La compagnie La Tempête a clos la 31ème édition du Festival Baroque de Pontoise, ce dimanche. Son directeur a répondu aux questions de Radio VL.
Toky Nirhy-Lanto : Comment vous est venue l’idée de faire une œuvre inspirée de Shakespeare, avec un mix de musique classique et moderne ?
Simon-Pierre Bestion : Déjà, l’idée de faire une pièce de Shakespeare est assez naturelle pour moi. J’ai eu des parents qui sont metteurs en scène, marionnettistes, comédiens, et j’ai fait beaucoup de tournées et de spectacles, avec eux. Finalement, je suis devenu musicien, chef de chœur, organiste, pianiste, chef d’orchestre. Je trouvais qu’il manquait quelque chose à mon arc. En tout cas, une palette que j’avais envie d’explorer, avec ma compagnie. Du coup, je me suis dit : pourquoi ne pas aborder une pièce de théâtre, mais avec l’art principal que l’on sait faire, donc, plutôt la musique ?
La Tempête a été un premier choix, parce que c’est un vieux souvenir d’enfance, avec des images qui me sont restées très fortes, justement de ce que mes parents avaient pu faire avec cette pièce. Donc cela a été un choix évident. Surtout que le nom La Tempête, je trouve ça génial, c’est hyper porteur : les éléments naturels, l’espace de « déclenchement d’énergie d’une tempête », ça a correspondu à la fois au nom de la compagnie, et au nom du spectacle.
« Un seul corps, un grand collectif qui travaille ensemble »
Toky Nirhy-Lanto : Et pourquoi ce changement récent de nom (NDLR : pour la compagnie) ?
Simon-Pierre Bestion : Tout simplement parce qu’il y avait déjà deux ensembles. L’ensemble Europa Barocca et le chœur Luce del Canto. Sur ce spectacle, on réunit le chœur et les instrumentistes, l’orchestre. C’était pour moi une volonté qu’il y ait un seul corps, un grand collectif qui travaille ensemble : des musiciens, des instrumentistes, des danseurs, des chanteurs. « La Tempête », comme je vous l’expliquais, se rapporte à mes souvenirs d’enfance, le fait que j’aime beaucoup cette œuvre de Shakespeare, qui est particulièrement magique.
Parce que je trouve qu’elle correspond bien à la musique, qu’il y a beaucoup de choses qui parlent de surnaturel. Et pour moi, la musique parle aux émotions, au surnaturel. Chez nous tous, quand on entend la musique, on ferme les yeux et on est ailleurs. Ce n’est pas figuratif, c’est vraiment très envoûtant. Donc, dans « La Tempête », pièce de Shakespeare, je retrouve vraiment l’envoûtement, la magie.
Toky Nirhy-Lanto : Depuis combien de temps existe votre compagnie ?
Simon-Pierre Bestion : La compagnie existe depuis janvier 2015. Anciennement, depuis 2008-2009, c’était Europa Barocca et Luce de Canto. Et 5 ans après, en 2015, on a crée La Tempête. Ça fait donc quasiment deux ans qu’on marche sous la forme d’une compagnie.
« Apporter notre touche au genre de l’opéra »
Toky Nirhy-Lanto : Et en ce qui concerne l’œuvre elle-même, quand a-t-elle été créée ?
Simon-Pierre Bestion : L’œuvre a été créée il y a un an et demi, peu de temps après qu’on ait créé la compagnie La Tempête. On a créé l’oeuvre, puisque c’était comme une œuvre testamentaire de notre compagnie. On avait envie de commencer, au niveau de la communication aussi, à marquer notre empreinte de ce nom La Tempête, par le spectacle « The Tempest ».
Toky Nirhy-Lanto : Vous disiez « testamentaire ». Donc d’autres projets probablement : de quelle sorte ?
Simon-Pierre Bestion : On est toujours partagés entre des projets musicaux. On aborde des œuvres du grand répertoire, comme les Vèpres de Monteverdi, qu’on met légèrement en scène. Les Vèpres de Rachmaninov aussi, qu’on met en espace et chorégraphiées. Et puis, petit à petit, on va aborder, un peu comme à la suite de cette pièce, le répertoire de l’opéra, qui, à mon sens, a besoin de recevoir une plus grande exposition. Je trouve que c’est très conventionnel, avec beaucoup de choses qui ne marchent pas aujourd’hui. On a envie d’apporter notre touche au genre de l’opéra, qui mérite qu’on lui attache beaucoup de modernisme, à mon avis.
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Source image : nomadmusic.fr