Atmosphère urbaine, travail de l’ouvrier, paysages naturels… Du 15 juin au 12 septembre 2016, une exposition met à l’honneur l’oeuvre du photographe Louis Stettner dans la Galerie de photographies du Centre Pompidou.
Puissante et poétique. Ainsi pourrait-on résumer la collection Louis Stettner, exposée au Centre Pompidou jusqu’au 12 septembre. Né à Brooklyn en 1922, Louis Stettner débute dans les années 1930. Après son engagement militaire dans le Pacifique, il découvre Paris en 1946, où il réside durant une grande partie de sa vie. Il ne cessera alors d’arpenter les deux continents, à la recherche d’instants inoubliables à photographier.
Regroupant une centaine de clichés photographiés durant huit décennies de travail, la rétrospective permet d’appréhender le travail de cet artiste unique. Chaque série est accompagnée de citations du photographe, qui nous fait ainsi ressentir les atmosphères si particulières qu’il a immortalisées. Du Paris de 1945 jusqu’à ces dernières photographies, prises dans le massif des Alpilles, son travail révèle son intérêt constant pour l’être humain et le monde qui l’entoure.
L’exposition s’ouvre sur sa première série, réalisée dans le Paris de l’après-guerre. Elle montre les rues désertes et les commerçants devant leur échoppe.
« Paris se relevait doucement de la guerre […]. Il y avait d’ailleurs peu de monde dans les rues et pas une automobile. Petit à petit, la joie est revenue… Paris a retrouvé son visage du gai Paris. » L.S.
L’artiste s’est ensuite intéressé à la beauté des gestes et des corps, photographiant des silhouettes nonchalamment étendues dans les métros ou sur les bancs.
« Les gens m’intéressent davantage quand leurs corps sont détendus, relâchés, que lorsqu’ils sont dans la précipitation. L’âme transparaît plus alors. Je n’ai pas d’idée précise en tête, je n’intellectualise pas. Je vais vers ce qui me touche, m’émeut par son sens, sa profondeur. ». L.S.
Cette étude des corps le conduit alors à s’intéresser aux ouvriers, à leur gestuelle précise et technique. Loin de les représenter comme de brutales machines, ce marxiste affirmé sublime leur talent avec respect et admiration.
« J’ai toujours eu de l’affection pour les travailleurs : ils nous nourrissent, ils nous font vivre ! […] Le visage de ces hommes et femmes est magnifique, et leur personne tout autant ! ». L.S.
Après avoir photographié les hommes, Louis Stettner s’intéresse finalement à l’environnement qui les entoure : l’air, les éléments, la nature dans ce qu’elle a de plus mystérieux.
« Je m’intéresse à la qualité de l’air, de la neige, de la pluie… […] Tout est vivant : le temps qu’il fait, la pluie, tout, et on ne le maîtrise pas. Je m’intéresse à ce qu’offre la vie. […] Peu importait le sujet. Il fallait que ça vive. » L.S.
Photo à la Une: Louis Stettner, « Tony », de la série « Pepe et Tony, Pêcheurs espagnols », Ibiza, Espagne, 1956. © Centre Pompidou/Dist. RMN-GP © Louis Stettner