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Anne Dudley (Poldark) | Seriefonia

Une fois n’est pas coutume mais une compositrice est à l’honneur en la personne d’Anne Dudley, à qui l’on doit notamment la partition de Poldark.

[« SérieFonia : Season IV : Opening Credits » – Jérôme Marie]

[« EXTRAIT AUDIO – POLDARK »]

[« Poldark – Where the Land Meets the Sea » – Anne Dudley]

Non, malheureusement, il n’y a toujours aucun signe à l’horizon des falaises de Cornouailles qui permettrait de croire qu’une sixième saison de Poldark est en route… Mais est-ce là une raison suffisante pour priver la compositrice Anne Dudley d’avoir enfin son p’tit SérieFonia rien qu’à elle ?! Bien sûr que non. D’autant que sa carrière est bien loin de se limiter à cela. Pour tout vous dire, la première fois que j’ai acheté l’une de ses musiques de films, c’était en 1992… et en cassette… Juste après être sorti d’une séance de Knight Moves, Face à Face en français, un thriller sur fond de meurtre et de parties d’échecs avec notre Christophe Lambert national, alors au top de sa popularité…  

[« Knight Moves – The Tarakoss Opening » – Anne Dudley]

Alors OK, pour qui a suivi Le jeu de la Dame, le suspense d’un Knight Moves a de quoi aujourd’hui paraître quelque peu désuet… Mais on s’en fout. Car, au final, le film repose plus sur la question de savoir s’il « l’a fait ou pas »… Un peu à la manière d’un Basic Instinct mais sans pic à glace et sans croisement/décroisement de jambes. Bref, le film avait fonctionné sur moi… et sa musique aussi. Mais, à ce moment-là, j’étais loin de me douter qu’en fait, sans le savoir, j’aimais déjà beaucoup Anne Dudley depuis presque 10 ans…

[« Moments in Love » – Art of Noise]

Ça vous parle ? Ça s’appelle Moments in Love et c’est tiré du tout premier album du groupe synthé-pop à tendance avant-gardiste Art of Noise : Who’s Afraid of the Art of Noise, sorti en 1984. Un morceau qui a amplement contribué à faire les beaux jours de nos jeunes années synthé… Car oui, Anne Dudley en est l’un des piliers. Au côté de Trevor Horn notamment. Elle est même une des rares à répondre toujours présente durant les dernières années du groupe en 2017. Diplômée du King’s College de Londres, elle a débuté en tant que musicienne de sessions à partir de 1978… Mais une fois lancée dans la pop avec Art of Noise, elle a vite eu l’opportunité de prêter son talent de compositrice et d’arrangeuse aux albums de sommités telles que Sting, Robbie Williams ou encore Rod Stewart. Et, en toute logique, c’est encore la pop qui la conduira vers la musique de film… En 1988, elle partage la BO de Buster avec Phil Collins et hop, c’est parti… Elle enchaine avec The Pope Must Die qu’elle co-signe avec Jeff Beck… Puis arrivent Knight Moves, donc, et juste après, le sublime The Crying Game pour Neil Jordan…

[« The Crying Game – Dies Irae » – Anne Dudley]

C’est là que son style éclate. Romantico-dramatique à souhait… Avec ses cordes déchirantes qui deviendront, plus tard, les signatures que j’aime tant de Poldrak et, plus intimement encore, de Tristan et Iseult en 2006… Interdiction de déconner, c’est en partie pour ça que j’ai appelé mon fils Tristan…

[« Tristan & Isolde – Love So Alike » – Anne Dudley]

Oui, en partie seulement. Parce que bon, y a eu Wagner avant… Et Légendes d’Automne aussi… Mais trêve de digression : nous arrivons en 1994 et la musicienne est invitée à participer au plus cher long-métrage d’animation allemand jamais produit : Felidae… Oubliez Disney, on est ici plus proche du film noir, 100 % adulte, où bien que le héros soit un chat, le spectateur ne cesse d’évoluer en plein thriller… Comme le prouve fort habilement le Main Title…

[« Felidae – Main Title » – Anne Dudley]

Trois ans plus tard, c’est une satire sociale qui confirme son statut de compositrice incontournable de l’industrie britannique. Au point qu’avec l’inoubliable The Full Monty, elle remporte même l’Oscar de la meilleure musique de film à Hollywood !

