VL vous propose une nouvelle série jusqu’au 29 mars, date de sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne: « Brexit means Brexit ». Un article toutes les deux semaines pour comprendre le Brexit, ceux qui le décident et ceux qui le vivent.
À J-32 de la sortie théorique du Royaume-Uni de l’Union Européenne, le scénario du « no deal » devient de plus en plus crédible.
Un vent de panique souffle sur le Brexit. Alors que les négociations s’enlisent, les propositions se multiplient depuis le début de la semaine. Objectif : éviter un no deal, une sortie sans accord de l’Union Européenne.
Theresa May a ouvert le bal dimanche depuis le sommet Union Européenne-Ligue arabe de Charm El-Cheikh en Egypte. La Première ministre y a annoncé le renvoi du vote de l’accord sur les conditions du Brexit. Il aura lieu « d’ici le 12 mars » et non cette semaine comme prévu. Le lendemain, Jeremy Corbyn, le leader du Labour (parti travailliste) s’est déclaré prêt à soutenir un second référendum. Mardi, Theresa May exposait des solutions pour tenter de sortir de l’impasse. Sa proposition a recueilli un soutien massif des parlementaires hier. Si l’accord sur les conditions du Brexit est rejeté par les députés, alors ils devront voter pour ou contre une sortie sans accord. S’ils refusent le no deal, les parlementaires devront se prononcer sur un report « court et limité » de la date du Brexit.
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— UK Prime Minister (@10DowningStreet) 26 février 2019
Des répercussions économiques
Longtemps écartée, l’hypothèse d’un no deal est désormais dans toutes les têtes. Une telle décision aurait de nombreuses répercussions, notamment sur l’économie du pays.
L’économiste Thierry Philipponnat décrypte : « si le Royaume-Uni peut commercer avec une multitude de pays en dehors de l’Union Européenne aujourd’hui, ce sont par des accords qui ont été conclus au nom de l’Union Européenne, qui n’ont pas été remplacés à ce jour. Un accord commercial, met dans le meilleur des cas trois à cinq ans à être négocié et ensuite trois à cinq ans à être ratifié ».
Il ajoute : « c’était techniquement impossible d’avoir négocié des accords quoi qu’il arrive parce que pour négocier des accords, il faut être sorti de l’Union Européenne. On peut commencer à préparer pour être prêts rapidement mais la signature elle-même d’un accord est impossible avant d’être sorti. Si vous êtes déjà lié par un accord, vous ne pouvez pas en négocier un deuxième.»
Quant à savoir ce qui se passerait le 30 mars au matin en cas de no deal : « dans un contexte où les accords régissant les importations et les exportations de la Grande-Bretagne tomberont du jour au lendemain, les inconnues sont considérables et de sérieuses perturbations aux échanges internationaux du pays sont à prévoir». D’après le site officiel de l’Union Européenne, 47% des exportations du Royaume-Uni sont à destination de pays membres de l’UE.
« Impact sur la vie quotidienne des Européens »
Virginie Rozière, eurodéputée membre du groupe socialiste et démocrate tempère : « Les conséquences seront lourdes mais de toute façon elles sont déjà lourdes et je crains qu’on ne rentre dans une paralysie, une période transitoire dans laquelle on ne fait plus rien parce qu’on attend de savoir ce qu’on va faire après.»
Même si elle décrit le Royaume-Uni comme « un grand pays qui compte énormément en Europe », la députée craint des conséquences dans d’autres domaines que l’économie en cas de no deal. « Nous, le Parlement, nous sommes les représentants des citoyens européens et on a des vraies questions de citoyenneté, d’impact sur la vie quotidienne des Européens». Dans son discours de mardi, Theresa May a tenté de rassurer : « les droits des trois millions de citoyens européens qui vivent au Royaume-Uni seront protégés. […] Nous voulons qu’ils restent». Elle a également « exhorté » les États membres à trouver un accord concernant le statut des Britanniques vivant sur leur sol. Hier, les députés ont soutenu un amendement proposé par Alberto Costa qui vise à protéger les droits de ces citoyens en cas de no deal.
Alors que la date d’entrée en vigueur du Brexit reste pour le moment fixée au 29 mars, l’avenir du Royaume-Uni paraît de plus en plus incertain. Même si elle défend bec et ongles l’accord qu’elle a signé à Bruxelles, Theresa May prévient : « je crois que si nous devions le faire, nous réussirions à faire du no deal un succès.»