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Arnaud Péricard : « Quand on est maire ou avocat, on est au service des gens »

Arnaud Péricard

Tout Pour Réussir, dix minutes d’interview avec Saad Merzak. Un retour sur la carrière d’une personnalité du monde médiatique, artistique ou économique, et les raisons de son succès. Aujourd’hui Saad reçoit Arnaud Péricard, l’un des avocats les plus célèbres de France en droit du sport, et maire de Saint-Germain-en-Laye.

 

Saad Merzak : Vous êtes le fondateur du cabinet CPC Associés, cabinet qui est représenté aujourd’hui par une vingtaine d’avocats. On vous connaît peu : quel a été votre parcours en quelques mots ?

Arnaud Péricard : On me connaît peu parce que par définition les avocats sont des gens discrets et on attache une importance toute particulière à la confidentialité. Ça nous permet de durer et ça fait partie de nos règles déontologiques. J’ai un parcours assez simple, j’ai fait des études de droit à Nanterre. Ensuite, j’ai fait Sciences Po Paris et puis je suis parti un an et demi en Afrique du sud, au Botswana et en Namibie en tant que coopérant pour un grand groupe français qui s’appelle Sodexo, un groupe qui s’est implanté là-bas. J’ai un peu bourlingué et puis je suis revenu car il a fallu que je travaille. Ensuite, j’ai travaillé comme avocat dans un grand cabinet d’affaires américain et en 1999 je suis parti. J’ai fait un petit break et je suis parti étudier à l’université de Chicago aux États-Unis. J’ai passé le barreau à New York et je suis devenu avocat aux États-Unis. J’ai travaillé ensuite aux États-Unis avant de revenir en 2001 en France. J’ai continué à collaborer pour de grandes structures américaines. Et puis un jour j’ai décidé de me mettre à mon compte et j’ai donc créé CPC et à la fin de cette année nous serons environ une trentaine de collaborateurs.

Il paraît que lorsque vous avez fait vos études à Chicago, vous avez eu comme professeur un certain Barack Obama. Quel souvenir en gardez-vous ?

Oui je l’ai eu en 1999, un trimestre en liberté publique. Il était intervenant à l’époque, il a été élu en 2000 sénateur de l’état de l’Illinois. Il était déjà un petit peu impliqué en politique. En tout cas tout le monde parlait de lui, tout le monde lui voyait un grand avenir. Concernant Barack Obama, c’était très particulier car les professeurs américains sont plutôt des animateurs contrairement en France. Là-bas, ils animent, ils vous font parler…Ils appellent ça la méthode socratique, c’est-à-dire à base de questions et de réponses…Enfin c’est très compliqué de se faire une idée. Barack Obama est quelqu’un de très charismatique. Pour la petite anecdote à l’époque… Il avait perdu la primaire démocrate dans le quartier sud de Chicago pour être élu député représentant. Le recteur de la faculté de droit lui avait dit : « Ecoute Barack, tu n’es pas fait pour faire de la politique, tu ferais mieux de devenir membre à plein temps de notre corps enseignant et prof de droit. C’est un avenir bien meilleur pour toi ».

Et vous auriez imaginé, vous à l’époque, qu’il puisse devenir président des Etats-Unis ?

Très honnêtement, non. Tout le monde savait qu’il était atypique, étonnant, intellectuellement très charpenté, très fort, très charismatique… Bon il n’y a qu’aux Etats-Unis qu’on peut voir des choses comme ça…

Depuis juin 2017 vous êtes maire de Saint-Germain-en-Laye. Comment faites-vous pour concilier vos deux activités, c’est-à-dire celle d’avocat et celle de maire ?

C’est une question d’organisation ! Le métier de maire ressemble énormément au métier d’avocat. Quand on est maire on est au service des gens et des autres, ce qui est également le cas lorsqu’on est avocat. Peut-être que 40% des problématiques sont juridiques. Aujourd’hui le métier de maire, si on peut appeler ça un métier, se technicise. Il faut avoir une colonne vertébrale juridique bien plus forte peut-être qu’auparavant. Lorsqu’on est avocat on change de sujet peut-être toutes les demi-heures ou toutes les heures… Alors quand est maire on change tous les quarts d’heures. C’est une forme d’agilité peut-être intellectuelle qu’il faut avoir à laquelle on est bien préparé quand on est avocat. Alors comment je fais ? Et bien le matin, je suis dans ma mairie et à l’heure du déjeuner, je viens ici dans mon cabinet à Paris.

