Les récents bombardements américains au Moyen-Orient, notamment en Syrie, semblent confirmer ce qui était déjà soupçonnable avec l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Ce dernier fait prendre aux Etats-Unis un tournant nouveau par rapport à la politique internationale de son prédécesseur. Le pays pourrait être en train de revenir à l’interventionnisme qui lui était caractéristique au XXème siècle.
Intensification des bombardements
Malgré le retrait en 2017 des troupes américaines d’Afghanistan annoncé par Barack Obama, les Etats-Unis sont loin de se désintéresser du Moyen-Orient. La guerre civile en Syrie qui oppose les forces loyalistes et gouvernementales de Bachar Al-Assad aux opposants au régime, qui a servi de terreau fertile à l’émergence de l’Etat Islamique sur le territoire syrien, a fait naître une coalition militaire dirigée par les Etats-Unis, qui frappe régulièrement les positions des djihadistes.
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Ce combat mené par les Etats-Unis et ses alliés est surtout aérien, et a pris une nouvelle tournure lorsque la communauté internationale s’est mise à accuser le régime de Bachar Al-Assad d’être responsable de l’attaque chimique ayant fait de nombreuses victimes civiles, y compris des enfants. Les Etats-Unis ont alors rapidement réagi, en envoyant leurs bombes sur la base aérienne de Shayrat, associée selon l’administration américaine au programme d’armes chimiques du régime syrien.
.@USFOR_A #US Forces targets ISIS-K stronghold, drops GBU-43 #MOAB bomb on #ISIS pic.twitter.com/GYjyMLiqUS
— U.S. Central Command (@CENTCOM) 13 avril 2017
La tension est encore montée d’un cran ces derniers jours après que les Etats-Unis aient largué la « mère de toutes les bombes » : leur plus importante bombe non-nucléaire. Cette intervention visait cette fois non pas le régime syrien mais l’Etat islamique en Afghanistan, et a provoqué la mort de dizaines de combattants de Daech. Le Président Trump avait lui-même admis une recrudescence de l’interventionnisme américain : « Si vous comparez ces huit dernières semaines avec ce qui s’est passé les huit dernières années, vous constatez une différence énorme ».
Les Etats-Unis sont donc sur tous les fronts, et mènent des batailles aussi bien militaires que psychologiques. Et justement, avec la Russie ou la Corée du Nord, les relations n’ont jamais été aussi tendues depuis le début du siècle.
Un climat de Guerre froide
Au-delà d’une lutte contre l’Etat islamique, cette énorme bombe est lâchée en Afghanistan comme une démonstration de la puissance historique de l’armée américaine, un message clairement destiné à la Corée du Nord. Un conseiller de la Maison Blanche dévoilait que « les options militaires sont déjà en train d’être étudiées » face à la menace nord-coréenne grandissante. Les Etats-Unis n’ont cependant pas attendu pour envoyer un groupe naval au large des côtes nord-coréennes, assurant que le problème serait « traité« .
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Comment évoquer la Guerre froide sans mentionner les relations avec la Russie ? L’amertume entre les deux puissances ne s’est jamais réellement éteinte, la tension allant crescendo au fil des années. Le point culminant : le conflit syrien, qui cristallise une rivalité avant tout psychologique entre les Etats-Unis et la Russie de Vladimir Poutine. La campagne de Donald Trump avait pourtant laissé entendre que s’il l’emportait, le candidat serait en faveur d’un rapprochement diplomatique avec la Russie. Que nenni pour Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, qui a confié à nos confrères de France Info : « Ce rapprochement n’existe pas, n’a pas eu lieu et il s’éloigne encore un peu plus. ».