A l’âge de 88 ans, Alain Delon, le monstre sacré du cinéma français nous a quittés, laissant derrière lui une carrière impressionnante et une marque indéfectible aux yeux du monde entier.
« J’avais un physique de jeune premier » disait-il. Son enfance est obscure, un peu floue. Un peu floue, puis de plus en plus nette, telle est en revanche son arrivée sur les écrans de cinéma. Il prenait toute la place, et pourtant il était difficile de le déchiffrer. Il était toujours là et pourtant il était ailleurs, il était au-dessus. Alain Delon. Après un CAP boucherie, il s’engage dans les forces armées et combat en Indochine. Puis il déserte et s’installe à Paris. Il a 20 ans, enchaîne les petits boulots mais s’affiche dans les lieux les plus courus aux bras des plus belles femmes.
Delon sait qu’il est beau ; il a conscience des regards qui se posent sur lui et il s’en fout. Il est l’enfant dont on ne voulait pas et qui maintenant s’exprime et désespère, jetant son ressentiment à la gueule de ceux qui l’envient. Alain vit à Montmartre la vie de bohème qu’il imaginait facile. Il court les rues, les bars, les fêtes ; il s’amuse et rencontre Brigitte Aubert qui prend affectueusement conscience de son charme et l’introduit auprès de son mari, Claude Brialy. Cette rencontre marque un tournant dans la carrière de l’acteur.
L’acteur français a commencé sa carrière au cinéma dans les années 1950, se forgeant rapidement une réputation d’acteur talentueux et polyvalent. Ses collaborations fructueuses avec des réalisateurs de renom tels que Luchino Visconti, Jean-Pierre Melville et Michelangelo Antonioni ont donné naissance à des films devenus des classiques du septième art. Des rôles emblématiques, tels que celui du tueur solitaire dans « Le Samouraï » (1967) ou du commissaire dans « Le Cercle Rouge » (1970), ont solidifié sa position parmi les plus grands acteurs de sa génération.
Mais c’est sans doute son interprétation magistrale dans « Rocco et ses frères » (1960) qui reste gravée dans les mémoires comme l’un de ses rôles les plus marquants. Sa performance en tant que Rocco, le jeune immigrant italien qui lutte pour s’intégrer dans une société hostile, a suscité l’admiration unanime de la critique et du public. Delon a su donner vie à ce personnage avec une intensité émotionnelle inégalée, démontrant ainsi son incroyable talent d’acteur. Au fil des années, Alain Delon a accumulé une filmographie riche et variée, explorant une multitude de genres et de registres.
Des drames romantiques aux thrillers en passant par les films d’action, il a prouvé sa capacité à se réinventer et à s’adapter à tous les types de rôles. Son charme magnétique lui a valu d’être considéré comme l’un des acteurs les plus séduisants de l’époque, faisant de lui un véritable sex-symbol.
On peut retenir également le film Plein Soleil qui représente à la fois le sommet et le début d’une autre dimension, celle dans laquelle Delon devient l’idole d’une génération. Visconti, Melville, Deray… Tous cherchent à tourner avec lui. Delon restera toujours de marbre, insaisissable et fascinant : un félin dont la beauté funeste ne peut laisser insensible. Avec sa mort, c’est toute une génération du cinéma qui s’en va, la star rejoint les étoiles ou il retrouvera les femmes de sa vie : Romy Schneider, Mireille Darc, Nathalie Delon…« Les femmes m’ont sauvé, sans elles j’aurais mal tourné », se plaisait-il à dire. Il ajoutait : « Pour elles, j’ai voulu être le plus grand, le plus beau, le plus fort ».