C’est le même rythme tous les jours ?

A peu près oui, ce n’est pas une science exacte, mais on va dire que sur le principe c’est à peu près comme ça.

Saint-Germain-en-Laye abrite également Le Camp des loges, lieu d’entrainement de l’équipe du PSG et je crois que vous êtes un fan de foot. Avez-vous des anecdotes à nous raconter sur le PSG par exemple ?

Des anecdotes j’en aurais à la pelle, énormément, parce que moi j’y ai joué quand j’étais jeune, quand j’avais 12-13 ans dans ce club. Il est à Saint-Germain depuis 1970, je suis né en 71 donc moi j’ai grandi avec ce club. À l’époque, mon père a été maire de Saint-Germain, à partir de 1977, donc avec Jacques Chirac maire de Paris, tous les deux ont grandement contribué à faire grandir ce club. Moi j’ai comme souvenir, sans être un nostalgique, qu’à l’époque beaucoup de joueurs habitaient à Saint-Germain-en-Laye, les anciens…J’ai connu Luis Fernandez en mobylette dans les rues de Saint-Germain-en-Laye, Bathenay, Baratelli, Rocheteau. On les voyait souvent place de l’Eglise en train de prendre leur café en claquettes, en short, très décontractés. Les joueurs venaient à la maison prendre le café avant leur entraînement.

Quels joueurs par exemple ?

Alain Couriol, Jean-Claude Lemoult qui a été international puis médaillé olympique en 84. Voilà plein d’anciens comme ça… il y’avait un esprit, qui est aujourd’hui un petit peu distendu. Je me souviens quand Canal + a racheté le club, notre président emblématique, Francis Borelli, à la maison en larmes, plaidant sa cause en disant que c’était un crève-cœur pour lui de partir de ce club. Plus récemment, Neymar est venu faire une publicité sur la place du marché à Saint-Germain pour une marque de voiture japonaise destinée au marché asiatique. J’ai un souvenir avec Neymar où on était au premier étage d’un café de Saint-Germain-en-Laye en train de prendre un café, lui en Facetime en train de discuter avec sa petite amie, tout le café en profitait. C’était assez surréaliste.

Une belle vitrine pour la ville de Saint-Germain-en-Laye. Le Camp des Loges va bientôt déménager de votre ville, pas trop déçu ?

Ecoutez, quand on aime son club, je crois qu’on est content qu’il puisse profiter des meilleures installations possibles. On n’avait pas 80 hectares à Saint-Germain, donc moi je suis content qu’ils aillent sur le site de Poissy. On va mettre toute la structure des pros, ce qu’on appelle la « structure professionnalisante », à Poissy et puis à Saint-Germain on va mettre en place peut-être le plus beau et le plus grand centre de formation et structure dédiés au football féminin. C’est un très beau projet. On va avoir la PSG Academy, qui est un nouveau concept… On va avoir des centaines d’enfants qui vont pouvoir continuer à jouer au football sur le site du Camp des Loges…Et enfin, on aura une partie encore des activités de l’association du PSG.

En tant qu’avocat de sportifs, parmi vos clients vous avez Adrien Rabiot, Tony Yoka, quel type de relation entretenez-vous avec ces sportifs ?

J’ai des relations évidemment proches avec ces sportifs. Je suis issu moi-même d’un milieu sportif. J’ai un grand-père qui a gagné six fois la Coupe Davis qui était un grand sportif, Henri Cochet, un des « Mousquetaires ». J’ai toujours un peu baigné dans cet environnement… J’ai une relation plutôt saine et naturelle. Je m’entends très bien avec leur famille. J’estime qu’un bon sportif, c’est un sportif équilibré, entouré d’une cellule familiale forte. Je retrouve à travers ces sportifs cet équilibre-là, personnel et familial. C’est aussi très important pour moi dans la relation que je peux avoir avec ces sportifs.

Par exemple Tony Yoka ou Adrien Rabiot, vous connaissez leur entourage, les parents ?

Bien sûr…Oui je les connais très bien… On a développé des liens d’amitié, mais Pierre Gasly qui est pilote de Formule 1 chez Toro Rosso aussi, Ian Mahinmi qui évolue aux Washington Wizards en NBA aussi et encore pleins d’autres.

Alors justement, est-ce qu’il y a un sportif dont vous aimeriez gérer les intérêts, que vous ne représentez pas encore dans votre cabinet ?

