Ben Mazué revient ce vendredi 15 septembre avec « La femme idéale », un troisième album qui s’impose déjà avec le très efficace « J’arrive ». Dans cette nouvelle oeuvre plus introspective, l’artiste remet la chanson à l’honneur laissant un peu de côté la poésie, sauf dans ses mots et nous livre des portraits de gens qui lui inspirent des vérités universelles.
Comment s’est déroulée la création de ce 3e album ?
Je l’ai fait sur un peu plus d’un an, l’écriture s’est faite sur une période très concentrée puisque j’ai écrit toutes mes chansons sur la même année. Quand tu fais des albums en plus de temps, tu sélectionnes plus de morceaux. Ecrire sur une période plus courte, ça permet à l’album d’être plus cohérent d’un point de vue musical, sachant que tes obsessions musicales n’ont pas tellement le temps de changer. Je n’avais jamais vraiment fonctionné comme ça auparavant. Le premier album, lui, je l’avais fait après des années et des années de scène. C’était facile de savoir quels morceaux j’allais choisir ! Et puis, comme j’écrivais mes chansons depuis l’âge de 20 ans, j’ai fini un peu par faire un best off de mes 8 premières années de composition, ce qui est un peu incohérent en vérité. Le deuxième album, quant à lui, je l’ai finalisé avant de le défendre sur scène et ça m’a beaucoup aidé. J’ai pu mettre en scène la musique, d’ailleurs j’aime bien dire « spectacle » plutôt que « concert » parce que je parle beaucoup entre les chansons, je n’ai pas de micro… Y’a pas ce truc de concert un peu « diva » que je n’arrive pas à tenir. Je préfère me considérer comme un conteur.
« La femme idéale » est un peu particulier dans le sens où il reflète la personne que tu es à l’instante ?
Oui c’est vrai, en tout cas il me représente pour sûr d’un point de vue musical mais il ne parle pas que de moi, j’ai fait beaucoup de portraits de gens dans cet album. Dans le précèdent, il y avait déjà des portraits mais c’était surtout des poèmes, là je ne livre que des chansons. Il y a une partie ou je dis « je » et une autre ou je dis « il, elle, tu » et parfois je dis « je » alors que c’est pas moi ! (rires)
De quoi pars-tu pour dresser ces portraits ?
Je cherche des traits de caractère chez les gens ou des passages de la vie des gens qui sont assez communs et donc partageables. Je rassemble plusieurs personnages de ma vie quotidienne pour n’en faire qu’un seul. Par exemple, jai un vieil ami qui habite dans le sud ouest, adorable, très honnête avec lui-même et humble dont je me suis inspiré en même temps qu’un très bon ami de mon père qui a le même genre de personnalité. « L’homme modeste » sur mon premier album est un mix des deux.
Pourquoi avoir choisi d’appeler ton album « La femme idéale » si tu parles de plusieurs personnes ?
Parce que c’est le titre d’une des chansons, c’est la première fois que je fais ca d’ailleurs et puis d’un point de vue purement esthétique, je trouve ça très joli. Sans compter qu’il fait échos à un passage de la vie que je suis en train de traverser où on a envie de tout allier : on est parents, on veut être des bons parents, on est professionnels donc on veut être des bons professionnels, on a créé des amitiés magnifiques qu’on n’a pas envie de perdre et puis on a une famille sur laquelle on peut compter. Bref, tout prend de l’importance, qu’on soit un homme ou une femme. Je l’ai pris du point de vue du spectre de la femme parce que ces envies concernent les deux sexes… C’est ça qui est intéressant aussi dans l’égalité homme-femme.
J’ai l’impression que ça fait encore plus sens pour les femmes parce qu’elles ont le choix de mener la vie qu’elles veulent depuis peu. Pendant longtemps, elles étaient femmes au foyer sans trop le choisir mais aujourd’hui elles le sont plus, certaines contrairement à leurs mères. Du coup elles calquent leur modèle de parentalité auprès de quelqu’un qui était professionnel de ca, qui était maman à plein temps. Aujourd’hui, les femmes ont aussi leur travail dans lequel elles veulent s’épanouir et ça fait trop, ce n’est plus possible de tout faire.
C’est assez improbable d’avoir remplacé la médecine par la musique, d’avoir remplacé une vocation par une autre …
J’ai pas la vocation moi. Je pense que la vocation ça implique une forme d’exclusivité, ce n’est pas ce que je recherche. Je considère que je ne suis pas le même à 17ans que je le suis a 36. Je change d’envie, d’audace et d’espoir ! A l’issu de ma première jeunesse, à la fin de la vingtaine, j’avais envie de créer, d’être artisan et qu’à la fin ce soit mon métier. Chose que tu ne peux pas faire quand t es médecin !
« La Femme idéale » qui est quasi composée que de ballades chantées laisse une impression de sérénité… Tu es toi-même plus serein dans ta vie ?
Oui c’est exact, c’est plus serein et paisible après, dans ma vie, je ne sais pas si je suis plus serein mais dans mon travail de musicien oui. J’ai l’impression d’enfin y prendre du plaisir. Je suis arrivé assez tard dans la musique, je viens d’un métier plus laborieux et plus conventionnel (la médecine) et quand j’ai commencé à vivre de la musique, j’ai calqué ma manière de faire sur mon ancien métier. Je me levais le matin tôt, je faisais des chansons, je travaillais mes sujets et le soir a 18h30 j’avais fini. J’y prenais aucun plaisir et jetais seul sans collègues. Je me disais « ça y est je suis musicien professionnel alors pourquoi ça ne me plait pas, je comprends pas ».. J’ai mis du temps à réaliser que ce qui est extra quand t’es musicien, c’est que voyager, se cultiver etc ça fait partie de ton taff. Plus j’ai avancé et plus j’ai compris que devenir un bon musicien c’était s’approcher au mieux de l’amateurisme en fait. Rester un amateur le plus possible, provoquer certaines émotions. Maintenant que je l’assume plus, je prends beaucoup pus de plaisir, c’est génial !