[« The Full Monty – The Full Monty » – Anne Dudley]

Un choix étonnant… car, en soi, la partition n’a rien de foncièrement révolutionnaire… Surtout en comparaison de… Bah, je sais pas moi… De ça par exemple…

[« American History X – Playing to Win » – Anne Dudley]

Oui, je sais, vous pouvez parfaitement me rétorquer que cet extrait n’a rien de révolutionnaire lui non plus… Mais lorsque l’on se souvient des images de cette partie de basket, blancs contre noirs, dans le percutant American History X de Tony Kaye, avec un Edward Norton sanglant de vérité, on ressent bien toute la portée, crescendo, qui pèse sur cet enjeu hautement chargé en symbolisme. Cette émulsion malsaine… cette grandiloquence disproportionnée de la prétendue suprématie nazie sur leurs adversaires de couleur… le tout accentué par un tournage en noir et blanc plus à propos que jamais. A travers son sens de l’excès, Anne Dudley prouve qu’elle a tout compris… et qu’elle n’a définitivement pas peur d’aller creuser la psyché humaine, y compris dans ce qu’elle a de plus tourmentée… Et ça tombe bien… C’est exactement ce que cherche un certain… Paul Verhoeven.

[« Black Book – Rachel’s Theme » – Anne Dudley]

Avant Black Book, dont vous venez d’entendre le Rachel’s Theme, le réalisateur de La chair et le sang, Robocop, Basic Instinct, Total Recall et autres Starship Trooper et Hollow Man a régulièrement alterné de compositeur entre Basil Poledouris et Jerry Goldsmith. Mais depuis 2006, soit l’année où Poledouris est décédé, Verhoeven semble dorénavant fidèle à Anne Dudley… Et, quand on entend ce qu’elle a fait pour Elle, justement, qui pourrait l’en blâmer ?

[« Elle – A Different Ending » – Anne Dudley]

Entre Carice Van Houten dans Black Book, Isabelle Huppert dans Elle et, tout récemment, Virginie Efira dans Benedetta : le moins que l’on puisse dire, c’est que le réalisateur sait filmer les femmes… Mais qui de mieux que l’une d’elles pour en capter au vif, et musicalement, les émotions à la fois les plus dures et les plus fragiles ?… Et ce, peu importe l’époque ou le contexte.

[« Benedetta – Plague Stalks the Land » – Anne Dudley]

J’avoue, j’étais sceptique envers Benedetta… Pas forcément à l’aise avec le sujet… Et c’est véritablement l’écoute de l’album, avant de voir le film, qui m’a fait me raviser… La musique m’a conduit aux images… Puis les images à la force du jeu de Virginie Efira… Et enfin la comédienne à son personnage… Au final, c’est une œuvre magnifique. Portée par une musique magnifique. Purement et simplement. Du coup, pas facile d’assurer la transition…

[« Poldark – Medhel an Gwyns » – Anne Dudley]

Oui, j’en reviens un moment à Poldark… parce qu’à travers les chansons que chante Demelza, enfin Eleanor Tomlinson, Anne Dudley s’est non seulement essayée à réinventer le folklore celtique mais a, de plus, raccroché les wagons avec la folk « tout court » à l’occasion de l’album solo qu’elle a concocté pour la comédienne en marge du tournage de la série. Ainsi, en 2018, sortait dans les bacs à CD, Tales from Home… intégralement produit par Anne Dudley et mignonnement interprété par Eleanor…

[« Tales from Home – If You Could Read My Mind » – Anne Dudley/Eleanor Tomlinson]

Si vous êtes, comme moi, fan de Poldark, ce petit album sympathique est fait pour vous… Et puisqu’on parle télé, il faut ici que je rembobine un peu jusqu’en l’an 2000 tout pile, tandis que la compositrice oeuvrait sur l’adaptation sérielle du roman de Kristine Kathryn Rusch, Le Dixième Royaume, pour NBC.  5 épisodes de près d’une heure trente chacun… où les contes de fées classiques viennent s’immiscer dans notre univers contemporain… un peu à la façon d’un Once Upon a Time avant l’heure… Mais où les frères Grimm l’emporteraient sur l’imagerie Disney. C’était inégal… Mais plutôt cool. Et ça marquait clairement un tournant dans la vision du fantastique familial telle que proposé à la télévision… Soudain un chouïa plus irrévérencieux, sans pour autant tout casser pour autant.

[« The 10th Kingdom – When the Wild Moon Calls You » – Anne Dudley]

Inutile d’en rajouter… De toute façon, j’ai pas l’temps… Vous aurez parfaitement compris que je compte, personnellement, Anne Dudley parmi les meilleurs. Comme il se doit, c’est sur un nouvel extrait de Poldark que je vais à présent refermer cette pastille… Et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine… Pour fêter les 90 ans de John Williams… sans John Williams ! Si, si, c’est possible… Alors, revenez, cliquez, écoutez et vous comprendrez…

[« Poldark – It Will Always Be Ross » – Anne Dudley]

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