Non parce que j’ai un luxe peut-être, c’est de travailler avec les gens que j’aime. Je peux prendre autant de plaisir à travailler avec un jeune, même bénévolement pour lui donner de bons conseils. Il y a des sportifs extraordinaires y compris sur des sports peu médiatiques et peu lucratifs. J’ai longtemps travaillé avec un sportif extraordinaire, Sébastien Rouault, qui a fait les Jeux Olympiques de Pékin, qui a été champion d’Europe de natation et qui faisait du 1 500m ou du 800m. On peut penser que c’est ingrat, mais il s’est entrainé notamment avec Lucas pendant longtemps à Saint-Germain. Je peux vous dire que quand on voit les kilomètres enquillés, avalés tous les jours à nager dans une piscine… Voilà des trajectoires qui sont un peu plus compliquées à mettre en œuvre en termes de reconversion…J’ai autant de respect pour les sportifs donc non je n’ai pas de regret. Travailler avec un sportif, c’est souvent une question d’opportunité. J’ai eu énormément de plaisir à travailler pour Serge Betsen qui était un ami et qui était capitaine de l’équipe de France de rugby. C’est un homme d’une richesse incroyable. Toutes les situations sont différentes, elles sont souvent très enrichissantes.

Et avec les réseaux sociaux, Twitter, Facebook ou encore Snapchat, est-ce qu’on gère les sportifs de la même façon qu’il y a 20 ans ?

Non c’est très différent ! Au niveau des marques intéressées pour faire des partenariats avec des sportifs, nous allons d’abord regarder les engagements digitaux. On va regarder le nombre de followers, le nombre de posts, la qualité des posts… C’est peut-être la première chose qu’on va regarder aujourd’hui : sa communauté. Est-ce qu’il est prescripteur ou pas ? Est-ce qu’il est sujet à polémique sur les réseaux sociaux ? Alors, ça peut parfois conduire à des communications un peu aseptisées, mais aujourd’hui on regarde ça de manière très différente. Les exemples récents ces dernières semaines notamment autour de Tony Yoka, montrent qu’il faut faire très attention et toujours contrôler. Par contre on contrôle beaucoup ce qui est dit. Je n’hésite pas à essayer de faire interdire des comptes sur des réseaux sociaux à partir du moment où j’estime qu’on a franchi une certaine limite…C’est à dire l’on porte atteinte quelque part soit à l’honneur, soit à la réputation, soit à la vie privée des adultes.

Parmi tout ce que vous avez vécu professionnellement, quelles ont été pour vous les trois meilleures rencontres de votre vie ?

J’ai vécu des rencontres très différentes, très éclectiques. J’ai évidemment été marqué par mon premier patron, Antoine Kirry qui était mon premier patron en tant qu’avocat et qui m’a appris la rigueur. Je me souviens de cette phrase le jour où j’ai commencé, il a dit : « Chez nous la période d’essai est permanente ». Donc ça m’a un peu vacciné, ça m’a appris la rigueur. La deuxième rencontre que j’ai faite en droit du sport et c’est peut-être celui qui m’a donné envie de poursuivre, un homme extraordinaire, très dur, c’était l’agent de Tony Parker, Mark Fleisher. Il était agent NBA, ancien avocat, avec qui j’ai énormément appris sur les stratégies et les techniques de négociation. C’est peut-être la personne la plus forte que j’ai vu en discussion et en négociation. C’était quelqu’un d’assez incroyable et quand je vais à New York, il est un petit peu retiré maintenant, je vais le voir. C’est vraiment quelqu’un que j’ai beaucoup apprécié. Et puis dans le secteur politique, j’ai été le collaborateur d’un homme que j’aime beaucoup qui s’appelle Michel Barnier. Il est commissaire européen, un grand européen et moi je suis convaincu par l’idée européenne. Au côté de Michel je me suis beaucoup impliqué et j’ai beaucoup milité pour l’Europe qui est plus un facteur de paix qu’autre chose et sur laquelle parfois on est très injustes dans nos jugements.

Pour finir, le 11 juin prochain vous allez fêter votre 47ème anniversaire. L’an dernier vous avez eu la mairie de Saint-Germain-en-Laye en guise de cadeau. Cette année, quel cadeau vous ferait plaisir ?

Moi je ne veux pas de cadeau, je suis impliqué depuis 5 ans dans le retour de la Formule 1 en France à travers le Grand Prix de France, sous l’impulsion de Christian Estrosi. Ce que je souhaite c’est d’avoir un très beau Grand Prix de France et que ce soit un pilote français qui gagne.

 

 

 

 

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