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Album de reprises : contrefaçon ou réinvention ?

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Ce vendredi 21 octobre, le chanteur Matt Pokora a sorti son nouveau disque. Intitulé My Way, cet album de reprises des chansons de Claude François a suscité autant d’éloges que de critiques. Bel hommage pour certains, honteux pillage pour d’autres, le clivage réapparaît dès qu’un artiste reprend les titres de l’un de ses aînés.

« Le plus grand « pilleur » de la chanson française a encore frappé ! » C’est ainsi que Le Figaro qualifiait Matt Pokora dans un article du 21 octobre 2016. La raison d’une telle injure ? Après avoir déjà chanté certains titres de Jean-Jacques Goldman en 2011, le chanteur sort son septième album, My way, composé de douze reprises des titres de Claude François (Belinda, Cette année-là…). Récusant l’argument de l’hommage, le quotidien estime que Matt Pokora « assassine » le roi du disco afin de s’assurer « un joli succès commercial ».

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L’album de reprises, un concept critiqué

Loin d’être extravagante, cette critique est fréquemment émise par les professionnels de la musique et sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes récusent en effet l’argument de l’hommage et dénoncent ce qu’ils estiment être un simple manque d’originalité. Il faut dire que le chanteur de 31 ans a même fait éditer un numéro exceptionnel de Podium, le célèbre magazine de Claude François, pour l’occasion.

De manière plus générale, les albums de reprises se voient souvent dénigrés. Pourquoi en effet vouloir moderniser des œuvres considérées comme intemporelles ? Leurs auteurs se voient accusés de piller les monuments de la chanson, mais aussi parfois de les contrefaire, en voulant les égaler.

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Ainsi, début 2016, plusieurs artistes (Zaho, Joseph Salvat, Nolwenn, ou encore Marina Kaye) participaient à Balavoine(s), un album de reprises des titres de l’enfant d’Alençon, 30 ans après sa disparition. Le résultat avait alors été très mal accueilli par la critique, qui avait estimé que les artistes n’étaient pas à la hauteur d’une telle légende.

Des œuvres réinventées ?

Il arrive néanmoins que les nouvelles versions rendent un véritable hommage aux titres originaux. Instruments, sonorités, chorégraphies : les « repreneurs » apportent généralement leur signature à ces chansons qu’ils modernisent. Dans le cas de My Way, Matt Pokora apporte une touche de funk aux titres de Cloclo. Il a su se réapproprier les chansons de la légende du disco, de sorte que les auditeurs reconnaîtront son univers dynamique et dansant.

S’il est vrai que les paroles et les mélodies demeurent les mêmes, il semble injuste d’estimer que tout album de reprises ne représente qu’une contrefaçon. En effet, que l’on aime ou non les nouvelles versions proposées, un véritable travail est effectué par les artistes.

Autre avantage : ces disques permettent à la jeune génération de (re)découvrir les musiques qui ont fait vibrer ses aînés. Et s’ils apprécient les singles modernisés, peut-être souhaiteront-ils (ré)écouter les titres originaux. On écrit sur les murs chanté par les Kids United aura ainsi permis la (re)découverte du titre de Demis Roussos.

Interpréter oui, mais aussi créer

Si la reprise des succès d’hier implique un véritable travail, elle ne doit pas se substituer à la création de nouveaux hits. La multiplication des albums hommages par un seul artiste donne en effet le sentiment que l’artiste reprend les chansons des autres à défaut d’en créer lui-même. Jenifer a par exemple repris les titres de France Gall avant de collaborer à l’hommage à Daniel Balavoine.

Le défaut de Matt Pokora n’est donc pas tant d’avoir repris Cloclo que d’avoir déjà chanté certains titres de Jean-Jacques Goldman (Envole-moi, À nos actes manqués). Il serait désormais intéressant de le voir proposer ses propres titres.

Interrogé par Le Figaro, Fabien Lecoeuvre, grand spécialiste de la chanson française, estime que Matt Pokora « est un bon chanteur, un bon danseur, un bon interprète, mais pas un créateur. Il n’a pas de chanson à lui. […] Matt Pokora n’a fait quasiment que des reprises de succès d’hier. »

Il demeure donc regrettable que certains artistes se concentrent sur les albums de reprises, quoique réussis, plutôt que sur la création de nouveaux titres. Surtout que leur talent et leur univers personnel leur assureraient également un joli succès et permettraient un renouvellement du paysage musical français.

Crédit Photo à la Une : AFP PHOTO VALERY HACHE

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