On fait souvent remarquer que les auteurs de séries n’ont pas toujours la place qu’il faut dans le jeu des séries. Mais encore faudrait-il les faire connaître et donc communiquer dessus.
En novembre dernier, Fanny Herrero, la showrunner de Dix pour cent, est à l’honneur dans un article du JDD à propos de son départ de la série. Une démarche inhabituelle pour un ou une auteur(e) de séries, que d’aucun pourrait juger présomptueuse. Non seulement ça ne l’est pas mais en plus, c’est sans doute le premier maillon d’une chaîne de décisions à prendre pour donner aux auteurs la place qu’ils méritent dans le processus de création des séries : la première. Le public français doit connaître ses auteurs comme le public américain connaît les siens (en tout cas, à minima les grands noms).
C’est le tweet d’un auditeur de La loi des séries qui a suggéré l’idée de cet édito. Lors de notre dernier numéro, nous recevions Maxime Berthémy et Charlène Galan, nouveaux auteurs à la tête de Profilage.
Les auteurs de la série ont changé ? Ça n’a été mentionné nulle part sauf ici par vous.
— Antonymique (@Antonymique) 16 janvier 2019
C’est vrai que quand on y réfléchit, le changement à la tête de la série n’a été mentionné nulle part (pas même ici, un comble pour la rubrique séries d’un site qui met un point d’honneur à mettre les auteurs en avant). Sans doute le « grand public » ne connaissait pas bien non plus Fanny Robert et Sophie Lebarbier qui ont créées la série et ont tant fait pour elle. En Angleterre par exemple, le changement d’acteur à la tête de Doctor Who – l’arrivée de Jodie Whittaker – est aussi important que le changement de showrunner – Chris Chibnall remplace Steven Moffat. En France, combien de fois communique-t-on sur ces changements ?
Même pour Dix pour Cent, si l’annonce du départ de Fanny Herrero et l’arrivée de Vianney Lebasque est sortie dans la presse, il n’y a pas eu communication importante sur ce changement.
Plus largement, combien d’auteurs de séries le public connaît-il ? Malheureusement très très peu. Mis à part des figures importantes comme Olivier Marchal ou Alexandre Astier, le public français serait bien en peine de citer un auteur, un créateur de séries, comme aux Etats-Unis on peut citer des noms comme Steven Bochco, Joss Whedon, JJ Abrams, Shonda Rhimes. Des mégas stars certes mais qui ne sont pas devenues connues du public uniquement par le très grand succès de leurs shows. Mais aussi par une habitude encrée : nommer les auteurs. Inlassablement répéter leurs noms, encore et toujours. Les « stariser » même, même si ce mot n’est pas très beau mais c’est le sens profond. Nous sommes convaincus que c’est la première marche d’une reconnaissance plus large. Même si ça ne doit pas être que ça. Cela doit s’accompagner d’une place de plus en plus importante qu’on leur donne au sein du processus de création et de gestion des séries.
NB : bien entendu, il n’est pas question que chaque article, chaque communiqué se transforme en name dropping. Tout corps de métier est important au processus de création des séries. Il s’agit de revaloriser encore un peu plus un métier trop souvent mis de côté et pourtant central.
Si les auteurs doivent être au centre de tout – création et communication- ils doivent également l’être dans les événements ouverts au grand public comme les Festivals de séries. Dernier exemple en date : le Festival de Luchon communique sur les membres de son jury fiction qui ne comporte pour l’instant aucun auteur (une confirmation de la présence d’un auteur doit survenir). Des grands noms de comédiens, un producteur très connu, un réalisateur, un compositeur … mais pas d’auteur. Et même si un auteur entre dans le jury, ça n’en fera qu’un seul. Un seul pour représenter une profession si importante dans la fabrication des fictions télé.
On en revient au début : c’est la notoriété qui guide aussi la nomination des membres d’un jury par exemple. Et pour que les auteurs aient une notoriété, il faut communiquer dessus … le serpent se mord la queue on dirait !
Donc allons y commençons maintenant : Matthieu Missoffe (Zone Blanche), Marine Gacem (Philharmonia), Alain Robillard (Nina), Marine Francou (Engrenages), Claire Lemaréchal (Sam), Frédéric Rosset (Irresponsable), …