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Alexeï Navalny, principal opposant de Poutine, condamné à 5 ans de prison

Le verdict est tombé ce jeudi matin: le principal opposant du président russe Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, a été reconnu coupable de détournement de fonds dans une affaire qu’il affirme « fabriquée de toute pièce ». Il est condamné à 5 ans de prison par le tribunal de Kirov. Son co-accusé, l’entrepreneur Piotr Ofitserov, a reçu lui une peine de quatre ans. L’avocat, ou plutôt ex-avocat, pourfendeur de la lutte anti-corruption, se dit victime d’une « vengeance du Kremlin ».

L’homme de 37 ans, blogueur célèbre en Russie et farouche critique du chef du Kremlin, était accusé d’avoir organisé en 2009 le détournement de 16 millions de roubles (soit environ 400 000 euros) au détriment d’une exploitation forestière, alors qu’il officiait dans le cabinet du gouverneur de la région. Il était, depuis fin 2011, l’un des principaux porte-parole du mouvement de contestation concernant les fraudes aux dernières élections législatives.

Avant d’être arrêté, il aura tout juste eu le temps de laisser un dernier tweet : « C’est fait. Ne soyez pas tristes. L’essentiel c’est que vous restiez mobilisés. » Il a eu juste eu le temps de dire au revoir à ses parents et à sa femme. D’abord impassible, cette dernière s’est ensuite exprimée brièvement, affirmant que l’association du lutte contre la corruption de son mari continuera son combat.

 

Une sentence excessive

Si l’on s’attendait à sa condamnation, l’on ne s’attendait en revanche pas à une peine aussi sévère. Ce par quoi se justifie le juge Sergueï Blinov par la « gravité du crime » et du « danger qu’il représente pour la société ».

Alexeï Navalny et sa famille au tribunal de Kirov, après prononciation de la sentence, juste avant d'être menotté

Alexeï Navalny et sa famille au tribunal de Kirov, après prononciation de la sentence, juste avant d’être menotté

Navalny a pourtant assuré catégoriquement que la quasi-totalité de la somme en cause a été versée à la société, société dont il n’est pas bénéficiaire, et que le reste constituait la marge de la société ayant effectué la transaction. « Trente-cinq témoins de l’accusation ont témoigné en ma faveur. Le juge a refusé d’entendre les témoins de la défense, d’ordonner une expertise indépendante », a dénoncé l’accusé dans un entretien accordé mercredi au quotidien Moskovski Komsomolets. « Mais même les expertises qui figurent dans l’affaire contredisent l’acte d’accusation », a-t-il ajouté.

L’ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev a dénoncé dans un communiqué une utilisation « inacceptable » de la justice contre un adversaire politique. Il a ajouté que l’affaire « confirme malheureusement le fait que nous n’avons pas une justice indépendante ». Boris Nemtsov, ex-vice-Premier ministre de Boris Eltsine a dénoncé une affaire « fabriquée du début à la fin ». Mikhaïl Khodorkovski, ex-milliardaire et contradicteur du Kremlin emprisonné lui aussi, a appelé les Russes à résister à la « machine répressive » dans un message. La France s’est pour sa part dit « préoccupée » par cette condamnation.

 

Un coup monté avant les élections de 2018 ?

Serait-ce donc sa participation dans l’échiquier politique russe qui fait qu’il est condamné aussi sévèrement plus que laffaire en elle-même ? C’est une forte possibilité…

Ce qui est sûr désormais, c’est que Navalny peut dire adieu à sa carrière politique. Car qui dit condamnation dit, tout comme en France, interdiction d’éligibilité. Une sanction qui sonne comme un sous-entendu pour un homme qui terminera sa peine en plein pendant les prochaines élections présidentielles. Lui qui comptait aussi se présenter comme candidat à la mairie de Moscou, sa candidature ayant été validé la veille de la condamnation.

 

Après l’affaire des Pussy Riot l’été dernier, cette affaire retentit à nouveau comme étant le dernier acte d’une justice contrôlée par le Kremlin, d’un cercle politique oligarchique en général qui ne souhaite s’ouvrir au pluralisme politique. Alors si Poutine peut être apprécié pour l’efficience économique dont il est part (monopole du gaz exclus !), il a en revanche de net progrès à accomplir en ce qui concerne la liberté d’expression, et la démocratie de manière générale. En tout cas, il ne devrait délaisser son trône de sitôt !

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