été tués par Al-Qaïda et les talibans, plus souvent des pachtounes sunnites.
Les hazaras ont très souvent protesté contre les massacres dont ils ont depuis longtemps été victimes. Source : http://english.irib.ir/
Le mouvement taliban a rapidement démenti toute responsabilité dans un communiqué et dénoncé des « tentatives de divisions » au sein du peuple afghan. Dans une allocution, le président afghan Ashraf Ghani a annoncé « une journée de deuil national dimanche » et juré de « venger » les victimes de l’attentat « en poursuivant leurs auteurs où qu’ils se trouvent ». Il avait auparavant précisé que des membres des forces de sécurité figuraient parmi les victimes. Ces derniers mois, elle a subi des enlèvements et des assassinats.
La sécurité en Afghanistan s’est fortement dégradé ces dernièrs mois, suite au départ d’une grande partie des troupes étrangères. Ce qui a convaincu les Etats-Unis de prolonger leur présence militaire dans le pays. 8400 soldats américains resteront donc déployés sur place jusqu’au début de 2017, contre les 5 500 prévus initialement.