Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée, est accusé de conflit d’intérêts par Médiapart. L’Elysée doit surmonter le scandale et M. Kohler, faire face à plusieurs dépôts de plainte.
C’est une affaire trouble pour l’Elysée et son secrétaire général, Alexis Kohler. Le bras droit d’Emmanuel Macron, grand soutien pendant sa campagne présidentielle, est accusé de conflit d’intérêts. Mercredi 8 août, l’association anticorruption Anticor dépose une plainte complémentaire pour « prise d’intérêt illégale« . Il est reproché au second de l’Elysée d’avoir siégé entre 2010 et 2012, au conseil de surveillance du Grand Port Mairtime du Havre (GPMH) en tant que représentant de l’Agence des Participations de l’Etat (APE). Le secrétaire général était accompagné du Premier minisitre, Edouard Philippe, alors maire de la ville.
Les prémices d’une affaire d’Etat, Anticor porte plainte
Le scandale naît en mai. L’association Anticor porte plainte et reproche au représentant de l’Etat d’avoir siégé, en 2010, au conseil d’administration de STX France (chantiers navals de Saint-Nazaire), principal client de MSC. Le souci réside auprès de l’armateur MSC, fondé et dirigé par des cousins de la mère d’Alexis Kohler. En effet, l’entreprise est cofondée par la cousine germaine de sa mère, Rafaela Aponte, épouse du propriétaire de la société. Dès lors, le parquet national financier (PNF) décide d’ouvrir une enquête sur les conditions dans lesquelles la commission déontologique a permis un tel départ vers le privé après un refus en 2014. En août 2016, Alexis Kohler occupera le poste de directeur financier chez l’armateur.
Le 6 août 2018, le site d’information publie des documents qui révèlent les prises de position de M. Kohler en faveur du groupe familial MSC. Anticor dépose une plainte complémentaire le 8 août, pour « prise d’intérêt illégale« , « trafic d’influence » et « corruption passive« . « Les procès-verbaux du conseil de GPMH ne laissent aucun doute : Alexis Kohler ne s’est jamais déporté quand MSC était concerné. Il a participé à toutes les délibérations, y compris celles concernant l’armateur italo-suisse. Une fois au moins, il a même voté une disposition, mettant en jeu de l’argent public, favorable à MSC« , déclare Médiapart. Le représentant de l’Etat a fait entendre sa voix lors de deux réunions (en septembre 2010 et 2011) et a voté en faveur de contrats futurs entre GPMH et le Terminal Normandie MSC (TNMSC), filiale française de l’armateur, acteur de l’extension du port. Il occupait alors une place au conseil de surveillance du GPMH entre 2010 et 2012, aux côtés du Premier ministre actuel.
Des anciens membres du conseil de surveillance du port du Havre, interrogés par le site d’information ont révélé « qu’ils ignoraient tout de la situation familiale d’Alexis Kohler et qu’ils sont tombés des nues quand ils ont découvert très récemment ses liens avec MSC« . L’Elysée, de son côté, a souhaité garder le silence et ne faire « aucun commentaire« .