Au Brésil, les meurtres à l’encontre des journalistes s’accumulent et la justice reste inerte. Reporters sans frontières (RSF) a appelé le lundi 1er juin le pays de Dilma Roussef à prendre des mesures concrètes pour lutter contre l’impunité des meurtres de journalistes.
Petit tour d’horizon sur le nombre de morts depuis les années 2000
Petit rappel des chiffres concernant l’assassinat des journalistes en Amérique du sud. Selon Reporters sans frontière, le Mexique tient le haut du pavé avec 81 de journalistes décédés entre 2000 et 2014, talonné par la Colombie où 56 journalistes ont péri au cours de la même période. Le Brésil occupe la troisième place avec 38 morts au compteur. L’article 19 d’une organisation internationale de défense des droits humains révélait qu’un journaliste des droits humains est assassiné toutes les quatres semaines au Brésil. La raison de ces meurtres à répétition ? Les journalistes de l’Amérique latine enquêtent fréquemment sur des sujets qui dérangent. Corruption, ingérence, violation des droits de l’homme sont autant de terrains d’attaque qui leur ont coûté la vie.
Une justice à la traîne
En février 2014, Reporters sans frontières condamnait déjà le meurtre du présentateur de la télévision et animateur radio Geolino Lopes Xavier. Fin mai 2015, c’est Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, qui avait dénoncé le meurtre d’Evany José Metzker, journaliste d’investigation retrouvé mort le 18 mai dans le nord-est de l’Etat du Minas Gerais. Mais la déficience du système judiciaire dans ces pays est telle que la situation reste inchangée. Un rapport de la Commission de protection des journalistes (CPJ) en juin 2014 soulignait que, la plupart du temps, ce sont les tireurs qui sont poursuivis et non les commanditaires de l’assassinat.
Une corruption consubstantielle à l’administration du pays
Des lacunes en matière judiciaire qui sont redoublées par un manque de volonté politique. La corruption au Brésil n’est pas l’un des plus grands chevaux de bataille du gouvernement, tant elle atteint les hauts lieux du pouvoir. En cette année 2015, le pays a déjà été éclaboussé par la corruption à grande échelle du géant pétrolier Pétrobras, ainsi que par une affaire de pots-de-vin accordés par des entreprises aux fonctionnaires du CARF pour éviter de régler des millions de dollars au fisc.
Difficile de garantir la sécurité des lanceurs d’alerte dans un pays où les détracteurs des lanceurs d’alerte peuvent être aussi les détenteur du pouvoir…
Clarisse DUPPRE