Bachar Al-Assad apparaissait hier dans le 20 heures de France 2 suite à une interview de David Pujadas réalisée ce dimanche à Damas. Il y a notamment réfuté les accusations occidentales concernant la répression abusive du régime syrien et l’utilisation d’armes chimiques contre le peuple.
Les méchants, c’est pas nous, c’est vous. Voilà le message que semblait adresser Bachar Al-Assad à la France lundi soir lors de sa première interview à la télévision française depuis le début du conflit, accordée à David Pujadas et son journal sur France 2. Le chef d’Etat a ainsi confirmé ses positions sur la guerre civile qui règne sur son pays depuis mars 2011 et qui a fait plus de 220 000 morts ainsi que des millions de réfugiés. Pour lui, islamistes appartenant à des organisations meurtrières et opposants modérés au régime sont en effet autant terroristes et à réprimer à force égale.
« Nous n’utilisons que des bombes conventionnelles »
Interrogé sur l’usage d’armes aveugle par ses services qui auraient eu pour conséquence la mort de milliers de civils, Bachar Al-Assad reste impassible. Selon lui, il n’a « jamais entendu parler de l’utilisation de telles armes dans l’armée ».
Lorsque le journaliste pose à nouveau sa question en confrontant le président à deux photographies représentant un « baril explosif largué d’un hélicoptère » à Alep, celui-ci nie tout aussi fermement, criant au montage. « Ce n’est pas une preuve », affirme-t-il. Et d’ajouter : « Dans notre armée, nous n’utilisons que des bombes conventionnelles qui nécessitent de viser, nous n’avons aucun armement qui puisse être utilisé aveuglément. C’est tout ». Pourtant, d’après David Pujadas, les services militaires syriens seraient les seuls à posséder des hélicoptères dans le pays.
Pourtant, ces barils explosifs dont a fait usage l’Etat syrien seraient à l’origine d’une grande majorité des morts depuis le début du conflit. Composés de TNT et de ferraille, ils ont notamment lors d’une attaque en février 2014 à Alep, conduit à la mort de 160 personnes. Cet acte avait été à l’époque fortement condamné par l’Observatoire syrien des droits de l’homme, une ONG proche de l’opposition syrienne, qui observait alors une utilisation de plus en plus systématique de cette arme.
Bachar Al-Assad a également tenu à faire taire les accusations de Human Rights Watch, selon lesquelles le régime syrien aurait utilisé des armes chimiques au mois de mars dernier dans le nord-ousest du pays notamment lors de la bataille d’Idlib. « Non, nous n’avons pas utilisé le chlore, et nous n’en avons pas besoin. Nous avons nos armements classiques, et nous pouvons atteindre nos objectifs sans y avoir recours », a-t-il à nouveau affirmé.
De prétendues accointances occidentales avec les terroristes
Pour Bachar Al-Assad, nul doute, le terrorisme est arrivé dans son pays suite à l’appui des puissances occidentales. Alors que David Pujadas lui demande sa part de responsabilité dans l’émergence du groupe Etat islamique (EI), le président syrien souligne que l’EI a « été créé en Irak en 2006 sous la supervision des Américains ». « Je ne suis pas en Irak. Je n’y ai jamais été. Je ne contrôlais pas l’Irak. C’était les Américains qui contrôlaient l’Irak. L’EI est venu d’Irak en Syrie, car le chaos est contagieux », a-t-il ajouté.
Au sujet de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, qui opère des frappes contre l’Etat islamique, le président syrien estime que les pays composant cette coalition ne sont « pas sérieux jusqu’à présent » et « n’aident personne dans cette région ». « Si vous comparez le nombre de frappes aériennes effectuées par les forces de la coalition composée de 60 Etats à celles que nous avons effectuées, nous petit Etat, vous constaterez que nous bombardons parfois dix fois plus que la coalition en une journée ».
Une coopération avec les services de renseignement français est elle aussi improbable selon Bachar al-Assad. « Comment peut-on établir un dialogue avec un régime qui soutient le terrorisme dans notre pays ? », a-t-il demandé, en reprenant son idée selon laquelle les opposants à son pouvoir ne sont que des terroristes. « Les fers de lance contre la Syrie ont été : un la France, deux le Royaume-Uni », s’est-il également exclamé en jugeant que «personne ne prend plus au sérieux les déclarations des responsables français. Pour une simple raison: c’est que la France est devenue en quelque sorte un satellite de la politique américaine dans la région. Elle n’est pas indépendante, et n’a aucun poids, elle n’a plus aucune crédibilité ».