Depuis le 1er février, Alep, deuxième ville de Syrie, est prise en étau entre les troupes pro-gouvernementales et les forces de l’opposition. Les réfugiés affluent vers la frontière turque, tandis que les Russes, premier soutien de Bachar-Al-Assad, continuent de pilonner la ville.
Les pourparlers de paix qui avaient débuté à Genève le 29 janvier dernier avaient offert aux commentateurs les plus optimistes, une perspective d’espoir : peut-être entrapercevait-on enfin une résolution de la crise syrienne.
Ces négociations sont le produit de la résolution 2254, résolution adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU en décembre dernier. Elles avaient pour objet de lancer un processus de transition qui devait aboutir à la tenue d’élections démocratiques.
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Alep attaquée
La situation n’était plus tenable. En effet, les troupes loyalistes, appuyées par des milices chiites venues des quatre coins du Proche-Orient, et surtout par des frappes aériennes russes, ont lancé le 1er février l’assaut contre la ville d’Alep. Deuxième ville du pays et capitale économique de la Syrie, Alep était aux mains des insurgés depuis 2012.
Cette ville du nord-est syrien constitue un point stratégique car elle est située non loin de la frontière turco-syrienne. Ainsi, l’objectif des troupes pro-Bachar est de bloquer les canaux de transmission qui permettent l’acheminement des armes envoyées par la Turquie aux rebelles syriens. Ces derniers – de nature hétérogène car comprenant la force d’opposition modérée Armée Syrienne libre ou le groupe Al-Nosra, filiale syrienne d’Al-Qaida – sont ainsi en net recul face aux forces gouvernementales. Impossible, donc, de continuer les négociations dans un contexte où l’un des deux partis, en position de force, n’y a plus aucun intérêt.
Alep, prise en étau, est donc devenue le théâtre d’affrontements entre anti et pro-Assad. L’assaut entraîne depuis le 1er février, le déplacement de milliers d’Alépins qui fuient les combats et les frappes aériennes russes, frappes qui pilonnent la ville sans relâche depuis plusieurs mois.
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Les réfugiés affluent aux abords de la Turquie
Ce sont plus de 30 000 réfugiés qui stationnent aujourd’hui à la frontière turque, toujours fermée malgré l’engagement pris par le président Turc Recep Tayyip Erdogan de ne pas refouler à ses frontières les syriens qui s’y massent.
Il faut dire que la Turquie a déjà accueilli 2,5 millions de réfugiés sur son territoire. Parmi ces 2,5 millions, seules 300 000 personnes sont hébergées dans des camps. Les autres sont ainsi livrés à eux-mêmes, sans moyen de se loger ou de se nourrir décemment. L’Europe, cherchant à endiguer le flux de réfugiés qui cherchent chaque jour à gagner ses terres, s’est engagée à lui verser une somme de 3 milliards d’euros. Ainsi Ankara, dotée de moyens supplémentaires, pourrait offrir un meilleur accueil à ces réfugiés et les empêcher de gagner les îles grecques, premier point d’entrée vers le continent européen.
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La Russie au service de Bachar
Aux vues de la violence dont font preuve Bachar Al-Assad et ses soutiens russes, la situation semble inextricable, tant, chaque jour, toujours plus de syriens sont poussés aux portes des villes.
C’est pourtant cette même Russie, travaillant chaque jour à la victoire d’un gouvernement assassin, qui fut en décembre 2015 acteur des négociations ayant permis l’adoption de la résolution onusienne 2254. Aujourd’hui, force est de constater qu’elle ne peut plus constituer un interlocuteur crédible pour les puissances occidentales qui cherchent à trouver une sortie de crise au conflit syrien.
L’objectif de la Russie est en effet clairement affiché : réhabiliter Bachar Al-Assad en l’imposant comme la seule alternative possible à l’organisation Etat Islamique. Pour ce faire, la Russie vise en premier lieu l’opposition syrienne modérée. Aujourd’hui, Alep en paye le prix. Et les conséquences sont innombrables, tant pour la Syrie et ses voisins que pour l’Europe, qui ne peut que constater un flux toujours plus important de migrants cherchant à gagner le continent.
Cependant, les pourparlers de paix ne sont pas arrêtés mais suspendus. L’espoir est permis, mais face à une telle escalade de la violence, comment parvenir à instaurer ne serait-ce que l’amorce d’un dialogue ?