Après les révélations de Libération, Muriel Pénicaud se retrouve, plus que jamais, dans la tourmente. Ancienne dirigeante de Business France, la ministre du travail aurait transmis une « synthèse tronquée » aux organes de contrôle.
Retour sur l’affaire : En octobre 2015, Emmanuel Macron, alors qu’il n’était encore que ministre des Finances, décide de se rendre le 6 janvier à la soirée French Tech Night, à Las Vegas. L’organisation de la soirée est confiée à l’agence publique Business France, une structure chargée de promouvoir les entreprises françaises à l’étranger et dirigée à l’époque par Muriel Pénicaud. Business France se serait alors affranchie des règles en confiant l’organisation de cet évènement à Havas, sans la moindre mise en concurrence.
Depuis, une enquête a été ouverte pour violation présumée des règles de mise en concurrence, ainsi qu’une enquête préliminaire pour « favoritisme », « complicité » et « recel ».
Un manque de transparence
« Il y a eu une erreur de procédure (…) J’ai immédiatement déclenché un audit, interne et externe. Il y a eu ensuite une inspection générale qui a confirmé qu’effectivement il y avait eu erreur et que d’autre part j’avais pris les bonnes mesures. Rien d’autre à dire », s’est défendue la ministre désormais chargée de mettre en place la réforme du code du travail, le 18 juin, sur RTL. « J’ai alerté le conseil d’administration », a-t-elle ajouté.
En réalité, Muriel Pénicaud est loin d’avoir été totalement transparente dans cette affaire. Elle n’a informé le conseil d’administration qu’en décembre 2016 – l’agence Havas ayant été mandatée dès novembre 2015.
Au-delà même de ce délai, Muriel Pénicaud aurait « minoré les dysfonctionnements pointés par un audit alarmant du cabinet EY (ex-Ernst&Young), qu’elle même avait commandé en mars 2016 ». Au lieu de ce rapport, l’ex-dirigeante de Business France aurait transmis aux organes de contrôle « une synthèse biaisée du dossier » de Las Vegas qui gommait les risques judiciaires de l’affaire. Dans cette « Synthèse des audits réalisés en 2016 », il est écrit que « Business France a immédiatement lancé une mise en concurrence », mais, qu’ « en raison de l’ampleur donnée à l’évènement », « Business France a dû confier à Havas des prestations spécifiques et complémentaires portant sur l’organisation de la soirée »
« À la lecture de cette synthèse, le déroulé des événements deviendrait presque favorable à l’établissement public », conclue Libération.
Alors que quatre ministres ont déjà quitté le gouvernement – Richard Ferrand, Sylvie Goulard, François Bayrou et Marielle de Sarnez – Muriel Pénicaud se retrouve plus que jamais en difficulté.